2.Paulu Michele FILIPPI, prufessore è autore

U balcone

 

Le balcon

 

Remarques en désordre

 

Deux tonalités différentes dans l'un et l'autre texte. Le recours à une langue puis à l'autre génère deux musicalités différentes. Comme si, tout en restituant fidèlement intrigue et personnages de l'oeuvre originale, le traducteur s'emparait de l'histoire, l'installait dans la langue cible, en assurant la fluidité de la narration et de l 'écriture. C'est peut-être le paradoxe d'une traduction réussie (et celle-ci l'est parfaitement) de rendre compte d'une intrigue, d'une atmosphère, d'un climat culturel et littéraire tout en opérant une translation de l'univers d'une langue, vers celui d'une autre. Identité et dissemblance se marient dans le recours à la langue de la traduction. On dit la même chose, mais pour que ce soit la même chose il faut opérer parfois (sinon presque toujours) quelques écarts.

Quelques exemples rapides : (Proust)

falsacciu > faux jeton

allora oghje (…) boccarisa > C'est pourquoi aujourd'hui (…) sourire

aghju vistu ancu ch'ella ùn ci avia capitu una sterpa di a mio cacciata> et j'ai même constaté elle n'avait rien compris à ma plaisanterie

La réussite de la traduction (et sa fluidité)  impliquent qu'elle joue à sa façon avec les possibilités et les ressources de la langue cible.

Quelques autres exemples :

le premier paragraphe de « Quandu dice Paulu Andria » avec dans le titre l'inversion de l'ordre verbe sujet et le choix du « parle » pour rester conforme à une certaine unité sémantique et linguistique que la traductrice restitue  sans trahir celle de la langue source.

Cet écart décidé et choisi est peut-être plus manifeste dans la traduction du titre d'un chapitre « Quelle isule trà garbu è misteru » par « Du charme au mystère, des îles » la ponctuation même étant signifiante. Un écart (mes excuses pour les répétitions !) qui permet d'échapper à l'alternative figée belle infidèle / laide fidèle qui serait le lot de toute traduction, et de parvenir à une traduction à la fois « belle et fidèle ». La traductrice y fait ici accéder le lecteur. Découvrant le texte, on en oublie tout simplement qu'il s'agit d'une traduction

 

La réussite du difficile exercice tient presque toute entière dans une double compétence dans l'une et l'autre langues et d'un plaisir de lecteur que l'on veut faire partager. Les conditions étaient ici réunies pour aboutir à cette réussite.

Sans flagornerie aucune, félicitations et merci à l'un et l'autre, l'auteur et sa traductrice.