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Aleria : una storia d'oghje (2)

*Aleria : une histoire dans l’actualité (2)

Cave Depeille

Cave Depeille

C'ÉTAIT LE 21 AOÛT 1975

Un récit
de Paul SILVANI
Photos Gérard KOCH

Ce jour-là à Aleria...

Trois décennies se sont écoulées depuis cet événement qui a marqué un tournant dans l'histoire de la Corse. Comment les choses se sont-elles passées et quelles en ont été les conséquences ? Une réponse à ces questions

Trente années se sont écoulées, ce 21 août, depuis que le docteur Edmond Simeoni s'est rendu à la cave viticole Depeille, à Aleria, et l'a occupée à la tête d’une bande d'une ‘‘cinquantaine d'hommes armés de fusils-mitrailleurs’’ selon les termes du communiqué du ministère de l'Intérieur. La ‘‘bande’’ en question n'est, en fait, composée que de huit militants de l'A.R.C. (Associu per a rinascita di a Corsica), dont Edmond Simeoni qui annonce,

dans la matinée du jeudi, premier jour le programme de l'occupation : réunion des socio-professionnels le vendredi 22, nouvelle conférence de presse le samedi 23, et grand meeting populaire le dimanche 24. Il précise sans ambiguïté : "Nous ne resterons que trois jours". Mais la réponse particulièrement musclée du gouvernement au "coup de force" jettera aux orties ce calendrier...

Ce même jeudi, deux ou trois dizaines de militants rejoignent les occupants de la cave, tandis que la préfecture fait couper le téléphone. Le lendemain dès l'aube le bâtiment est bouclé par un important dispositif : 1200 CRS et gendarmes mobiles transportés par hélicoptères et par camions et disposant en outre d'automie-mitrailleuses blindées. Les éléments d'un tragique scénario sont en place. Au total, 2700 militaires seront engagés dans une opération totalement disproportionnée, là où les gendarmes de la brigade d'Aléria auraient largement suffi. Etait-il dit qu'un marteau-pilon était nécessaire pour écraser une mouche...

L'An 1 du régionalisme

Pour comprendre les événements d'Aleria, il faut remonter quelques années en arrière, singulièrement en 1971, an Un du régionalisme, avec les " Ghjumate corsi di Corti" ; le singulier épisode du "Schéma d'aménagement de la Corse" - octroyé au mépris du sentiment général -; le "mystérieux" rapport Hudson qui évoque entre autres hypothèses celle de "la disparition de l'identité culturelle corse" ; les méfaits qui se développent de la chaptalisation ; le refus de créer une Université dans l'île ; les menaces permanentes sur l'existence du chemin de fer ; les tergiversations permanentes de l'Etat, sur fond de maintien de certains privilèges, en matière de liaisons maritimes.

L'abandon des objectifs du Programme d'action régionale de 1957 ; la fraude électorale, enfin, devenue une institution depuis le vote par correspondance, le charcutage des cantons ruraux, etc.

L'ambiance est d'autant moins à l'optimisme que la Corse s'est dépeuplée comme jamais entre 1945 et 1960, ne comptant plus alors que 180.000 habitants. Il faut réagir, mais nul ne saurait dire comment. Car la France a, de plus, perdu son empire colonial, jusqu'alors exutoire désigné d'une jeunesse ambitieuse de grands espaces et d'ambitions rêvées de puissance.

Alors, on regarde autour de soi et, tandis qu'en Europe occidentale on découvre à sa porte de prometteurs cadres de vie, l'île s'étiole sous le regard impuissant de ses élites et de celles de la France entière. Ainsi surgit la "Corsitude", amplifiée par le repli de quelque vingt mille rapatriés d'Afrique du Nord, Algérie surtout, dont douze mille pourront heureusement rester.

