MOSHE Benarroch

 

Natu in Maroccu in u 1959 è impastatu cun parechje culture è lingue : castiglianu lingua materna, scola in francese, arabu in carrughju, ebreiu in a sinagoga. Da l’età di tredeci anni, stà in Israele . Scrive puesia da l’età di quindeci anni: i so primi puemi l’hà publicati in u 1979, l’ultimi esciuti sò quelli di Esquina en Tetuan (2000). Hè publicatu in inglese, ebreu, castiglianu, purtughese, alemanu, gallegu è chinese.

Versione :

DU BROUILLARD

 

I

Le brouillard met sous les arbres
des îles de pluie,
et, par la condensation,
la physique pénètre dans le poème,
comme par le bleu d’un matin
qui s’élève sur le monde immobile,
brossé d’une nuit
d’arbres bacchantes
avec des animaux de vent roulant sur les terrasses.

Le brouillard met sous les arbres
des ombres de pluie.

II

Versione :

III

 

 

La mémoire déchire la solitude.
Ella la démolit comme un œuf pourri.
Son voyage ne répond pas à la crevasse.
Elle ne révèle pas le vol interdit
ni les yeux qui, seuls, attendent.

La voix nocturne des muezzins
se précipite dans le vide sans un dieu
pour cette bouche creuse.
Elle augure le froid du crépuscule.

Nous marchons ensemble vers la nuit.
Une détresse muette nous accompagne.

Versione :

IL PLEUT

 

Tu parcours mon corps
dans les gouttes chaudes
de cet automne,
mûr comme la lassitude.
Tu voyages dans mes illusions
comme une lumière tiède
et l’étincellement de l’eau
qui me purifie,
lorsque tu murmures
le désir de marcher avec moi.

La maison est vide.
L’obscurité noie la conscience.
Cela sent la terre mouillée.
Nous allons à l’ombre de l’ombre.
Je veux toucher tes cheveux.

EL HARTI Larbi

 

Ihè natu in Asilah à u Maroccu in u 1960. U castiglianu hè a so lingua di spressione literaria è sentimentale. Hà publicatu in issa lingua parechje racolte. Dirige una cullezzione bislingua di puesia spagnola cuntempuranea. Si face propiu mezanu culturale trà spressione di e duie sponde mediterranee.

 

Versione :

CHARON

Notre amour est un lac souterrain.

Des vers y naviguent dans de noires barques
avec des yeux dessinés à la proue
et une torche qui dévore les ombres.

À la poupe, le timonier, un autre vers,
sort de la besace et regarde, avare,
les monnaies que nous avions cachées,
pour le passage, sous nos langues.

Résolument, une fois le voyage payé,
avec la rame il sépare le bateau noir
de la rive et navigue en s’éloignant
de la fin du poème; le cap sur l’Hadès.

Versione :

Cheveux

Les cheveux, rebelles, s’ouvrirent

comme dans un rire.
Tu es une chevelure déployée
sur un fond de sable et d’algue.
Tu es toile, silhouette et paysage.

Ta robe apprit à simuler
un imprimé de sable et de taches d’eau.

En me regardant tu es une chevelure dépeignée qui parle:
« Tu as les cheveux pleins de sable » tu dis
et le baiser près du silicium et du sel amer.

AGUILO Josep Lluis

 

Hè natu in u 1967 in Mallorca. Un veru parcorsu puetica diviziosu da u so primu libru Cants d’arjau (1986) à 2005 chì cun l’ultimu (Monstres, 2005) ottene u premiu Joan Alcover.

 

Versione :

LE TEMPS

 

Ouvre le livre de tes yeux. Je souhaite lire le hiéroglyphe
que tu caches derrière tes cils.
Ouvre le livre sacré de ton cœur. Je souhaite rafraîchir l’oubli.
Fais que le rire nous réveille, comme si nous n’avions pas besoin de
larmes.
Tu ne dois pas craindre notre temps.
Il ne nous appartient plus.

Versione :

LE POETE

Il n’a pas de mots. Non plus de silences.

Il est là en séduisant les aubes de ses cafés
amers
en prenant des potions que personne ne lui a prescrites.
Et il se rappelle,
distrait et en dehors de tout.
Assis
il mesure les points cardinaux avec ses mains.

Il est difficile d’exhaler la poésie de cette façon.
Encore un jour sans se mettre un poème sous la dent.

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