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STORIA: IN TEMPI DI S.VIALE

Libraires-editeurs Bastiais et Toscans (1825-1862)

 

 

Les travaux d’ensemble concernant l’activité des libraires et éditeurs corses sur la période du XIXème siècles ont longtemps fait défaut. Les études de Hyacinthe Yvia-Croce (1) avaient laissé entrevoir l’importance d’un rôle corroboré par les travaux italiens sur l’activité de librairie et d’édition. Deux thèses de doctorat soutenues ces dernières années et éditées depuis ont confirmé ces données (2). D’autres travaux apporteront les compléments nécessaires. Nous disposerons alors d’un ensemble cohérent d’investigations susceptibles de modifier définitivement l’image d’une île qui a pu passer pour une terre dénuée des structures et des moyens nécessaires à un rayonnement au-delà de ses limites géographiques. Les éclairages ci-dessous ne sont donc qu’une contribution à une entreprise de documentation appelée à se préciser toujours davantage.

1. EN PARCOURANT LA PRESSE DU TEMPS (J.THIERS)

Le survol des feuilles publiées en Corse dans les années cruciales que nous avons choisi de placer sous l’égide symbolique de Salvatore Viale suffit à nous découvrir une circulation importante de nouvelles et d’idées. Ce courant est symptomatique d’une activité intellectuelle et politique à mettre en relation avec les circuits commerciaux et les relations maritimes entre la Corse et le continent italien.
Dans cet ordre d’idées, la relation d’une Corse traversée par les courants libéral, bonapartiste et républicain à des territoires italiens dominés par l’opposition à toute réforme revêt la dimension d’un enjeu politique considérable dans cette région de marches et de traditions transfrontalières.
Pourtant, les observateurs et analystes de l’époque se montrent surtout préoccupés par ce qu’ils considèrent comme une apathie atavique qui pèse sur un pays en marge du continent et totalement replié sur lui-même.

Il est vrai que des liaisons encore lâches avec le continent français et la stagnation de l’économie insulaire pouvaient habiliter le discours du procureur général Dufresne à la rentrée solennelle d’automne 1847 de la Cour Royale de Bastia : « Restons dans le vrai, dans le juste et nous soutiendrons les idées qui resserrent l’union de la Corse avec le Continent et profiteront ainsi à notre prospérité. A force de vouloir exclure le continent de nos affaires, ne nous exposons pas à tomber dans un isolement qui ne tarderait pas à nous devenir préjudiciable ». Le rédacteur du Journal de la Corse (3) confirmait d’ailleurs cette idée reçue de l’isolement en la réinterprétant dans le champ de la morale civique (« Félicitons-nous d’avoir protesté avec énergie contre cet étroit patriotisme de clocher, qui rabaisse toutes les questions aux proportions de ce que nos esprits peu bienveillants seraient tentés d’appeler l’intérêt individuel ») et du dynamisme socio-économique : « C’est par l’éducation que l’on peut modifier les idées, les moeurs d’un peuple. Les Corses sont peu disposés à se livrer à des spéculations, eh bien dirigeons l’éducation vers le commerce, l’industrie, l’agriculture... L’Ecole Paoli à Corte... répondra sous ce rapport... quand nous demandons quel état doivent embrasser les jeunes gens qui se distinguent par leur instruction, leur capacité, ce mot désolant : AUCUN... Sur le continent il n’est pas un jeune homme de quinze, seize ans qui ne sache à quelle profession il se destine ou le destinent ses parents. Ils n’ont même pas la pensée qu’ils puissent passer leur vie sans travailler, sans se rendre utiles à leur pays et à leur famille. En Corse trop de parents ne donnent l’instruction à leurs enfants que par amour-propre. La jeunesse apprend pour savoir et non pour travailler » (Journal de la Corse n°45 du jeudi 11 novembre).

Dans cette période ce sont des considérations de cet ordre qui structurent en général les mentalités et les attitudes. Elles inspirent la plupart des discours publics ou privés que nous ont conservés les sources. Elles sont tout à fait représentatives des jugements alors en cours au sujet des Corses et de leur inaptitude au développement dans une société moderne : on pourrait y voir la marque de préjugés déjà anciens entretenus et sans cesse renouvelés jusqu'à nos jours, mais cette visée psycho-sociologique n’est pas dans notre propos. Notre intention est bien plutôt d’indiquer, en tenant compte de ce front de représentations largement répandues et partagées, comment pouvaient être interprétées par les contemporains, du côté des autorités et des classes dirigeantes et a fortiori dans la masse du peuple, les relations que l’île entretint dans la période avec le continent italien dans l’hypothèse, délicate dans sa formulation même, où cette relation pouvait représenter un recours pour ce qui survivait du sentiment national des Corses dans le siècle qui suivit la conquête française.

Or, qu’il s’agisse de relations intellectuelles ou économiques, la direction des échanges vers l’Italie n’est pas affectée de l’atonie dénoncée par les témoins à propos des relations île-continent français. La concomitance de ces attitudes contradictoires a été jusqu’ici posée comme le symptôme d’une hésitation collective entre la France et l’Italie (4). L’image que nous renvoie de la période une presse agitée par des courants idéologiques et culturels divers est plus complexe et plus nuancée qu’une alternative entre l’un ou l’autre de ces ensembles référentiaires.

