DIONOMACHIA 2000

Animation de site à partir de l’oeuvre de Salvatore Viale

Baruffe in Mariana

Baruffe in Mariana

Le nom de Salvatore Viale (1787-1862) et le titre de son oeuvre la plus connue, la Dionomachia (1817), se recommandent à l’attention de nos contemporains. Ils résonnent comme un signal pour l’identité culturelle des Corses. Des recherches récentes révèlent également dans cette personnalité une dimension européenne et méditerranenne qui n’avait été perçue que partiellement jusqu’à ces dernières années. antérieures.

C’est sur ce socle identitaire fort, corse et européen, que s’appuie le projet DIONOMACCHIA 2000. Il vise à l’animation d’un site à partir d’éléments divers et d’une chaîne d’interventions et de manifestations (expositions, publications, causeries, spectacle vivant).

Nous avons voulu associer ainsi l’évocation d’un texte littéraire à une dynamique multiforme de valorisation du patrimoine culturel corse et méditerranéen.

Porteurs du projet :

Centre Culturel Universitaire de l’Université de Corse
Département « Arts » de l’Université de Corse
Association «A Rinascita » (20250.Corti)
Association « Festivoce » (20220.Pigna)

Partenaires et organismes associés:

Radio Corsica Frequenza Mora, station régionale de Radio-France
Revue Il Grande Vetro, (Santa Croce sull’Arno)
Réseau de l’Institut International du Théâtre Méditerranéen (Madrid)
Municipalité et associations, affaires culturelles, musée (Corti)
Municipalité de Bastia (affaires culturelles, théâtre, service du Patrimoine)
Centro Romantico du Gabinetto Vieusseux (Florence)
Centre de Documentation Salvatore Viale (Bastia)
Association Salvatore Viale

Orientations, contenus et objectifs:

Depuis deux siècles la relation linguistique et culturelle de la Corse à l’Italie voisine a été souvent obscurcie et embarrassée par l’appartenance de l’île à l’ensemble stato-national français. Cette situation a pu entraîner dans l’histoire des conséquences fâcheuses et parfois douloureuses. Elle a aussi favorisé la mise en place d’un système plurilingue qu’il convient aujourd’hui de gérer efficacement au mieux des intérêts des communautés, des langues en présence et des individus. Ainsi l’ancienne triglossie problématique est devenue dans la perspective européenne un atout à exploiter. Le corse doit trouver sa juste place dans cet environnement plurilingue.

Le corse, variété d’origine italo-romane langue récemment élaborée en langue autonome, doit bénéficier du climat favorable qu’a instauré une série de données nouvelles dont la moindre n’est pas l’avènement des échanges entre régions d’Europe et des programmes de coopération transfrontalière en Méditerranée.

Or le thème et le texte sur lesquels s’appuie le présent projet sont de nature à servir l’harmonie et le dynamisme qui doivent animer les rapports de la langue hier minorée avec les deux grandes langues et cultures romanes et les variétés linguistiques locales qu’elle côtoie dans cette aire. La langue corse doit pouvoir tirer le plus grand profit de cet héritage et de ce contact au moment même où son entrée dans de nouveaux domaines d’emploi (école, littérature, médias) lui impose de maîtriser, de diversifier et d’enrichir ses moyens d’expression.

La nature intrinsèque du projet qui allie promotion de la langue corse, spectacle vivant, animation de sites et manifestations culturelles diverses et populaires constitue une promesse de succès.

La diversité des actions prévues permettra de toucher un large public au-delà même du territoire insulaire. Elles relaieront et amplifieront d’autres programmes déjà en vigueur dans le domaine des échanges et des réalisations.

Intitulé de l’action : DIONOMACCHIA 2000 :

La Dionomacchia de Viale: Le spectacle prend appui sur le thème du poème héroï-comique de Salvatore Viale. Le texte a été publié pour la première fois en 1817 et a connu 5 éditions, à chaque fois remaniées et enrichies de notes, car le texte, plein de verve littéraire, est aussi en quelque sorte un document sur les moeurs du temps et sur l’identité des Corses.

La Dionomacchia raconte une sanglante querelle qui, pour un âne mort, mit aux prises les populations de U Borgu et de Lucciana, deux bourgades voisines et rivales. L’anecdote devient sous la plume de Viale une narration plaisante et cocasse qui lui permet de railler l’esprit campaniliste, les entêtements et travers municipaux et sociaux de toute sorte, à la suite de la misérable dépouille de l’âne à la fois symbole et enjeu de la guerre que se livrent les deux communautés villageoises.

Le poème est divisé en huit chants qui nous transportent du territoire d’une commune à l’autre. Les partis opposés y sont caricaturés par l’auteur en la persone de leurs chefs et des troupes qui les entourent. Les manies des notables, la cupidité et la paresse des ecclésiastiques, les égoïsmes et les petitesses, les défauts et vices des gens y sont la cible d’une satire que Viale exerce sans complaisance et qui, au-delà du rire et du grotesque, vise à ramener les consciences jusqu’à une vision lucide et digne de la condition humaine et des habitudes sociales. Viale a introduit dans la narration plusieurs épisodes et éléments qui, sans faire digression, ouvrent le poème sur l’histoire de la Corse et sur les perspectives qui s’offrent à elle.

L’œuvre eut une grande faveur au 19e siècle, tant en Corse qu’en Italie. Elle a surtout été prisée pour sa verve qui unit fantaisie narrative, poésie satirique et observation critique des caractères et des comportements insulaires.

Elle est pour les Corses une oeuvre fondatrice parce que ce texte écrit en toscan renferme le premier texte édité en langue corse (u Serinatu di Scappinu) 11 strophes insérées dans le chant IV et qui développent une sérénade burlesque composée par le berger Scappinu en l’honneur de la belle Filignocca. Un moment de poésie lourd de conséquences puisque pendant que le berger chante, le parti adverse s’empare de la charogne dont il s’était vu confier la garde !

