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Francese

LITERATURA E SUCETA: Literatura è Mediterraneu

Les enjeux des littératures en Méditerranée

La bibliothèque était sortie de son silence pour accueillir les auteurs et les étudiants pour ce forum littéraire (Photos Mario Grazi)

La bibliothèque était sortie de son silence pour accueillir les auteurs et les étudiants pour ce forum littéraire (Photos Mario Grazi)

Lors des débats

Lors des débats

Au sein de l’université, auteurs, enseignants, étudiants ont largement débattu
De toutes les formes littéraires

La bibliothèque universitaire a accueilli durant toute une bonne partie de la journée de samedi des auteurs corses et provençaux, des enseignants, chercheurs et des étudiants préparant le CAPES de Corse.

A l’invitation du Centre Culturel Universitaire et de l’Associu Corsu de l’Institut International du Théâtre de la Méditerranée, une rencontre littéraire avait été organisée sur le thème « les enjeux des littératures en Méditerranée ».
Une rencontre au cours de laquelle furent présentées des revues en langues corses et françaises.
Il est tout d’abord revenu à Thierry Fabre, écrivain et essayiste, de faire une communication sur la revue qu’il dirige à Marseille et qui s’intitule « La pensée de midi ». Une publication toute récente, mais qui connaît déjà un succès certain et qui a pour mission « d’ouvrir un lieu de parole et de débats, de réflexions et de controverses, un lieu pluriel dans son propos, un lieu unique dans son orientation vers...
La Pensée de midi.
» Devait suivre un riche débat autour de l’édition de la culture, de la notion de territoire, du nationalisme, de l’universel.

Quelle littérature?

Tour à tour, Marie Jean Vinciguerra, Paul Silvani, Paul Filippi, Jacques Thiers, Alain di Meglio et Dominique Verdoni donnaient leurs points de vue pas toujours d’ailleurs convergents. Ce qui donnait un certain piquant à la rencontre.
Parmi les invités, Costanza Ferrini, critique littéraire à Peruggia et créatrice d’une ferme littéraire dans son oliveraie, François Renucci, universitaire à Aix en Provence, et Marie Ferranti, écrivain, sont intervenus à plusieurs reprises.

Il était alors près d’une heure et après une brillante intervention de Guido Begnini sur l’existence de la culture corse prenait fin la première partie.
L’après midi, il est revenu à Marie Ferranti, auteur de « La princesse de Mantoue », un ouvrage couronné par l’Académie française, de présenter son livre et d’ouvrir un large débat autour de la question du lecteur qui s’identifie à l’auteur, ou encore sur l’identité plurielle. François Renucci intervenait plus tard avec un exposé intitulé « une demeure inaccoutumée », au terme duquel il posait la question « de quelle littérature avons-nous besoin, avons-nous le désir d’une littérature ? Une littérature travaillant et contant la matière de ces lieux, de ces peuples, de ces errants ? »

Alain di Meglio et Dominique Verdoni présentaient ensuite le dernier numéro de la revue littéraire Corse Bonanova » qui, comme à l’accoutumée, recevait un chaleureux accueil.

A 17 heures, prenait fin ce forum qui permit aux auteurs mais aussi aux étudiants de s’exprimer, notamment, sur le CAPES de langue Corse.

Un certificat d’aptitude professionnelle qui aujourd’hui encore suscite bien des commentaires de la part de la classe politique, ainsi que le faisait remarquer Marie-Jean Vinciguerra, l’un des « pères » de ce CAPES et ancien inspecteur général de l’éducation national, Il faisait part de son courroux après avoir lu « qu’il s’agissait d’un CAPES d’illettrés »

(Le Texte de la polémique sur le CAPES de Corse en PDF en fin de page)

(Communication de F.X. RENUCCI en PDF)

Dopu à a nostra ghjurnata in Corti, Marie Ferranti ci hà mandatu una lettera bella bella, curtese assai è semplice, ma cusì prufonda. Ci pigliemu stu passu chì ci parla di a scrivitura sputica soia… Ci riguarda à tutti, ci pare…

Au vrai, je suis toujours émerveillée et trouve presque miraculeux que des gens se réunissent pour parler de littérature. Il y a là une sorte d’amitié entre les êtres, une connivence, une complicité, qui m’est chère. Ces moments de grâce sont rares, inattendus, improbables aussi car, parfois, ça ne marche pas...
Si j’ai choisi de parler de mon expérience d’écrivain, ce fut d’abord par paresse, par dégoût de préparer les choses à l’avance, de perdre le ton naturel de la conversation et aussi par crainte d’ennuyer, qui est chez moi, une crainte au moins aussi grande que celle de m’ennuyer. Je ne déteste pas non plus avoir le cœur qui bat, comme le cancre quand il est sur le point d’être interrogé, et forcer un peu mes limites.

Ainsi, j’étais obligée de livrer tels quels des sentiments que, d’ordinaire, je garde pour moi : l’expérience intime de l’écrivain, et donc de la langue dont il use, non pas une question de style - ce n’est pas à moi d’en juger -, mais d’écriture pure et simple.
Au fil de la conversation, j’ai donc découvert, avec une précision qui m’eût parue improbable auparavant, que le choix de l’économie de moyens qui est le mien, presque une façon avare d’user de la langue française, naissait de ce paradoxe : une passion pour cette langue et une sorte de prudence, proche de la méfiance, à son encontre. Le français ne fut pas ma langue maternelle, mais le corse, et puis le français. Encore. Il reste dans l’usage de cette langue une suspicion quant à la justesse de son emploi, une inquiétude, mais l’inquiétude n’est pas pour me déplaire au contraire de la suspicion. Et surtout, et d’une manière plus profonde, une manière de traduire aussi des choses de l’autre langue, comme des lambeaux de langue qui affleureraient dans l’écriture, cette langue un peu abandonnée, comme perdue et dont la perte est celle aussi d’un monde perdu : celui de l’enfance ; la hantise enfin, de la voix et de la parole perdues
Écrire pour moi n’est pas la tentative de restituer cette perte, mais de la marquer, et de garder cette empreinte de la perte de la parole perdue ou enfouie. C’est pourquoi je n’use pas d’un français moderne, car il n’est pas de mon temps. Mon temps est plus ancien. Je ne me sens pas contemporaine des écrivains français de ma génération ni de leurs préoccupations. Les miennes, si j’ose dire, sont plus mineures. Comment, par exemple, se situer dans le monde d’aujourd’hui, le penser, ce qui semble préoccuper si fort grand nombre d’écrivains, ne m’intéresse pas. C’est que je me sens un peu coupée du monde…