Au-delà de la chronique des événements municipaux et des querelles qui opposent des personnalités locales, les journaux nous laissent percevoir les heurts des idéologies et l’écho des relations entre la Corse et la Toscane dans un climat général où la relation de l’île aux ensembles politiques qui l’entourent est encore l’objet d’un discours fluctuant.
L’impression d’ensemble que l’on retire de ces lectures est que les élites se représentent la société insulaire comme un ensemble très largement régi par des normes, des valeurs, des intérêts et des enjeux auto-référentiels ; dont la vie est désormais assujettie aux institutions, à la politique et à l’actualité des événements de France mais dont l’influence n’est pas négligeable dans le destin nouveau qui se dessine pour les territoires de l’Italie, géographiquement et culturellement plus proche et voisine.
Si bien que l’on peut conjecturer que si hésitation il y a eu dans la période, elle a dû concerner le degré de participation individuelle et collective des Corses dans la construction de ce destin nouveau. Il va sans dire que les traditions universitaires, culturelles, commerciales, les relations familiales et amicales sont venues favoriser le partage actif des opinions politiques et des visions sociales, lorsque celles-ci ont rapproché des personnalités que leur culture de groupe et/ou leurs intérêts catégoriels engageaient à la collaboration régulière.

Dans ce climat, la question des réfugiés italiens domine la période et embarrasse manifestement chez les contemporains les débats sinon les esprits. La manière dont se positionnent les uns et les autres quant aux devoirs de solidarité et d’accueil reflète contradictoirement l’unanimité des traditions culturelles et la disparité des sentiments politiques.

Dans son numéro 213 du 15 décembre 1838 L’Insulaire français (5) revenait sur un commentaire publié dans la livraison du 2 décembre de son concurrent direct à Bastia, L’Echo de la Corse (6). « C’est la résurrection de la nationalité corse, par la constitution, qu’avec l’aide et la protection de la nation anglaise, elle parvint à recouvrer en 1794 » avait écrit le rédacteur de L’Echo de la Corse qui prétendait légitimer sa voix et son action en assurant que les presses d’où était sortie en 1764 la Giustificazione paoline, paoliste et corsiste était les mêmes qui imprimaient ce journal, soixante-quatorze ans après !
Mensonges ! d’après L’Insulaire français qui dément : « Les presses avec lesquelles a été imprimée la Giustificazione ne peuvent se trouver, si elles existent encore, que parmi les matériaux hors service de l’imprimerie de notre journal, Monsieur Fabiani père étant le seul acquéreur de tout le matériel de cette espèce qui en 1825 se trouvait en deçà des monts. Quant aux deux presses qui servent actuellement à imprimer, elles proviennent d’Avignon, où elles furent achetées en 1826, avec l’argent de Madame Biguglia, et par celle-ci cédées en 1833 à Monsieur L.Antoni qui les passa à Monsieur A.S.Lazarotti, lequel à ce qu’on assure s’en est défait à son tour dans ces derniers temps. On voit par là que la prétendue nationalité de L’Echo ressemble un peu aux noms et à la vie de ses rédacteurs (7) ... cette nationalité aussi contraire à l’honneur qu’aux intérêts de notre pays... ». Les numéros 208 et 209 de L’Insulaire accuseront ouvertement L’Echo d’être à la solde de l’Angleterre.

L’Echo disparut en 1839 ; le journal d’opposition ne pouvait longtemps survivre à l’hostilité déclarée de son rival libéral et des forts appuis dont L’Insulaire jouissait grâce aux frères Tiburce et Horace Sebastiani et au préfet. Deux ans après naissait le Progressif qui de 1841 à 1845 assuma avec virulence un conflit ouvert avec L’Insulaire français. Les tensions du contexte local sont ici plus éclairantes que les divergences idéologiques générales car les deux journaux se situent dans le camp des idées libérales. On vit alors les deux concurrents rivaliser d’ardeur pour défendre la cause des réfugiés italiens, mais à vrai dire Le Progressif dama souvent le pion à L’Insulaire en la matière car celui-ci portait le poids de sa dévotion aux Sebastiani et au préfet Jourdan du Var. Or le clan Sebastiani avait suivi la politique de Paris, d’abord franchement favorable aux réfugiés italiens et aux luttes libérales italiennes dans les années 1830. Mais, de raidissement en raidissement, le pouvoir était devenu hostile aux républicains et aux libéraux. Cette évolution se laisse lire dans les annales de la presse insulaire.
Ainsi dès l’été 1832 sont répercutées les directives du gouvernement qui réclament plus de sévérité à l’encontre des carbonari corses et des réfugiés italiens qui s’enhardissent du fait de la sympathie manifeste du préfet Jourdan du Var : les réfugiés qui ne sont pas accueillis dans des familles doivent être concentrés dans les dépôts de Rodez, Valence et Mende, et celui de Châteauroux créé une dizaine d’années après. Ces dispositions attireront d’abord dans L’Insulaire des critiques contre le gouvernement, mais l’on verra les libéraux-bonapartistes ajacciens plus fervents défenseurs des mouvements révolutionnaires que les libéraux bastiais. Témoin cette diatribe du journal bastiais contre le préfet car « des affiliations de carbonari se sont formées sous ses yeux qu’il a encouragées du geste et qui ont couvert la surface de l’île : ferment funeste de désordres et de divisions, inconnu de nos moeurs et qui a multiplié les armes aux mains de nos paysans -les armes, objets de tant de déclarations hypocrites- contre lesquelles on demande des lois nouvelles... et qu’on serait fort fâché de voir disparaître ».(n°82 du 15 juin 1836).