Dionomacchia 2000 : Notre programme modifie et transpose le poème héroï-comique dans ses contenus et dans sa forme. Il rappelle l’esprit qui anime le programme « Les Itinéraires de Salvatore » (1) et met l’accent sur un parcours euro-méditerranéen qui conduisit les élites corses contemporaines de Viale à cultiver le patrimoine culturel et historique en l’insérant dans un réseau important de relations où circulent les hommes, les oeuvres et les idées. Les itinéraires de Salvatore Viale et des siens croisent les grands parcours des libéraux précurseurs du Risorgimento et plus généralement des responsables, politiques, diplomates, intellectuels, grands bourgeois et marchands européens qui, après la chute de l’Ancien régime, mirent en place le destin de l’Europe nouvelle dans les premières décennies du 19e .

L’action favorise sur ce thème l’élaboration d’un spectacle multiforme susceptible de traduire en termes actuels et par des expressions modernes l’enseignement essentiel de cette référence de notre patrimoine littéraire et culturel. Cette lisibilité moderne est d’autant plus nécessaire que le style, la langue et les références du poème de Viale sont difficiles d’accès pour le large public qui en est le destinataire et pourrait aujourd’hui bénéficier de ses enseignements.

Dionomacchia 2000 vise donc à ramener l’attention sur les traits caractéristiques du patrimoine culturel confronté à la nature composite de l’identité et de la vie, sur la nécessité et les bienfaits des acculturations positives que suscitent toujours le voyage, le franchissement des limites communautaires, la connaissance et la fréquentation intelligente de l’altérité.

 

(1) « Les Itinéraires de Salvatore », agréé dans le cadre inter-universités (Pise et Corte) de INTERREG II est un programme de l’UFR des Lettres, Langues et Sciences Humaines et CCU. Il fait aussi l’objet d’une collaboration U.de Corse-U.de Pise et Municipalité de Bastia (sous convention).

Composantes sélectionnées et articulées :

texte dramatique de liaison : Baruffe in Mariana, un acte et six scènes, adaptation trilingue pour la scène du poème de S.Viale la Dionomachia (1817).

Argument du spectacle

L’archange Saint Michel, goguenard, rappelle à quelques démons dépités leur déconvenue ancienne : c’était entre Borgu et Lucciana, il y a bien longtemps...

Satan, Belzébuth, Astaroth et les autres avaient pourtant tout fait pour profiter de l’aubaine : un âne mort découvert entre deux localités en pleine Semaine Sainte ! Un hasard interprété comme un affront par les deux communautés rivales : il n’y avait plus eu qu’à attiser l’incendie. De quoi déchaîner éternellement la discorde et la guerre entre ces deux villages bien de chez nous (c’est-à-dire du Monde !) avec leurs personnages typiques, leurs notables et leurs chefs, leurs moeurs, leurs fiertés patriotiques et leurs travers. Le combat s’étend, fait rage, avec ses drames, ses chants, ses hymnes et ses péripéties cocasses ou pathétiques. La mule du vicaire épiscopal, envoyé pour apaiser les esprits, est possédée par le démon elle aussi ! Au point où en sont arrivées les choses, il ne reste plus que le recours de la Providence. Il faut une intervention du ciel pour ramener le calme, la paix, la concorde. C’est l’affaire des archanges et Michel apparaît...

Autres séquences dramatiques : mise en scène de passages de la Dionomachia et de textes référant à la Corse rurale de son temps et de la deuxième moitié du 19e (on doit tirer un parti particulier du chapitre III de Filidatu è Filimonda (auteur : S.Dalzeto) et d’une scène burlesque devant le juge de paix. Egalement mises à profit les comédies en langue corse de P.Vattelapesca (1832-1909).

séquences visuelles : diaporamas et images mobiles, panneaux et tableaux évoquant la vie communautaire, le patrimoine archéologique et l’environnement (villages et villes de Corse) ; à noter que les étudiants en maîtrise « Conception et mise en œuvre de projets culturels » ont au programme le projet Dionomacchia 2000.

parties chantées : polyphonies traditionnelles et compositions originales.

publications :

textes de Dionomacchia 2000, en particulier celui-ci : Baruffe in Mariana.

Autour du projet Dionomacchia 2000 interviendront aussi :

la réédition de la Dionomachia de S.Viale (avec texte original en italien, et traductions en corse et français : Dionomachia-E Guerre sumerine, BU-CCU, Corti, 1998)

l’édition de la correspondance (1829-1847) de Viale avec Gian Pietro Vieusseux : Le Dialogue des élites, éditions Albiana, Ajaccio, 1999.

la préparation d’une réédition des comédies de Petru Vattelapesca pour la collection L’ammaniti (en collaboration avec le CRDP de la Corse).

causeries, conférences, rencontres, débats : Autour du projet Dionomacchia 2000. Ces manifestations relèvent du programme du Centre de Documentation Salvatore Viale.

Calendrier :

Fin 1998 : séminaire inaugural : définition du projet d’ensemble. Premier établissement du cahier des charges, études documentaires, ateliers thématiques, répartition des tâches et des fonctions. Ecritures des différents textes. Choix et composition des parties musicales. Coordination du projet. Définition des articulations. Préparation des textes et documents pour publication. Editions.

Janvier-février 1999 : Repérages sur site. Séminaires conception décors costumes pour spectacles. Séminaires conception séquences visuelles. De Mars à Août 1999 : Période de réalisation y compris répétitions. repétition de mise en site. Mises au point. Communication.

Septembre 1999 : Aménagement du site. Répétitions et filages sur site Création du spectacle (Site Padoue).