Claires-voies de l'été
Puesia
DUMAS Catherine
Je jouais dans ton jardin, et puis
je montais les escaliers et me faufilais jusqu'au grenier.
La porte s'ouvrait et je restais là sur le seuil
à regarder le vent dans les moulins
et la lumière qui affolait les voiles.
Puis j'avançais à travers les draps étendus
avec l'épée d'un barreau de chaise.
Le doux frou-frou du vent ondulait
dans les draps et des figures de soleil projetaient sur l'écran
des guerres secrètes aussitôt révélées par les domestiques.
Un châtiment d'enfant était honte vile
pour des faits si glorieux. Couchée dans mon lit avant
l'heure j'écoutais encore la mélodie qui arrivait
par les claires-voies d'été au milieu des vieux objets
pleins de promesses. Je rêvais aux montagnes
blanches là-haut dans le grenier, aux lieux sacrés
que nous traversons pour grandir en acceptant
la punition de l'ennemi qui nous aime tant.