Allusions perfides, coups bas, diatribes et règlements de compte voisinent avec des protestations de loyalisme français et des couplets enflammés de patriotisme corse, autour des figures mythiques de Paoli et de Napoléon, ainsi que de la silhouette du préfet d’Ajaccio.
Ces échos d’un climat idéologique confus et indécis indiquent, en arrière-plan, quelques-uns des enjeux et des intérêts qui agitèrent les consciences et les discours dans la période. Les rivalités d’une presse où avait percé la concurrence depuis la création de L’Insulaire français et de L’Echo de la Corse relayaient des mises en cause et des mises au point que l’on lit au moment où le Journal de la Corse est encore le seul journal de l’île. Ainsi cet hebdomadaire conçu dans les bureaux de la préfecture d’Ajaccio avait entrepris de réfuter, dans sa livraison du 5 février 1820, les jugements de Réalier-Dumas, ancien conseiller à la Cour Royale de Corse et auteur d’un Mémoire sur la Corse (8), dont le Journal des débats venait de se faire complaisamment l’écho. Une véritable défense et illustration de l’île et de ses habitants sous une plume qui signe « Un Corse » et reproche au magistrat de donner une vision tout à fait fausse des opinions et attitudes politiques insulaires. Aux assertions de Réalier-Dumas qui a jugé qu’il n’y a en Corse ni ultras ni libéraux, mais un « parti français » et un « parti anglais », le rédacteur ajaccien rétorque que c’est une calomnie, qu’il peut exister quelques partisans de l’étranger, mais nuls et absolument insignifiants : quasiment tous les Corses contemporains étant nés français, s’ils ont reçu les Anglais en 1794 et en 1814, ils ont agi comme on l’a fait à Toulon et à Bordeaux dans les mêmes circonstances.

Toujours est-il qu’au moment où les Fabiani commercent avec leurs correspondants de la Péninsule, la sensibilité est grande aux événements de Toscane et des Etats italiens. L’association des frères Cipriani et Bartolommei, Corses établis à Livourne, permit la mise en service d’un vapeur sur une ligne réunissant Toulon, Bastia et Livourne à partir de 1836 et jusqu’en 1839. Cette liaison nouvelle et originale accrut sans aucun doute l’intérêt des partisans des idées libérales de part et d’autre de la Tyrrhénienne. Le nom-même de « Napoléon » donné au navire commandé par Antoine Lota de Bastia ne pouvait qu’accentuer la suspicion des polices dans les Etats italiens. A la foule des ouvriers saisonniers se mêlaient les réfugiés et leurs amis, propagandistes des idées révolutionnaires. Sur toute la période, la presse insulaire se fait l’écho des intimidations, vexations et tracasseries policières à l’escale de Livourne. Qu’il s’agisse du « Maréchal Sebastiani » en 1842 ou, plus tôt, du « Napoléon », L’Insulaire français n’est pas en reste dans l’expression d’une indignation fort instructive :
« Faut-il que nous renoncions à nos rapports commerciaux avec l’Italie ? L’accès de ses villes maritimes nous est-il interdit sans retour ? Nous ignorons s’il existe à cet égard quelque clause spéciale dans les traités diplomatiques, mais il vaudrait mieux nous en défendre l’entrée que d’entourer d’espions et soumettre à la plus dure surveillance ceux d’entre nos compatriotes que conduisent dans cette contrée le goût des voyages et des relations d’affaires (...). Ces mesures sévères, on aurait pu les concevoir à une époque où les hauts fonctionnaires du département mettaient le pouvoir de leurs places à organiser des ventes de carbonari et à recruter secrètement une petite armée pour aller au secours de la « Jeune Italie » dont le soulèvement en masse n’attendait que le signal du comité révolutionnaire (...). Mais aujourd’hui, (...) où est la raison (...) de soumettre les provenances de la Corse à toutes les rigueurs d’une surveillance soupçonneuse ? (...) Nous n’avons aucune sympathie pour ces hommes remuants qui se mettant sans cesse en hostilité ouverte avec tous les pouvoirs légitimes, laissent sur leur passage des semences de trouble et des germes de perturbation sociale. Que la police les suive de près, que ses agents ne les perdent jamais de vue ; rien de mieux, c’est leur devoir (...) ».

Dans son analyse de l’ensemble de la période qui conduit de la Restauration à février 1848, le Mémorial des Corses (9) a porté l’accent sur les luttes électorales du contexte local qu’il donne comme entièrement régi par l’affrontement, au niveau supérieur, des deux clans qui se livrent une lutte acharnée pour le pouvoir en Corse : Sebastiani et Pozzo-di-Borgo. Cette lecture jette la lumière sur des péripéties souvent confuses et offre une interprétation d’ensemble des événements et des figures de la chronique en insistant sur les différents succès du clan Sebastiani et en notant les péripéties des élections à la députation (10). Cette vision souligne avec pertinence et talent cette réalité prégnante de la vie politique insulaire qu’est le clan, qui se renforce dans cette période et prend son visage contemporain. Cette ligne interprétative réduit pourtant à une dimension quelque peu anecdotique des épisodes de la chronique locale qui paraissent devoir être revisités par des études plus approfondies, en particulier si l’on tient compte de leur retentissement au-delà même des limites géographiques de l’île, jusqu'à la Chambre des Députés avec des protestations dénonçant l’arbitraire, les manoeuvres des Sebastiani et du préfet ainsi que les malversations de Jourdan du Var. Deux grands aspects de la chronique répercutée par la presse insulaire sont la violente mise en cause du préfet Jourdan du Var par L’Insulaire français et l’élection de l’Ombre de Paoli (11)

Peut-être n’est-il pas inutile, dans ces conditions de ramener l’attention, au-delà des affrontements pour le pouvoir local, des conflits personnels et des enjeux électoralistes, sur l’existence en Corse d’un intérêt profond pour le devenir de populations en tous points très proches et traversées, dans leur volonté d’unité et d’affirmation nationales, par des courants d’idées que partagent ou dont débattent les élites européennes.

