6 heures
est l’heure des pieds nus
dans le sable
aller entendre les premiers
oiseaux
doucement cachés aux yeux
encore
rumeur d’heure aux buissons
de soi
d’une fraîche pierre faite
larme
*
à la lumière du soleil
paupières étirent
évidence du monde
Aïnmguel
neige lune
que l’ombre de la terre
gomme peu à peu
en son propre ciel
c’est l’éclipse
*
il est des nuits où
les étoiles tombent
il en est où elles
sont heureuses
d’être du voyage
de toutes mémoires
Le sacre du jour
l’escadre des pics
sort peu à peu de la brume
et commence à dresser
ses vigies face à l’annonciation
d’une aube de vent neuve
un vol immobile de nuages
aspire la dernière ombre
la pierre polit par les nuits
se prête à la prime ablution
le pépiement de l’oiseau est son talisman
*
la magie du rai premier
est d’asseoir le vent et
permettre à l’oiseau
la becquée du chant
Sur le mont Assekrem
la bûche dans le feu
respire de toutes ses flammes
elle y brûle sa mémoire
revenir légère aux étoiles
sous la grande ourse
elle flamboie
ultime message
flûte de cendres
paume de braises
cœur au vent
*
luxuriante nuit de pierre
qu’un feu lèche tendresse
*
flûte qui coule un thé rauque
à la gorge de nos tempes
Au cœur du désert
Puesia
Tahabort
un goût d’eau dans le vent
une fraîcheur de palmes sèches
une lumière de douce braise
où l’ombre cuivre le temps
*
soleil à toi je vais
couchant le vent
dans le crépuscule
*
un feu dans le désert
fumer la solitude
*
les montagnes se dénudent
peu à peu des atours du jour
se dissoudre dans le silence
*
qui dira la prière vive d’une pierre
la nuit toute d’étoiles enfin venue
safran du cœur
aux oreilles de l’horizon
*
Cité Pouillon, villa Raïs
Puesia
Comme si
elle se vêt chaque matin
d’une lumière neuve
aux rets d’un café noir
veuf du lendemain
El djazaïr
plume d’oiseau arrachée
aux calendes du doute
bleu nylé des collines du temps
qui de blanc furent
et disparurent
ville d’eaux inconnues