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Ducumentu
U Catinacciu di Sartè

De nos jours, on citera pour la Corse, brièvement ici, celui de Sartè que beaucoup connaissent. Sur le même modèle nous pouvons citer aussi celui de Bisinchi. Mais également à rapprocher de ce type de procession, celle du Christ noir de Bastia.

A Cumpagnia del Santissimo Sacramento (1530) assure le déroulement de la procession sur 1,8 kilomètre dans les ruelles de la ville.

En tête de la procession vient le grand pénitent, nu-pieds, en rouge et coiffé d'une cagoule, car son identité est inconnue du public, enchaîné et chargé de la croix. C'est à la cheville droite que l'on sangle les chaînes, gestes effectués dans l'église, au pied de l'autel, par deux confrères. Le rôle de grand pénitent  est très recherché et les candidats s'inscrivent auprès du curé plusieurs années à l'avance. Les volontaires souhaitent obtenir la réalisation d'un vœu, remercier pour une grâce qui leur a été accordée, plus souvent expier leurs fautes ou simplement, accomplir un acte de foi. Désigné depuis plusieurs mois, le grand pénitent du Vendredi saint est isolé pendant les trois jours précédents, dans une cellule du couvent Saint-Damien, puis transféré à l'église Sainte-Marie, où la cérémonie commence à vingt et une heure trente. Ainsi le grand pénitent, à l'imitation du Christ, portera-t-il la croix et à son pied, la lourde chaîne, a catena, qui a donné son nom à la procession du Catinacciu. Neuf pénitents accompagnent Jésus : le pénitent blanc qui joue le rôle de Simon de Cyrène dans la Passion, également anonyme. Suivent les huit pénitents noirs, eux aussi en cagoule : quatre d'entre eux soutiennent le Christ gisant sous un linceul blanc, statue de bois recouverte par un dais noir que portent les quatre autres pénitents noirs. Puis vient le clergé, en ornements noirs, et les fidèles. Dans le dédale de Sartè, à la lueur vacillante de milliers de bougies, le cortège se fraie lentement un passage dans la foule, au rythme des chants ponctués par la répétition lancinante de la prière du Perdono. La procession dure près de trois heures; elle part de l'église Santa Maria Assunta, traverse la cité et revient à l'hôtel de ville, qui représente le palais de Ponce Pilate; ensuite, la marche vers l'église Saint-Sébastien évoque la montée vers le calvaire, recueillement et prière du catinacciu agenouillé devant l'autel et le Christ gisant. Le grand pénitent chute trois fois, devant les oratoires de Sant'Anna, de Santa Lucia et au pied de l'église Santa Maria Assunta, où la procession s'achève. Le catinacciu prosterné devant l'autel attendra que tous les fidèles se soient retirés pour quitter les lieux.

Titre : A Settimana Santa in Corsica
Page 170, 171
Edition Albiana 2003, Gap
Auteur: Dumenica Verdoni
Photographies : Jean Harixçalde