Dans le milieu corse et bastiais où rayonne l’activité des frères Fabiani, en liaison étroite avec tout ce que le contexte compte d’élites intellectuelles et sociales, nous sommes donc loin, on le voit, d’une opposition tranchée entre deux partis nettement définis l’un par l’acculturation au modèle français, et l’autre par une fidélité inconditionnelle à la tradition italienne qui aurait été prolongée dans l’adhésion à la cause des révolutions dans les états de la péninsule.
Il est devenu conventionnel de dire comment les inimitiés de tous ordres peuvent conduire les Corses jusqu’au drame de sang, mais plusieurs observateurs et témoins se sont plus à souligner, de manière contradictoire, comment les mêmes insulaires peuvent oublier leurs haines et entretenir des relations d’amitié profonde, d’estime sincère et partager ensuite les mêmes opinions et adopter des comportements similaires (12). Ces constats ne doivent pas conduire l’observation à jeter la suspicion sur les positions et les discours politiques, mais plutôt à inscrire en arrière-plan de l’analyse des idéologies, l’interaction du politique et du culturel dans une communauté et dans des groupes où les conflits sont tout aussi forts que les solidarités et où la prise de distance est moins facile à inscrire dans la vie quotidienne que dans le champ du discours.
Quoi qu’il en soit, on gardera à l’esprit ce qui apparaît ainsi comme une certaine relativité des convictions politiques vis-à-vis du commerce des sentiments et des relations de culture. Peut-être cette référence pourra-t-elle alors atténuer le contraste qui oppose les protestations de loyalisme empreintes d’esprit conservateur, voire réactionnaire, à l’engagement d’une librairie impliquée dans les événements révolutionnaires jusqu'à exécuter des contrats en faveur des éditeurs frappés ou surveillés de près par la censure des Etats d’Italie.

2. LA LISTE SIMONGIOVANNI (J.THIERS)

Les travaux qu’avait effectués au début du siècle Toussaint Simongiovanni en vue d’un mémoire de maîtrise effectivement soutenu à Grenoble en 1908 intéressent de près les orientations générales de notre programme « Les Itinéraires de Salvatore ». Ils apportent de précieuses informations sur le point précis de l’activité « clandestine » des Fabiani.
Le mémoire figure dans la Bibliografia della Corsica de Carmine Starace au numéro 4437: « La vie intellectuelle de la Corse pendant la période 1770-1780 (Thèse) ». Au numéro 7407 Starace reprend le même titre La vie intellectuelle de la Corse pendant la période 1770-1780 qu’il fait suivre de l’indication « Tesi di laurea » et du résumé que voici: « I rapporti dei letterati corsi coi letterati italiani e particolarmente con Salvatore Viale. E’ stato pubblicato il solo sommaio dell’opera. »
Nous n’avons jamais pu consulter le mémoire déposé à Grenoble où les différents services (université, bibliothèques, archives...) consultés dès 1975 n’ont pu le retrouver, non plus que le sommaire dont Starace dit qu’il a été imprimé. En revanche la veuve de Toussaint Simongiovanni avait bien voulu nous confier le manuscrit du mémoire que nous avons pu ainsi étudier à loisir.

La bibliographie de ce mémoire comprend dix-sept pages numérotées en chiffres romains et divisées en cinq parties « principali » selon l’appréciation de Simongiovanni: Bibliografia delle opere d’autori corsi (1770-1870), Bibliografia della poesia dialettale corsa, Bibliografia d’opere di ordine più generale, Riviste e giornali consultati, Documenti manoscritti.
Dans sa cinquième partie, cette bibliographie porte la trace des recherches en archives effectuées par Simongiovanni tant à Ajaccio et Bastia qu’à Florence et à Pise. Nous mentionnons ci-dessous les indications bibliographiques qui intéressent directement nos recherches et la présente étude:

 

Archivio di Pisa (Università) (Ricerche intorno agli studenti corsi):
- Libri degli addottorati nell’università di Pisa
- Rassegna degli studenti (anni 1814 -e prima non esistivano- fino al 1870).
- Filze, ordini, cancelleria dell’università pisana (dal 1769 al 1814, dal 1820 al 1870)
Archivo Segreto del Buon governo (Firenze)
- Filze dal 1814 al 1870 (concernenti la Corsica o i Corsi)
Archivio non segreto (Firenze)
Filze dal 1814 al 1849 (concernenti la Corsica o i Corsi) ricerche intorno alle relazioni politiche tra Corsica ed Italia sui rivoluzionarj corsi, stamperia Fabiani, ecc..
Carteggio Vieusseux (Nazionale, Firenze)
Lettere del Viale al Vieusseux (192 lettere, casello 140), più alcune lettere del Caraffa
Carteggio Lemonnier (Nazionale, Firenze)
Alcune lettere del Fabiani al Lemonnier
Copialettere dell’ Archivo Storico del Vieusseux in Archivio dell Archivio di Storia patria, Firenze
Lettere del Vieusseux al Viale e al Caraffa.
Archivio della stamperia Fabiani
-Copia lettere
-Registri di vendite
-Registro delle dichiarazione di stampa (dal 1834 al 1853). Gli altri non si sono potuti trovare.Ma questo che corre dal 1834 al 1853 è il periodo più importante per la stamperia clandestina.