Le détonateur des boues rouges

1972 et 1973 ne valent guère mieux que 1971. Mais les acteurs de tous bords politiques prennent progressivement leur place sur l'échiquier de la revendication. En janvier 1972, douze mille Corses descendent dans la rue pour exiger le maintien et la modernisation du chemin de fer les étudiants corses se rendent auprès du ministre de l'Education nationale pour réclamer l'Université et s'entendent promettre "des études", l'enseignement de la langue corse est réclamé. Est‑ce tout ? Certes non ! En avril 1973 éclate l'affaire des boues rouges : une société italienne installée à
Scarlino, en Toscane, la Montedison, déverse au nord du Cap Corse les déchets solides et liquides de fabrication du bioxyde de titane. Le conseil municipal de Bastia proteste immédiatement, le
Conseil général réclame une enquête et l'intervention du gouvernement, les défenseurs de l'environnement et de la nature s'émeuvent, les partis politiques et les mouvements régionalistes prennent position. On manifeste à Macinaggio et à Bastia. Et l'on s'inquiète de l'attitude du gouvernement, qui se borne à quelques démarches diplomatiques. L'affaire prend des proportions considérables. Autour d'elle va se cristalliser un sentiment de frustration : les Corses se sentent abandonnés d'un pouvoir central qui, en 1960, avait naïvement mais vainement imaginé de faire de l'île (à l'Argentella) un centre d'expérimentations nucléaires souterraines. Ils déplorent le manque de fermeté de Paris et se demandent, en réplique aux explications de la Montedison : si ces boues rouges ne sont pas toxiques, pourquoi la grande firme ne les déverse-t-elle pas dans les eaux de son pays ? En 1973, plusieurs milliers de Bastiais manifestent. En tête du cortège, les élus, les autonomistes et des autorités religieuses. La manifestation dégénère, la sous-préfecture est prise d'assaut. Edmond Simeoni et un adjoint au maire communiste, Vincent Duriani, sont interpellés, empri­sonnés et remis en liberté après dix jours de détention. En 1974, le Conseil général gagnera avec les pêcheurs le procès jugé à Livourne, et les déversements cesseront.

La lutte d'émancipation

La fièvre continue donc de monter nonobstant quelques avan­cées dans certains domaines. Ainsi, en janvier 1973, on réclame "un évêque corse" en remplacement de Mgr André Collini nommé à Toulouse, et l'aspiration régionaliste le cède à l'autonomiste : "A Chjama di U Castellare di Casinca" (ARC, Front régionaliste corse, Parti corse pour le progrès et Terra corsa) se prononce pour "l'autonomie interne au sein de la République française ". Sur les routes fleurissent (si l'on peut dire !) les graffiti I.F.F. (I Francesi fora) et "La Corse aux Corses".

Certaines nuits, le fracas d'explosions se répercute dans les vallées. Personne ne revendique encore ces attentats (le F.P.C.L., Fronte paesanu corsu di liberazione le fera) que l'on ne condamne pas, mais que l'on s'attache à expliquer comme le côté spectaculaire de la contestation, celui qui devrait "conduire à la réflexion". Avec l'espoir, fallacieusement affiché, que tout rentrera dans l'ordre le jour où... Mais quel jour précisément ? Lorsque "Paris aura compris" ! Mais compris qui, compris quoi ?..

Le football est aussi un exutoire. Le 4 juin 1972, le S.E.C.B. dispute à Paris la finale de la Coupe de France contre l'O.M. qu'il perd avec les honneurs (2-1). La moitié du public est corse. L'A.R.C. distribue 30.000 tracts appelant le peuple corse à la lutte d'émancipation". Signe des temps : en 1963, lorsque le G.F.C.A. disputait et remportait son premier titre national, ses supporters invo­quaient le "regard de l'Empereur"...

Une accusation infondée

Les événements d'Aleria ne sont pas survenus par hasard. Ils ont été l'aboutissement de plusieurs années de politique hasardeuse ou incertaine et d'agitations diverses. C'est en 1973 que les plasticages ont réellement commencé, même si les premiers avaient eu lieu en 1964 en Plaine Orientale et d'autres en 1970 : le 15 septembre 1973, en effet, l'un des navires de la Montedison, transporteur des boues rouges au large du Cap corse, est plastiqué en baie de Follonica, attentat revendiqué par le F.P.C.L. (Fronte paesanu corsu di liberazione). Trois autres actions de ce type sont, en octobre, à l'actif de cette organisation qui n'hésite pas à lancer un "Ultimatum au gouvernement français" en quatre points : expul­sion de tous les colons de la Plaine orientale, partage entre les agriculteurs corses des terres du pénitencier agricole de Casabianda, remplacement par un personnel corse de tous les fonctionnaires venus du Continent, enseignement obligatoire de la langue corse dès l'école maternelle. Un délai de 60 jours est imparti aux pouvoirs publics pour l'ouverture de "négociations" avec le FPCL, dont deux délégués sont "d'ores et déjà désignés".

