Le Silence de Carles Duarte - XXXIII
Puesia
Traduit du catalan par
Hélène Dorion et François-Michel Durazzo
avec la collaboration de l’auteur, Carles Duarte
“Héraclite (…) connaît l’Un éternel et intelligible; car, selon lui, les corps sont dans un devenir et un écoulement perpétuels »
Plotin, Ennéades, V.1.9
Le fleuve se déverse et demeure,
l’olivier se charge de fruits,
depuis la Tunisie,
l’odeur d’un jasmin,
la Lune de Nefta
et le toucher bleu de l’eau m’accompagnent
tandis que je nage à Montgó.
Je sais qu’une fois de plus le mistral souffle à Alghero
que les vagues s’abattent contre Punta Cristal,
je me promène à nouveau dans Buenos Aires
lisant un vieux livre
et Baucis et Philémon voient croître encore leurs feuilles.
Les corps adviennent
parce que le monde est éternel.
Dans mon cœur se déverse
la pluie, infiniment
et l’on tisse de nouvelles limites
plus lointaines chaque fois
plus proches de l’origine.