A la fin de ces notes bibliographiques consacrées aux « principali opere ed opuscoli stampati clandestinamente in Bastia... » Simongiovanni observait (mention manuscrite datée du 21 mai 1905) qu’il avait retranscrit les titres de ces ouvrages et opuscules à partir des registres des déclarations faites à la police de Bastia de 1834 à 1853 (cf.supra). Mais il ajoutait que l’imprimerie Fabiani ne déclarait pas tout et que les oeuvres importantes non déclarées lui paraissaient avoir été nombreuses. C’était la conviction des successeurs des Fabiani au moment où Simongiovanni les avait interrogés au cours des recherches qu’il effectuait.
A la lecture de ces informations du manuscrit de Simongiovanni, nous avons entrepris de retrouver quelques vestiges des registres de l’imprimerie Fabiani en interrogeant Marcel Jeanson, car l’imprimerie Jeanson, aujourd’hui disparue, conservait dans les années 1975 bien des traces des établissements antérieurs : Piaggi, Ollagnier et Fabiani. Cette enquête n’a pas fourni de résultat, confirmant une précision donnée par Simongiovanni sous la forme d’un ajout au crayon daté de 1921, rédigé en italien avec surcharge ultérieure en français): « Queste ricerche furono fatte nel 1908 in un archivio molto mal ordinato; i registri ed i quaderni che lo costituivano furono quindi venduti come carta vecchia dal successore del Fabiani in questi ultimi anni (Ceci m’a été dit dernièrement (1921) à Bastia par M.Piaggi en personne) ».

« Venduti come carta vecchia »... : improbable donc que l’on retrouve trace d’une autre liste que celle qui a été dressée par Simongiovanni et qui figure en appendice de sa bibliographie. L’auteur a porté ensuite ces indications : « Ad una tale Bibliografia si aggiunge una VIa parte -e si da credendo di esser utili alla storia letteraria e civile d’Italia una lista delle principali opere e opuscoli che uscirono alla macchia in Bastia dal 1825 al 1856 ». Outre son intérêt intrinsèque, le mémoire de Simongiovanni se signale donc par ce qu’il témoigne de l’activité de la librairie des frères Fabiani à Bastia.
Grâce à la consultation des registres, l’auteur peut en effet affirmer que de 1820 à 1840, l’établissement a quadruplé le volume de ses affaires et resserré ses relations avec les principales villes d’Europe. Jusque vers les années 1840, on trouve chez les Fabiani quasiment toutes les oeuvres publiées en Italie, immédiatement après leur parution, expédiées de Florence par Batelli et de Livourne par Vignozzi. Les autres correspondants des Fabiani sont Pozzolini (Livourne), Francesconi et Giusti (Lucques) et Vieusseux (Florence).
Les exilés italiens, rappelle Simongiovanni, sont chez eux à Bastia depuis le séjour en 1811 de huit cents ecclésiastiques proscrits par Napoléon : ils viendront par vagues successives dans la périodes considérée tandis qu’en Italie même la police signale le rôle décisif joué par les Corses partout où se propagent les idées nouvelles et où s’allument des foyers révolutionnaires.
C’est la trace de cette activité où vie intellectuelle et politique finissent par se confondre que conserve la liste bibliographique intitulée « principali opere ed opuscoli stampati clandestinamente in Bastia ». On trouve ainsi sous la rubrique des ouvrages et opuscules imprimés clandestinement de 1825 à 1856.

1825: Edipo nel bosco delle Eumenidi, tragedia (13). (tragédie de G.B.Niccolini publiée sans nom d’auteur), in 8°, 86 p.
1834: Storia di Napoleone 6v.in8°(Simongiovanni a noté: « si facevano entrare in Italia a fascicoli o dispense »).
1834: (août). Sterbini: Parole d’un credente (Lamennais) 1v.in 8°. (14).
1834: (août). Sterbini: Poesie 1v.in 8°.
1836: Lazzaro Papi: Commentarj della Rivoluzione francese dalla congregazione degli stati generali fino alla morte di Luigi XVI.3v.in 8°. (15).
1837: Costituzione spagnuola del 1812.(ajout postérieur au crayon: Simongiovanni a noté dans la marge: « Diverse ristampe della Costituzione spagnuola del 1812 in fascicoli nel 1837 »)
1842: Pietrucci di Ferrara. Vita di Savonarola 17 p. (16).
1842: Rééditions de Pellico (17).
1844: Rééditions de Pellico. (ajout postérieur au crayon: Simongiovanni a noté dans la marge: « nel 33: opere del Tamburini e la Bibbia del Martini »). (18).
1845: G.Giusti. 1e édition des Poesie (19).(commentaire de Simongiovanni: « fu la sola fatta in Bastia. Esaurita in un batter d’occhio se ne fecero specialmente nel’48 e nel’50 d’altre ristampe in Italia, colla falsa data di Bastia »).
1846: G.Giusti Il Gingillino, Bastia, stamperia Fabiani, 29 p.
1846: (février): Il sentimento nazionale in Italia (20).(ajout postérieur au crayon: Simongiovanni a noté à la suite: « ragionamento di un Italiano »)
.(ajout postérieur au crayon: Simongiovanni a noté dans la marge: « 1846: Dante Alighieri (dramma) del dottore... Zappoli) (21).
.(ajout postérieur au crayon: Simongiovanni a noté en bas de page: « Vi furono anche opuscoli stampati in Italia con falsa data di Bastia »).
1846: (février): D’Azeglio. Sugli ultimi casi di Romagna (réédition) (22).
1846: Carlo Martelli La Maremma Toscana, memoire, Tip.Fabiani, Bastia, in 8°, 65 p et trois planches.
1846: (septembre) Opinioni di Melchiore Gioja e Sismondo Sismondi sulle cose italiane 9 fogli in 16° (23).
1846: (septembre) Le strade ferrate e l’Austria (sans nom d’auteur)
1846: (septembre) Pio IX e Carlo Alberto 1 foglio in 16° (sans nom d’auteur)
1847: (janvier) Della opinione pubblica in Italia (24) (commentaire de Simongiovanni: « La Cecilia: il nome apparisce dai registri Fabiani).
1847: (janvier) Sulle cose presenti d’Italia (25) (commentaire de Simongiovanni: « Pieroni: il nome apparisce dai registri Fabiani).
1847: Del sentimento nazionale in Italia 3 fogli in 16°. sans nom d’auteur.
1847: (avril) Delle condizioni e dei pericoli d’Italia. 3 fogli in 16°.
1847: Colletta : Storia del Reame di Napoli. (26). Réédition pour Lemonnier. (Commentaire de Simongiovanni: « accanto alla ristampa di quest’opera del Colletta il Fabiani, lo sapiamo soltanto da un copia lettere, ne faceva dell’altre. Ma quali? Il registro di dichiarazioni alla polizia bastiese non le indica »).
1847: Berchet, Poesie (27). (Commentaire de Simongiovanni: Réédition pour Berlinghieri de Livourne).
1847: (novembre): I popoli e i governi d’Italia sul principio del 1847 (sans nom d’auteur).

