Ta peau nue

Une vague est venue. Balayer mon sommeil.
J’y marchais comme je marche sur le sable.
Rien ne m’unit ou me sépare. Rien ne me retient.
Je te porte où tu me portes, sur les épaules
et te demande toujours la même histoire. Ta voix
invente les souvenirs que j’aurai. Pour le moment
je marche le long des mouettes et comme elles je crie
quand baisse la marée. Parfois je m’appuie contre un rocher
pour dire “maison” puis je m’effondre. Et je reste pieds nus
comme toi pour dire “continuons”. Mais c’est juste des sons
sous le soleil de mai. Murmures de ce que je ne serai pas.
J'ai toujours eu des problèmes avec le verbe être. Je fais
et défais les valises, j'entre, je sors de mes tiroirs.
Arrêt sur la chemise que tu portais la dernière fois.
Envie de déplier, de détacher les boutons
et de sentir là à l'intérieur ta peau ici, dehors.
Tout cela est aussi vrai que peuvent l’être les boutons d'une
chemise écrite. J'admets que je n'ai pas pensé à la couleur,
avait-elle des rayures ? C’était peut-être celle à carreaux.
Peu importe la chemise : ta peau entre dans la mienne.