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Taormina è l'artisti

Taormina (1)

Taormina (1)

TAORMINE ET LES ARTISTES

 

Taormine, avec son magnifique théâtre grec antique et ses lauriers-roses devenus légendaires, fut au XIXe siècle l'inspiratrice de nombreux écrivains romantiques et le lieu de prédilection de bien des voyageurs anglais, français et allemands. Le nom de l'ancienne Tauroménion évoque en pre­mier lieu l'homosexualité, et la pédérastie en particulier, mais la douceur de son climat et sa beauté ont également beaucoup contribué à son succès, qui ne s'est tou­jours pas démenti.

 

Goethe, en 1787, s'était extasié sur cette «parcelle du paradis sur terre». Près d'un siècle plus tard, le peintre prussien Otto Geleng, paysagiste de renom, vint s'y éta­blir et sa passion pour Taormine fit sensation dans les salons parisiens. Sa villa, située près du théâtre grec, devint le meilleur hôtel de la ville. Bien qu'il fût marié à une Sicilienne, il affirmait avec force que les filles sont faites pour mettre des enfants au monde, tandis que les garçons sont destinés aux plaisirs des sens.

On venait de loin pour admirer la beauté et la sensualité tant vantées des jeunes Siciliens. Plus d'un berger, plus d'un pêcheur ont fait fortune aux dépens de leurs riches admirateurs étrangers, attirés par les descriptions enflammées que faisait le peintre des charmes de sa terre d'adop­tion. Les jeunes gens héritant parfois de leurs protecteurs, de nombreuses villas et des collections d'objets d'art ont réintégré le patrimoine sicilien.

Wilhelm von Gloeden, le compatriote et l'ami de Geleng, s'installa à son tour, en 1880, à Taormine, et il y demeura jusqu'à sa mort, cinquante ans plus tard. Photographe de son état, il aimait faire poser nus les jeunes bergers, et prétendait que leur beauté les hissait au rang des dieux de la Grèce antique. Les corps souples de ces adolescents de Taormine, drapés dans une peau de panthère ou pho­tographiés en ombre chinoise sur le soleil couchant, firent les délices de la société berlinoise, pourtant passablement blasée. Ses «tableaux vivants» ont inspiré des poèmes à la manière des oeuvres de Théocrite de Syracuse.

Oscar Wilde y prenait part et aimait à couronner de lauriers de jeunes modèle ou les fai­sait poser en train de jouer de la flûte de Pan. Von Gloeden disait que le poète était aussi beau qu'un dieu grec. En précurseur de la thalas­sothérapie, il se faisait porter, chaque matin, les seaux d'eau salée. Sous l’eur influence la petite ville romantique devint un séjour à la mode.

Somerset Maugham et Anatole France furent en leur temps des figures familières de la société de Taormine. Truman Capote et Tennessee Williams participèrent souvent aux fêtes que donnait Hauser dans sa villa, et ils s'y arrêtèrent tous deux pour travailler. Jean Cocteau et Roger Peyrefitte appréciait le séjour, comme d’ailleurs Thomas Mann.  En 1928, D. H. Lawrence y écrirvit L'Amant de Lady Chatterley.

Dans les années 1940, Gloria Vanderbilt, Marlène Dietrich, Rita Hayworth, Joan Crawford ainsi que Greta Garbo séjournèrent dans la villa du dié­téticien bavarois Gayelord Hauser, devenu la coqueluche des stars d'Hollywood.

«Un séjour à Taormine est un enchantement, disait Hauser, mais c'est surtout une cure de rajeunissement.»