Versione :

LE NOM DE LA TERRE

Comment s’appelle cela?

Comment s’appelle cette terre desséchée
sous mon corps couché?
Comment s’appelle-t-elle quand se dessèche
et quand elle se révolte sous mes habits
et qu’avec elle je construis un mur?

J’ai un ciel que j’assombris
et possède à ma volonté,
je pleure et remplis les fontaines pendant la nuit,
et je le déchire quand il implore les prophètes
qui me rendent visite.

ZUHAIR Abu Shayeb

Natu in Palestina in u 1958. Hà fattu studii di literatura araba è di arte grafiche in Giurdania. Hà fattu u giurnalistu, u maestru di scola, l’editore ed hè capiredattore di a rivista Awraq. Hè pueta, dramaturgu è criticu di literatura è di arte. Hè trà i pueti palestiniani più in vista di oghje.

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J'aime un homme

J’aime un homme qui habite très loin de moi.
Il ne se sent pas seul au monde, est sans mauvaise intention:
il parle avec un nuage en or sous son toit,
et un aqueduc ancien lui explique des histoires.

Dans sa chambre, il a une gravure sur le mur,
avec des chevaliers et il leur sert de la bière.
Dans son jardin, il y a un acacia amer.
Son nom apparaît dans les lettres d’Épicure,
sur le billet d’une ville berbère
et sur une carte postale qui vient de la Côte d’Azur.

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Lorsque je cuisine

Lorsque je cuisine, c’est comme si tout courait un risque
et j’éparpille le sel et j’ai des manies
à chaque allumette. Que faire alors? Je mets des disques,
et Bach et Beethoven me tiennent compagnie.

S’élance, fantastique, le vol du violon
sur la casserole avec l’eau qui frappe,
et les mélodies sont un tourbillon
qui éclabousse la table, en salissant la nappe.

XENIA DYAKONOVA

Hè nata in San Petrsburg in u 1985. Scrive da l’età di nove anni è, da u 2001 hè regularamente publicata ind’è riviste literarie di a so cità nativa. U so primu libru publicatu hè Moya zhzn’ bez menya (2003). Hè tradutrice da u russiu à u catalanu. Attualamente stà in Barcellona duv’ella studieghja à la UB è cullabureghja da critica literaria à u giurnale Avuí.

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Où?

À Francisco Díaz de Castro

Versione :

DELIQUESCENCE


À José Saborit

 

Œillet éclaté, blanc et distant,
lèpre inverse du ciel vous êtes,
hauts nuages de juin.

Quelle joie sonore lui fait cadeau
de cristal accordé
votre écume innocente à notre matin,
et d’où nous arrive cette émotion,
si mystérieuse et pure,
qui naît de vous observer au jour de l’homme?

Formes brèves d’un rêve vous êtes,
confirmation légère de ces yeux
qui vous regardent flotter
secrètement
sur le faîte creux de la vie.

GALLEGO Vicente

Hè natu in Valenzia in u 1963. Hà publicatu trè racolte di puesia ragruppate dopu in un solu libru El sueño verdadero (2003). Hà vintu parechji premii di puesia in Spagna.

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LE PAIN DU RÊVE

 

 

D’un jour à l’autre comme du levain oublié
la nostalgie fermente
fait du pain
et éloigne le rêve
qui ici ailleurs
et dans un autre pays
croîtra
et pourra cacher
l’humidité du pays où je naquis
le rêve se brisa le pain se rassit
des guerres et encore des guerres
il ne reste que la mémoire
comme l’éléphant qui retourne au tombeau de ses ancêtres
en criant
et avance encore
en tâtonnant
mais c’est un éléphant différent.

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MA VILLE NATALE

 

Il y a des jours où je ne pense qu’à elle.
Comme si rien n’existait au monde sauf
l’espoir.
Il y a des jours où la quotidienneté couvre
tout
et j’ai alors l’impression que jamais
personne ne comprendra
mon langage.
Il y a des jours où moi, moi-même je ne comprends pas
mon langage.
Comme si je marchais sans jambes
et la distance entre la terre et moi
s’agrandissait
mais je ne m’envole pas
c’est une promenade à pied
imaginaire
un monde imaginaire
qui remplace la terre
ferme.

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