Nedim Gürsel

Nedim Gürsel

GÜRSEL Nedim

Né en 1951 dans le sud-est de la Turquie, Nedim Gürsel vit à Paris, est chargé de recherche au CNRS et enseignant à Paris-III, après une thèse de doctorat sur Aragon et Nazim Hikmet. Son premier roman, Un long été à Istanbul, a été traduit en plusieurs langues et a obtenu en 1976 la plus haute distinction littéraire turque. Yachar Kemal dit de lui qu'il est "l'un des rares écrivains turcs contemporains qui ont apporté du nouveau à notre littérature".
Le romancier appuiera son propos sur deux de ses romans : Le roman du conquérant (Seuil, 1996) et Les Turbans de Venise (Seuil, 2001)

Le roman du conquérant : Mehmed le Conquérant est le personnage central de ce roman qui évoque la prise de Constantinople par les Ottomans. Il y est bien sûr question de guerre et de violence, des atrocités qui se perpétraient un peu partout à cette époque-là. En même temps l'écriture nous convie à des scènes, composées avec toute la délicatesse des miniatures persanes : vêtement, couleurs, arbres, faïences. L'auteur y fait place aussi aux derviches et joue avec des échos d'une littérature ancienne, empreinte de sagesse. Son roman ne donne pas une vision linéaire de l'histoire : elle est perçue par fragments et de plusieurs points de vue différents. Ainsi place est faite à Nicolo, le devchirmé d'origine vénitienne et à sa vision des événements. Un constant mouvement de va et vient apparaît aussi entre l'époque du conquérant et notre siècle, celui où le narrateur-écrivain réfléchit sur son propre travail de création. Reclus dans un yali, une des maisons de bois qui donnent sur le Bosphore, il est tiraillé entre passé et présent, entre son roman et l'histoire d'amour qui se noue entre lui et Deniz, dont le nom signifie "mer" en turc. A travers elle, lui parviennent aussi les échos de la violence contemporaine, celle qui suit le coup d'état de septembre 1980 et qui met Deniz en danger.

Les Turbans de Venise raconte un voyage initiatique au cours duquel un professeur d’histoire de l’art, Kâmil Uzman, turc, habitant un faubourg d’Istanbul, va à la rencontre de Venise où l’appellent des recherches. Il débarque dans la cité des Doges par un épais brouillard. Venise, ville inconnue, dont il porte en lui une image, apparaît sous un jour irréel. Kâmil s’installe pour un mois dans un studio sombre, au plafond bas, situé au ras de l’eau. La porte d’entrée de son logement est à demi barrée par un panneau de bois destiné à freiner l’inondation en cas de hautes eaux. Une pompe dans  la  salle  bain  est  prête  à      se mettre en marche automatiquement en cas de besoin. Par la fenêtre Kâmil aperçoit des palais à l’abandon témoignant « de qui avait été autrefois la plus somptueuse cité de la Méditerranée. Venise est une épave désormais, un rêve d’antan dont les couleurs ont pâli ». Dans l’esprit de Kâmil, la mer qui ronge les fondations des palais vénitiens est cele-là même qui menace les yalis du Bosphore.