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Puesia
DURAZZO Francescu Micheli
Tes doigts tapent sur le clavier sans arrêt. Tu ne sens même pas
comment tu laisses la lampe allumée, ton sac sur le sol, la musique
dans l’air. Les notes s’amusent doucement et puis explosent
dans le périmètre urbain de la sale. La vitesse de tes doigts
a modifié tes circuits cérébraux, ton cervelet grandit à huit cent notes
para minute et le mien sur les touches du clavier bat
à une fréquence indigne de tes doigts. Tu n’es nulle part et partout,
la longueur ton ouïe est la queue de l’autobus qui part au paradis
vendredi soir quand l’expédient se termine enfin fin de semaine.
Les cellules de ton l’ouï intime se meuvent comme 3000 cils
entre le sommeil et la volonté d’éveil: oui, tu joues entre
ce qui te résiste et la vitesse de la lumière : les notes
ne sont que d’énergie et je n’ai même pas besoin d’un(e?) IRM
pour voir tes neurones activés avec les notes suspendues au plafond,
vibrant dans les cordes du cœur qui en moi t’écoute.
Juste à ce moment, elle entre dans le poème, dépose une bise
douce-douce sur ton cou en même temps que cette bise
part supersonique jusqu’ à l’hippocampe. L’amygdale cérébrale
répond que dans quelques minutes vous serez bel et bien enroulés
sur le lit. Encore une bise avant que tu ne retournes à la lecture
silencieuse, nourrie de combien de neurones activés ! Elle entre
dans la nudité de ta chambre et les notes se hâtent à chauffer
le blanc des draps. Tu entres dans la chambre habillée, des notes
aigues et tendres s’interceptent, se conjuguent, se prolongent,
je continue à taper ce poème, mon hippocampe adore le chocolat
et peu à peu la musique des vers remplit cette page de l’écran.