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Ducumentu
Aiacciu et Corti

Voilà deux villes distantes d’à peine 80 km mais séparées par le col de Vizzavona. En fait les deux villes, très différentes sont aujourd’hui sur la même ligne pour ce qui est de l’avenir administratif de l’île.

Il est vrai que si l’on considère leur importance, Corti se présente comme un gros bourg avec ses 8000 habitants environ, alors qu’Aiacciu (60000 habitants) est bien une ville depuis longtemps.  À ce niveau la comparaison n’est guère pertinente et pourtant de certains points de vu, Corti pourrait concurrencer Aiacciu qui est depuis Napoléon capitale administrative de la Corse et aujourd’hui siège de la CTC.

Les deux villes, par leur géographie comme par leur histoire, reposent sur des bases symboliques très différentes. Aiacciu est un port, en plaine et près de la mer, blottie dans son célèbre et magnifique golfe que limitent son pointillé d’ilôts multiples et splendides des Sanguinarii. Corti, perché et accroché à son nid rocheux, est un lieu de montagne sur son haut-plateau où convergent Tavignani et Restonica, deux des fleuves parmi les plus beaux de l’île.

Aiacciu a développé l’image d’un Nice en miniature, avec la qualité de son climat, ses plages, son port de pêche qui lui confère una culture mêlée, souriante,  ornée de sons joyeux de mandolines et de guitares, avec ses sérénades enrobées d’amour et de douceur. Une fois le col de Vizzavona franchi, on change de département pour aller vers une culture plus montagnarde très apprécié depuis le revival des années 1970 remettant en cause une tonalité culturelle tournée vers la mer, les influences musicales « napolitaines » de variétés continentales au service des loisirs offerts aux touristes.

Cité native de Napoléon, Aiacciu baigna dans le culte de « l’enfant prodigue de la gloire » (extrait de l’hymne d’Aiacciu). Napoléon qui invente le centralisme français fait d’Aiacciu une capitale administrative en même temps que pour la première fois la Corse se trouve partagée en deux départements : Golu (Bastia) et Liamonu (Aiacciu). Corti est quant à lui un chef-lieu qui marque son époque avec Gaffori qui l’affranchit des Génois. Immédiatement après, en 1755, Pasquale Paoli, « u babbu di a Patria », fait de cette ville la capitale de la Corse indépendante où il établit la première université.

L’implantation de la nouvelle université à Corti apparaît ainsi comme une revanche de l’histoire et aujourd’hui a le vent en poupe pour devenir, avec sa situation au milieu de l’île, un vrai  centre administratif.

Aiacciu et Corti : deux conceptions de la Corse. Mais sans l’une ou l’autre, ce ne serait pas la Corse.