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Visitez la ville et écoutez le guide. Rendez vous compte de la richesse culturelle de la cité due à la particularité bilingue
ALGHERO
Le premier signe distinctif d’Alghero, c’est sa langue. Cette ville représente, depuis des siècles, un croisement multiculturel. La preuve en est la traduction meme de son nom: on dit Alghero en italien, mais le logudorese la nomme S’Alighera, le sassarais préfère l’appeler L’Aliera, alors que son nom catalan est l’Alguer. Ses habitants, eux, la nomment L’alghè, où, plus affectueusement, Baltsarunéta, en référence à la capitale catalane Barcelona. Ce dernier nom lui vient de ses colonisateurs catalans qui, arrivés pendant la seconde moitié du XIVe siècle, lui donnent sa spécificité principale, la culture catalane, encore remarquable de nos jours, et qui rend cette ville si différente de ses soeurs sardes.
Bien sûr, on trouve d’autres marqueurs de cette culture si particulière. A noter, avant tout, les fêtes populaires et religieuses comme le Senyal del Judici, chanté dans la liturgie de fin d’année. Mais c’est la ville elle-même qui nous donne une idée des influences historiques. Sa forme générale et son architecture portent la marque de ses origines et de son évolution à travers les siècles. Alghero conserve de nombreuses traces du passage de diverses communautés humaines sur son territoire.
Il est impossible de dater de manière précise la naissance de cette ville, mais les historiens pensent qu’au début du XIIe siècle, quelques familles, mandatées par la noble maison des Doria, s’établissent en ce lieu pour y construire le village d’Alghero. Cette époque marquée, dans toute l’île, par le règne des Giudici. Lorsque leur pouvoir commence à s’affaiblir, ceux-ci signent des accords commerciaux et militaires avec les républiques de Pise et de Gênes. De puissantes familles génoises et pisanes s’assurent à ce moment le contrôle des points stratégiques. C’est ainsi que commencent à se constituer, à partir de 1102, des fortifications dans le golfe d’Alghero.
Au cours du XIIIe siècle, le pape Bonifacio VII attribue la Sardaigne au royaume d’Aragon, qui occupe l’île à partir de 1323. Cette présence est très mal vue par les armées des deux républiques du royaume d’Arborea, ultime vestige des royaumes des Giudici. La flotte aragonaise s’oppose à celle de la république de Gênes à la bataille de Porto Conte. La victoire du roi Pierre IV d’Aragon marque la soumission de la ville à la couronne d’Espagne.
Les XVe et XVIe siècles verront une grande croissance démographique dans la ville. L’importance que lui donne la métropole catalane en tant que ciutad de l’Alguer ainsi que ses privilèges commerciaux permettent son développement économique. A ce moment, des transformations sont initiées dans la ville, visant surtout à la fortifier. On construit tout le long de la côte un système de tours, nécessaire pour repousser les invasions barbares Nord Africaines.
A partir du XVIe siècle, Alghero perd de son prestige, sa population diminue, le déplacement des politiques territoriales espagnoles la plaçant en marge. Le début du siècle suivant verra le passage d’Alghero des mains des Autrichiens à celles des Piémontais. Le XIXe siècle amènera une forte croissance démographique, alors qu’en 1821, la famine provoquera une révolte populaire sanglante conclue par une répression dramatique: 32 personnes condamnées à mort. L’occupation militaire sera conséquemment imposée jusqu’à la fin du XIXe siècle. A ce moment, la ville est démilitarisée, elle peut commencer son ouverture.