Derrière les jours
Puesia
DUMAS Catherine
à Hugo
Tu traverses les rues et mon regard tourne
autour de ton corps et quand tu vas à l'école
je passe près de tes pieds, de tes jambes nues.
L'après-midi sur les trottoirs noirs de monde
je ne sais où je suis mais j'ai du lait dans les mains
et le miel descend sur la faim que tu pourrais avoir
pour que tu ries, que ta bouche se transforme en blé
et tes yeux en lumière. Tu joues avec un ami,
j'arrache les clous de la planche, j'adoucis le sol
où tu trébuches. Tu fais tes devoirs, j'apprends
aux nombres à t'obéir et à toi à aimer
les lettres l'une à côté de l'autre, solidaires
comme une petite virgule pour que le silence
reçoive ta voix. Je vole aux côtés de tes ailes,
je les lubrifie et regarde comment s'adoucissent
les traits de ton visage. A présent tu vas partir.
J'irai un peu en arrière avec la couleur du soir
pour ne pas être vue. Tu auras beau t'en aller
je serai là tout doucement derrière tes ailes. être mère
c'est aller ainsi. C'est ainsi que je vais à la source.