Siham BOUHLAL
Attelli
Scontri di 15.03.2017L'écrivaine et poétesse marocaine Siham Bouhlal,née en 1966 à Casablanca et installée en France depuis plus de vingt ans, Siham Bouhlal est titulaire d'un doctorat en littérature de l'Université Paris-Sorbonne.
Dans son recueil accompagné de dessins de l'artiste-peintre française Diane de Bourenazel et qui se veut la suite de "Poèmes bleus" (Tarabuste, 2005) et un regard déjà pris dans "Songes d'une nuit berbère ou la tombe d'épines" (Al-Manar, 2007), Siham Bouhlal relate une passion dans la solitude, puis une révolte du cœur, comme lorsqu'on claque une porte d'une demeure hostile, non pas en un geste désespéré mais dans un mouvement irréversible vers une lumière jaillissante qui traverse la nudité d'un cœur.
Elle est l'auteure notamment de traductions de textes médiévaux (Le livre de Brocart ou la société raffinée de Bagdad au Xe siècle, Gallimard, 2004), comme elle a contribué aux côtés de feu Driss Benzekri et Carlos Freire à la réalisation de l'ouvrage "Amazigh ou voyage dans le temps berbère" et au numéro spécial "Mémoires d'eau" de Bacchanales.
POEMES BLEUS
Siham Bouhlal
Je ne souffre qu’une
Main
Me touche
Mon être
Est pétri de la glaise
Qui t’a fait
Pourquoi disperses-tu ton âme ?
Et mon âme
Qui la suit
Court sans se lasser
Recueillir ses morceaux
Là où tu les abandonnes
Elle ne te perd jamais de vue
Elle tremble pour toi
Remet chaque fragment
De ton miroir à sa place
Lorsqu’il se brise
Mon visage se décompose
Et ne ressemble plus à rien
Ses traits se perdent
Dans ton miroir brisé
Qui est Madjnoun ?
A lui seul
L’expression d’Amour
Fut-elle donnée ?
En mon cœur
Mille Madjnoun
Mille Laylâ
Gémissent
Mille et mille
Colombes
Roucoulent
Tu brûles mes poèmes
En quelle langue sont-ils ?
La langue d’amour n’a point de nom
Qui brûle l’autre
Ton feu ou mon poème ?
Je n’ai duré que trois jours
Est-ce de l’hospitalité ?
Quel souvenir de moi as-tu gardé ?
Tu n’en as gardé aucun
Dans quel puits
As-tu terré mon souvenir ?
Ma bouche sèche et assoiffée
Cherche les perles de rosée
Mon corps esseulé
Cherche dans ce désert hostile
Ce corps de sable
De mirage en mirage
Mon espoir obstiné
Marche sans se lasser
Des mots d’amour
Se brisent en ma bouche
Et tels des éclats de verre
Retourne se ficher
En ma poitrine
Mon souvenir de feu
Regarde
Ta mémoire glacée
Toi qui jamais
N’a rencontré
Amour
Vois mon visage
Lorsque mon bien-aimé
Me touche
Regarde mes yeux
Dispenser
Un nectar céleste
Lorsque mon bien-aimé
M’embrasse
Vois vois
Mes racines
Naître
De ses mains
Editions Tarabuste Février 2005
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