En face de ces lignes consacrées à 1847, Simongiovanni a rajouté au crayon: « 1847: Le 3 giornate di Genova, ecc.. », « 1847: Costituzione accordata ai Lucchesi nel 1847 », « 1847: Esposizione dei fatti di Lucca, orazione funebre a... »

1848: (janvier) F.D° Guerrazzi: A Giuseppe Mazzini. Sritto intorno all’ »Assedio di Firenze ». 1a edizione, Fabiani, Bastia, in 16°,72 p.
Simongiovanni note ensuite: « Dal 1848 al ‘54: diverse ristampe del Berchet, del Colletta, dei romanzi del D’Azeglio, del Pellico ». (28).

1856: La Cecilia: Delle eventualità italiane. 207 p.
Ajout postérieur au crayon: Simongiovanni a noté dans la marge:
« -Marmocchi: 1850: Geografia d’Italia, 1851: Geografia politica d’Italia.
-1862: Cardinale Felice Peraldi: Il diritto dell’Italia a comporsi in un solo regno sull’annessione de suoi stati al Piemonte p.345. » (29).

 

 

3. PRÉCISIONS (M.CINI)

I Fabiani avevano avuto contatti anche con il patriota pratese Pietro Cironi (1819-1862). Fra il 1840 ed il 1843 Cironi aveva studiato a Pisa. Eletto nel '48 all'Assemblea toscana su posizioni democratiche molto vicine a Guerrazzi, dopo la seconda restaurazione si avvicinò a Mazzini, pubblicando diversi articoli sul giornale mazzioniano Italia e popolo.
Con i Fabiani, nel 1847, Cironi pubblicò il libro Quattro mesi del 1847, che non è compreso nella lista trascritta da Simongiovanni. L'anno precedente aveva scritto a Cesare Fabiani proponendogli la stampa di un libro proibito in Toscana. Qui di seguito riproponiamo il testo integrale delle lettera:
«È stata fatta da qualche tempo una versione del romanzo Storico-Politico dei nostri tempi, di Carlo Didier intitolato Roma Sotterranea. Questo libro è preceduto da un'introduzione italiana, e arricchito di moltissime note relative a fatti di cui si conoscono pochi particolari e da poche persone, riguardanti la Storia italiana dal 1820 in poi. La natura dell'opera è tale che ne rende impossibile, od almeno difficile l'edizione dentro la penisola. L'autore del lavoro di che si tratta m'incarica di dimandarle se ella volesse farsene editore. Egli non intende di far profitto alcuno della cessione a Lei de' suoi quaderni, solamente desidererebbe un certo numero di copie secondo che a Lei sembrasse giusto. L'opera in 12° può secondo quello che so esser posta in circa 450 pagine*.
Dietro sua replica entrerò in ulteriori schiarimenti che ora sarebbero superflui. Mi confermo pieno di stima.
* Non le parlo dell'esito che potrebbe trovare, essendo cosa da supporsi facilinente considerando i tempi e lo spirito generale che domina, che cerca di dar una forala a tante idee politiche» (30).

La pubblicazione delle Opere di Giordani rappresenta un caso emblematico delle dinamiche che regolavano gli ottimi rapporti fra l'editore Le Monnier e Cesare Fabiani.
Nel 1846 Le Monnier, per evitare le prevedibili ritorsioni della censura toscana, aveva pensato infatti di stampare un terzo volume delle Opere di Giordani facendolo passare per un libro "straniero", stampato in Francia, anteponendovi un falso frontespizio con le indicazioni di Bastia e della tipografia Fabiani. Ancora nel '49, per la pubblicazione delle Opere di Foscolo, raccolte in parte da Mazzini, Le Monnier -dietro sollecitazione dello stesso Mazzini timoroso dei tagli che la censura avrebbe potuto apportare agli scritti politici di Foscolo- aveva pensato di incaricare Cesare Fabiani per la stampa della nuova opera.
Tuttavia non bisogna credere che Fabiani svolgesse una funzione esclusivamente esecutiva sul piano tipografico. In molti casi, al contrario, Fabiani interveniva direttamente selezionando soltanto quelle opere che riteneva meritevoli o che, per la natura dei contenuti, non gli avrebbero creato difficolà con la polizia bastiese. Nel 1848, ad esempio, Fabiani si rifiutò di stampare un manoscritto del democratico Ermolao Rubieri intitolato I bisogni morali, civili e politici dell'Italia dopo la metà del secolo XIX, inviatogli da Le Monnier. Fabiani aveva inizialmente accettato la stampa del manoscritto, riservandosi tuttavia di valutare la corrispondenza dello scritto di Rubieri con la legislazione che regolava la stampa in Francia. Costatato che l'attacco portato da Rubieri al Pontefice lo avrebbe inevitabilinente messo in grave difficoltà di fronte alle autorità pubbliche insulari, Fabiani, anche se il contratto di pubblicazione con Le Monnier era già stato stipulato, si rifiutò di stampare il lavoro di Rubieri.
Ma, il raporto commerciale fra i due tipografi, non era unidirezionale, cioè non era il solo Le Monnier a commissionare la pubblicazione di libri a Cesare Fabiani. Nel '49, ad esempio, Fabiani aveva scritto al tipografo franco-fiorentino che intendeva svendere le copie del libro di T. Grossi, Marco Visconti, stampato nel 1847 ed ora giacente nei magazzini del tipografo bastiese. Dal momento che il formato di stampa coincideva con quello dei volumi ospitati nella « Biblioteca nazionale » -la collana di Le Monnier dove erano stati pubblicati più prestigiosi autori italiani-, il tipografo fiorentino pensò di acquistare la partita dei libri da Fabiani apponendo al volume un nuovo frontespizio ed una nuova copertina (31).