A fin 1973, apparemment désireux de satisfaire en partie la revendication universitaire, le ministre de l'Education Fontanet fait annoncer la création d'un centre universitaire à Ajaccio. Tollé général dans le Nord de l'île, protestation des partisans de Corte, les autonomistes et les deux principaux leaders politiques (François Giacobbi et Jean Paul de Rocca Serra).

Les clandestins croient à l'épreuve de force. Le 4 janvier 1974, nouvelle série d'attentats et, le 8, la première et la plus insolite des conférences de presse : à la cathédrale d'Ajaccio ! Dans le courant du mois, quatorze militants autonomistes sont interpellés, et Edmond Simeoni se déclare solidaire des combats de ces "patriotes corses" victimes de "l'arbitraire" de l'Etat. Le ministre de l'Intérieur, Marcellin, prononce la dissolution d'un certain nombre d'organisations, dont le FCPL qu'il accuse d'avoir "des rapports avec certains mouvements italiens". Accusation évidemment infondée, mais il est de bon ton de faire ressurgir le spectre de l'irrédentisme, passé à la trappe avec Mussolini.

Le temps de la violence

Un nouveau préfet, Jacques Delaunay, dira même ce qui sera la doctrine du gouvernement en présence de la revendication simplement régionaliste :

    "Sous le nom d'autonomie se cache un mythe quelconque qui pourrait à la limite, devenir coupure ou séparation. C'est s'engager là dans une voie redou­table el particuliè­rement dangereu­se. Les données actuelles de la Corse font que ce serait là une œuvre impen­sable pour un territoire à la porte de son continent".

C'est naturellement la position du Premier ministre Pierre Messmer qui, le 26 mars 1974, décla­re aux élus, à Ajaccio : "Ce ne sont pas le romantisme de l'autarcie économique sur la terre natale, ni le rêve d'une place financière méditerranéenne offrant un nouveau paradis aux trafics internationaux, qui peuvent donner une réponse sage et humaine aux questions que se posent vos concitoyens. Ce n'est pas, non plus, le recours à l'esprit de destruction ou à la violence, ni les sacrifices offerts aux dieux de l'extrémisme, qui apporteront les solutions miracles. La réflexion, de justes décisions, l'effort partagé, permettront le succès de notre entreprise".

L'esprit de destruction ? Précisément, le FCPL "dissous` après avoir été "démantelé" semble avoir des émules. Le 21 mars à Poretta, quatre jours avant l'arrivée de Messmer, une Caravelle d'Air Inter a été mise hors d'usage par l'explosion d'une charge placée par 'Ghjustizia paolina", qui vise ensuite la sous-préfecture de Bastia. L'explication ne vient que le 16 juillet :

 "La nation corse indépendante, vaincue à Pontenovu, subit depuis deux siècles le carcan du colonialisme français et attend la réalisation de promesses stériles. Ghjustizia paolina ne com­bat pas les peuples de France, mais lutte contre le colonialisme de l'Etat français, aidé de ses valets élus de la fraude et de la corruption, cause de notre régression actuelle. Le dialogue n'est plus possible, le point de rupture est atteint. On ne nous donne d'autre choix que celui de la violence".

 Toutefois, tandis que Ghjustizia paolina était portée aux fonts baptismaux, le FCPL avait annoncé - c'était la première, qui serait suivie de beaucoup d'autres et d'autant de reprises... - "une trêve des bombes pour ne pas compromettre, l'été venu, la sécurité de nombreux noctambules et ne pas gâcher une saison estivale profitable aux hôteliers et restaurateurs corses ".

