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ALYSCAMPS

Die Dringe singen hör ich so gern

R.M. Rilke

Il pleuvait
sur les tombeaux vides
ce printemps-là en Provence.
Le regard
sur la géométrie des absents,
dans le silence
nous écoutions la voix de nos morts
et nous étions épouvantés.
Ce mot-là
qui s’avança au-devant des mots,
emmêlé de pervenche et de tristesse.
Le poète
aux aguets du silence de l’éther,
des mots des hommes jamais compris.
Celui qui, craignant le sens, aimait tant
le murmure des choses.
Jour après jour,
nous revenons aux jaunes et gris de la Provence,
amoureux de l’eau,
du fleuve du temps sur les tombeaux vides,
et les cris des vivants rendent muette la joie
de cette vallée silencieuse.