NOTES (J.THIERS ET M.CINI)

« Panorama de la presse corse aux XVIIe et XIXe siècles (1762-1852 ) » in : Corse Historique, revue publiée par la Section Ajaccio-Sartene de la Société des sciences historiques et Naturelles de la Corse, VIe année, 3e et 4e trimestres 1966, numéro 23-24, Archives Départementales de la Corse, Ajaccio.
(2) Vanessa Alberti : L'imprimerie en Corse,des origines à 1914 : Albiana, 2009 ; Eugène Gherardi : Esprit corse et romantisme, notes et jalons pour une histoire culturelle, Albiana, 2004.

Le Journal de la Corse est le doyen des journaux français.

Cf. les pages 133 à 165 qui développent sous le titre général de « Une intégration difficile » plusieurs études de F.Ettori : « Fidélité à la Révolution : F.O.Renucci ; La tentation du Risorgimento ; Une littérature de langue italienne ; Les chemins de la francisation » in : Le Memorial des Corses, t.3, Ajaccio, 1980.

Né le 1er janvier 1834 avec le titre Revue de la Corse transformé dès son troisième numéro en L’Insulaire français, ce « journal politique littéraire et commercial, imprimé chez César Fabiani à Bastia » ne manqua jamais, pendant les quatorze années de son existence, de fustiger les divers aspects de la politique anti-libérale du gouvernement.

L’Echo de la Corse, journal, politique commercial et littéraire publié à Bastia « avec l’imprimerie de César Batini » livra 38 numéros précédés de deux spécimens , du 11 avril 1838 au 19 janvier 1839. Il polémiqua avec L’Insulaire sans discontinuer.

Le n°29 de L’Echo publie la liste de la société qui l’a établi (Messieurs Gavini, A.Cecconi, P.Antoni, A.Gregori, J.Podesta, J.Gregori, X.Casabianca, L.Cecconi, J.B.Caraffa, V.Morlas, Carbusccia, Suzzoni, Viale, Graziani, Camoin-Vence, Pasqualini et Giacobbi) tandis que L’Insulaire dresse le portrait -peu amène !- de son rédacteur en chef « l’ancien étudiant d’Aix, chassé par ses compatriotes pour avoir fréquenté avec trop d’ingénuité les bibliothèques publiques et les magasins de libraires » (n°181, 2 mai 1838) ; « Le chevalier Giacobbi-Marini imprimant sa vie à Londres, le Giacobbi-Marini tout court rédigeant à Paris le Journal de la langue et littérature italienne en 1827, le Lucius Marius Giacobbi écrivant dans L’Opinion à Paris en 1831, aussi bien que J.M.Jacobi, auteur de l’Histoire Générale de la Corse et l’avocat Giaconni, rédacteur en chef de L’Echo ne sont qu’un seul et même individu » (n°188, 20 juin 1838). Le ton avait été donné très tôt : dès le 3 avril 1838, César Fabiani avait écrit : « ...vous parlez de monopole odieux de l’imprimerie. Je vous répondrai que le monopole de l’imprimerie... ne craint pas les atteintes de ceux qui exercent le monopole du mensonge ». Aussi le tableau du comité de rédaction de L’Insulaire (« une personne atrabilaire -le maître du logis-, l’homme à la mine bohémienne, rédacteur romantique ») retracé dans le n°5 de L’Echo (9 mai) ne pouvait être très souriant.

Mémoire sur la Corse, Paris, Planchon, 1819.

Cf. les pages 74 à 132 qui d éveloppent les analyses de Francis Pomponi, Michel Sansonetti et François-Jean Casta in : Le Memorial des Corses, t.3, Ajaccio, 1980.

