Versione :

Cheveux

Les cheveux, rebelles, s’ouvrirent

comme dans un rire.
Tu es une chevelure déployée
sur un fond de sable et d’algue.
Tu es toile, silhouette et paysage.

Ta robe apprit à simuler
un imprimé de sable et de taches d’eau.

En me regardant tu es une chevelure dépeignée qui parle:
« Tu as les cheveux pleins de sable » tu dis
et le baiser près du silicium et du sel amer.

AGUILO Josep Lluis

 

Hè natu in u 1967 in Mallorca. Un veru parcorsu puetica diviziosu da u so primu libru Cants d’arjau (1986) à 2005 chì cun l’ultimu (Monstres, 2005) ottene u premiu Joan Alcover.

 

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LE TEMPS

 

Ouvre le livre de tes yeux. Je souhaite lire le hiéroglyphe
que tu caches derrière tes cils.
Ouvre le livre sacré de ton cœur. Je souhaite rafraîchir l’oubli.
Fais que le rire nous réveille, comme si nous n’avions pas besoin de
larmes.
Tu ne dois pas craindre notre temps.
Il ne nous appartient plus.

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LE POETE

Il n’a pas de mots. Non plus de silences.

Il est là en séduisant les aubes de ses cafés
amers
en prenant des potions que personne ne lui a prescrites.
Et il se rappelle,
distrait et en dehors de tout.
Assis
il mesure les points cardinaux avec ses mains.

Il est difficile d’exhaler la poésie de cette façon.
Encore un jour sans se mettre un poème sous la dent.

NAJMI Hassan

Hè natu in u 1960 in Maroccu; stà è travaglia in Rabat. Duttore in literatura cuntempuranea è appassiunatu di e forme tradiziunale chì leganu puesia è musica. Dirige u giurnale Al Ittidad Al Itchtiraki. Trà 1998 è 2005 hè statu presidente di l’Unione di Scrittori di u Maroccu.L’ultima racolta puetica di soiu hè Almustahimat (2002). Scrive dinù rumanzi è critica literaria è pulitica.

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L'HYMNE NATIONAL

 

Nous sommes des couteaux,
nos lames crient,
et nos manches sont morts.
Nous savons que nous égorgeons et déchirons
et ne nous trompe pas l’amour du boucher.
Nous sourions à l’animal tandis qu’il souffre.
Ne nous haïssez pas.
Nous sommes des couteaux, nous ne croyons
à aucune affection.
Nous sommes nés ainsi, sans entrailles.

Ils ont placé nos sentiments sur une lame aiguisée.
Notre forgeron nous a créés
pour découper de plus belle
et pour ne pas succomber à la mort.

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VIE

Il ne savait pas lire;

l’ambiguïté des lettres punissait son âme.

Il n’habita jamais une maison.
Ses yeux se confondaient toujours avec les fenêtres.

Il n’aima jamais une femme,
ses sentiments étaient secrets
ils allaient et venaient dans le silence.

Il constata que les amis
les rues et les bars
changeaient inexorablement.

GIRGIS Shokry

Natu in Egittu in u 1967, hà fattu studii di cumerciu è di arte è teatru. Hà scrittu parechjei racolte puetiche in parechji paesi. L’ultima publicazione impurtante hè una racolta publicata in Alemagna Was von ums ubbrig bleibt, kummert niemanden. A so puesia si insuchja à tempu di un estru cuntempuraneu decisu è di tuttu un memoraghju persunale arradicatu in i carrughji di u Caire.

 

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1990

nous pourrions faire l’amour et ne le ferons pas,

trop de nuit nous sépare.
et nous avons cessé de tisser
l’intimité qui nous soutenait.

les heures rampent à plat ventre par terre.

le vent remuera les branches
peut-être à midi,
la soupe trop froide…

nous pourrions faire l’amour et ne le ferons pas
il y a trop de tromperie dans la conversation.
et l’eau de la douche est glacée.

Versione :

2005

nous pourrions faire l’amour. peut-être le ferons-nous.

dans l’air qui nous sépare
le hasard est la surprise.

la jeunesse sera-t-elle une entrave?
la vie rampe à ras de terre.

le vent remuera les branches
peut-être un soir.
la nuit est trop fraîche,
et le taudis qui nous abrite est trop chaud.

nous pourrions faire l’amour. peut-être le ferons-nous.
il y a plein de vie dans la conversation.
et le plat, sur la table, est servi, et attend…
le sexe t’effarouche ?
ce qui fait peur c’est l’amour.

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