CROISSEZ ET MULTIPLIEZ

Aujourd’hui, c’est fête champêtre,

une de ces fêtes de fin d’été
où tout le monde boit et personne n’est heureux.
Le couteau ne va pas tarder à approcher,
les marmites bouillent
et moi j’exhale ma chair tendre,
ensanglantée : ma chair engraissée
pour ce jour ou un autre.
La vie est-elle vraiment
la préparation d’un banquet
ou le repas le plus banal de la maison ?
Avoir foi en Dieu c’est savoir
que rien n’est souffert en vain :
un hurlement de tristesse,
un bourdonnement de douleur,
un caquètement de peur :
parce que Dieu est bonté
envers le plus humble,
envers le moins humble de ses serviteurs.
Finalement avoir la foi c’est seulement croire
que la digestion de mon âme est facile.
Quant au corps, j’espère seulement que le coq
viendra vite me sauter.
Une bonne baise fait toujours oublier
pendant quelques minutes la musique de la mort.