Selon la Charte de 1814 les députés de la Corse devaient être au nombre de deux. Le corps électoral était réglé par des normes censitaires (les citoyens imposés pour au moins 300 francs) et d’âge (30 ans au moins). Les candidats devaient avoir au moins 40 ans et payer un impôt d’au moins 1000 francs. La Corse fut dotée d’un collège électoral unique d’une quarantaine de membres jusqu’en 1830 ; après cette date il y eut deux collèges distincts (150 à Ajaccio, 165 à Bastia). Le préfet avait la haute main sur les élections dans un pays pauvre où les conditions du cens apparaissaient comme draconiennes. Il composait les collèges en ajoutant au nombre des électeurs des fonctionnaires continentaux. La Chambre des Députés se renouvelant chaque année par cinquièmeet les députés élus furent :
en septembre 1819 : Horace Sebastiani et André Ramolino, qui siégèrent à gauche ;
en 1824 : le comte Rivarola et Paul-François Peraldi, qui siégèrent au centre et appuyèrent le gouvernement ;
en 1828 : le comte Rivarola et Tiburce Sebastiani ;
20 juillet 1830 : le comte Colonna d’Istria, premier président à la Cour Royale de Bastia et le chevalier Roger, secrétaire général des Postes
17 novembre 1830 : Tiburce Sebastiani et Pierre Charles Abbatucci, premier président à la Cour Royale d’Orléans
5 janvier 1831 : Tiburce Sebastiani à Bastia et Horace Sebastiani à Ajaccio, mais celui-ci opte pour l’Aisne où il a été également élu. C’est son neveu Joseph Limperani, conseiller à la Cour Royale de Bastia qui est élu.
5 juillet 1834 : Tiburce Sebastiani et Limperani réélus.A partir de cette date, avec qualques recompositions secondaires et quelque difficultés ponctuelles entretenues par l’opposition bastiaise qui a pour foyer la Cour Royale et comme champion le comte Colonna d’Istria, la main-mise des Sebastiani sur les élections est totale comme le souligne avec indignation F.O.Renucci dans ses mémoires.

On se rappelle que le parti farouchement opposé aux Sebastiani avait comme quartier général le milieu bastiais de la magistrature et du barreau. Différentes attaques avaient permis non d’abattre, mais d’inquiéter Joseph Limperani. En mars 1838 une situation de blocage conduit les deux partis rivaux à souhaiter un report de la décision, mais il faut respecter la loi électorale et voter : c’est ainsi que sur la proposition de l’avocat cortenais Gaffory, Pascal Paoli mort en 1807 est élu député à l’unanimité. F.J.Casta ne veut voir dans cet épisode qu’une péripétie cocasse de l’affrontement des clans. Cf. « La fronde de la basoche » in : Le Memorial des Corses, t.3, Ajaccio, 1980, pp.116-118, et F.O.Renucci, Memorie (1767-1842), p.239, A.Piazzola, Ajaccio, 1997, chapitre XXXIX et note 7.

Dans la période que nous étudions, le témoignage de Francesco Ottaviano Renucci est des plus éclairants, à propos de deux personnalités politiques qui avaient été des ennemis jurés pour lui : « Vous devez vous rappelez (...) que les haines, et surtout celles qui proviennent d’oppositions politiques, ne sauraient durer éternellement. Qui m’aurait dit que je devais un jour pleurer sincèrement la mort du chevalier Vidau et celle du baron Galeazzini ? Pourtant, c’est bien ce qui est arrivé, parce que nous nous estimions. Et c’est pourquoi nous nous aimions d’une amitié noble et pure, durant ces dernières années » F.O.Renucci, Memorie (1767-1842), p.239, A.Piazzola, Ajaccio, 1997.Nous faisons naturellement la part de la volonté édifiante dans cette peinture des sentiments, mais nous ne pouvons ignorer l’importance d’un tel phénomène psycho-social dans le champ du politique. Il ne s’agit naturellement pas d’un trait singulier de la Corse, mais sa diffusion et sa perduration ont certainement à voir avec l’exiguïté d’une situation démographique où un dynamisme minimal de la société interdit, au niveau de la structure, l’éternisation des conflits.

L'Edipo di Niccolini era stato stampato dai Fabiani grazie alla mediazione di Salvatore Viale. Il 2 marzo 1825 Viale aveva scritto a Niccolini di avere « consegnato stamattina al Sig-e Gio. Carlo Gregorj in sette pacchetti esemplari 350 dell'Edipo, cioè 250 in carta raisin e cento in carta ordinaria. Mi resta a mandarvene 250 in carta raisin per fare 600. (...) Posso assicurarvi quasi infallibilmente che nessun esemplare è stato qui stampato fuori dell'800 copie a voi appartenenti; giacché in ciò principalmente ho usato tutta la vigilanza che per me si poteva. A tenore dell'ultima vostra del 22 febbrajo riterrò 200 esemplari da esitersi in Bastia, e ve ne darò conto, come vi darò conto dell'operato fra me e il Tipografo ».(cf. Biblioteca Nazionale Centrale di Firenze, Carteggi Vari, cass. 66, ins. 202).

(2) Si tratta del dottor Pietro Sterbini, il quale aveva preso parte ai lavori della Società Medico-Scientifica di Corte con una memoria, successivamente pubblicata con il titolo Discorso recitato il 26 aprile 1939 nella pubblica adunanza della Società medico-scientifica della Corsica in Corte, s.l., s.d., in 8°, 16 p.

I Fabiani avevano stampato i Commentari della Rivoluzione Francese del Papi per conto di Filippo Caraffa. Il 31 marzo 1845, infatti, Viale avrebbe scritto a Vieusseux che « un mio dotto concittadino, bibliotecario di questa città, mio antico amico, molto buon scrittore, di non comune ingegno, il Sr. Filippo Caraffa, editore dei commentari del Papi, avendo letto con molto piacere il principio della Storia del Consolato di Napoleone del Thiers, vorrebbe tradurla, e m'incarica di chiedervi, se voi acquisterete la traduzione, dopo averne veduto un saggio, e qual emolumento potreste promettere al Traduttore, il qual eseguirebbe il lavoro senz'interruzione e molto bene a mio giudizio. Datemi risposta ».(cf. Biblioteca Nazionale Centrale di Firenze, Fondo Vieusseux, cass. A. 119, ins. 150). La prima edizione dei Commentari era stata stampata a Lucca dal tipografo Giusti nel 1831-32.

(4) Si tratta probabilmente di Napoleone Pietrucci, autore di Delle illustri donne padovane. Cenni biografici, Tip. