Versione :
Francese

Marche maintenant

traduction en français de Martine VANHOVE

Peut-être suis-je le tapis sur lequel tu passes
chaque fois que tu marches nu-pied,
foule à présent ma douceur, femme des creux d'eau
tes pieds humides je les connais, et je garderai
en moi la marque profonde de chaque doigt.
Peut-être suis-je un calendrier nouveau, l'année
avec des heures et des mois sans saisons bouleversées,
un arc-en-ciel sans couleur dans tes bras ouverts
sur un univers obscurci une dernière fois,
cet univers plus jamais ne s'éveillera
pour voir le soleil se lever capricieux
sur une foule endormie, marche nu-pied sur moi
et ton pied sentira bientÔt ma douceur,
toutes les nuits sont pour toi et la chandelle vacille
sur un bord de fenêtre entrebâillée au coin d'une rue
où veille encore la lanterne d'hier
elle t'attendra, tes pas tombent
dans l'argile de ce coeur, niche vide
qui veut encore un saint qui ne vient jamais
et veut encore un bouquet de bourgeons devant elle.
Et peut-être quand je tomberai grappe desséchée
d'une vigne trop vieille,pleureras-tu pour moi
et tard écriras-tu cette élégie sombre
que le mètre et le rythme n'ont pas écrite selon mon désir. Ceci n'est pas une solitude nouvelle, foule
la ville écroulée oÙ les graines sont mortes
et le dernier plant enterré- au coeur de la lave
de ce volcan qui dormait pour se réveiller
en silence un jour, peut-être ensuite la trace
de ton pied nu continuera de vivre après moi,
le suicide n'est que pour les adultes, il me suffit
d'une mort paisible au milieu d'une nuit
solennelle, car solennel est ton pas
et ainsi meurent les jeunes comme eux le savent,
désastres d'une saison qui va comme elle vient,
car peut-être suis-je le tapis sur lequel tu passes.