Le Premier ministre n'est cependant pas venu les mains vides. Il "lâche" l'Université complète et annonce un moratoire devant permettre aux agriculteurs corse de pallier les conséquences de leur endettement...

 


 

Aleria 1975

Ieri è uscito in Corsica e nel resto della Francia "Escrocs fora", il primo albo a fumetti della serie Aleria 1975, che si compone di due volumi.
La nuova pubblicazione (DCL, Ajaccio 2014, pp. 46, E 13,50) ripercorre i tragici fatti di Aleria, che nel 1975 segnarono la nascita del nazioanlsimo corso moderno.
Nel 1962 l'Algeria diventa indipendente: in questo modo la Francia perde l'ultima colonia situata sulla terraferma. Questo genera un trauma politico-culturale che rimarrà oggetto di studio e di dibattito fino ai nostri giorni. Ma il trauma non è soltanto psicologico: la perdita della colonia africana determina anche problemi economici e logistici che Parigi deve risolvere in fretta. Uno di questi riguarda i cosiddetti pieds-noirs, i franco-algerini che vengono rimpatriati dall'ex colonia. Parigi individua nella Corsica il luogo ideale per accoglierli. Inoltre 

decide di facilitare il loro inserimento con prestiti a basso interesse e agevolazioni fiscali di vario tipo. Questo determina forti tensioni sociali.

La popolazione isolana si sente svantaggiata vedendo che il potere centrale è pronto a fare per i pieds-noirs quello che non ha mai fatto per gli autoctoni (infrastrutture, strade, etc.).

Inoltre, coerente con la sua tradizione centralista, Parigi realizza tutto questo senza coinvolgere minimamente gli abitanti dell'isola nel processo decisionale.
La rivolta popolare si coagula attorno a due medici, i fratelli Edmond e Max Simeoni. Il 21 agosto 1975 un gruppo di uomini guidati da Edmond occupa l'azienda vinicola di Henri Depeille, un pied-noir coinvolto in un caso di sofisticazione. Sono armati con fucili da caccia, ma intendono usarli soltanto se sarà necessario difendersi. 
Il governo francese reagisce con mezzi sproporzionati, inviando carri armati, elicotteri, una nave e 1200 poliziotti. La zona viene sottoposta a un assedio che dura alcuni giorni. Durante gli scontri perdono la vita due carabinieri e uno degli uomini di Simeoni.

Edmond Simeoni viene arrestato e processato: il Pubblico Ministero non esita a invocare la pena capitale. Migliaia di corsi manifestano il proprio sostegno a quello che diventerà il nuovo leader autonomista corso. Simeoni viene condannato a cinque anni, ma all'inizio del 1977 viene scarcerato grazie agli sconti di pena che la legge francese accorda agli incensurati. Quando lascia la prigione è ormai una leggenda vivente. Oggi, ottantenne, continua la sua battaglia autononomista e dirige l'associazione Corsica Diaspora.

Ma torniamo al fumetto, che ripercorre fedelmente la storia suddetta. Il soggetto è di Frédéric Bertocchini e i disegni di Michael Espinosa, mentre Nuria Sayago è responsabile dei colori.

Realizzata grazie a varie testimianze dirette, la serie si concluderà con il secondo album, che uscirà nel 2015 (una data certa non è stata ancora fissata).

Frédéric Bertocchini, giornalista corso, ha scritto il sogggetto di molti albi a fumetti, fra i quali ricordiamo "Paoli" (DCL, 2007-2009), "Jim Morrison, poète du chaos" (Emmanuel Proust, 2010), "Le Horla" (Éditions du Quinquet, 2012) e "Aiò Zitelli! Récits de guerre 14-18" (Musée de la Corse, 2014). 

Michel Espinosa, disegnatore francese, ha realizzato vari albi, fra i quali "Ribelli" e "Clandestini", entrambi usciti nel 2012 (DCL, serie "Libera Me").

Nuria Sayago, argentina, lavorato per Disney Channel. Oggi collabora con vari editori di fumetti francofoni.

Per altre informazioni:

www.dcleditions.fr

http://bertocchini.blogspot.fr

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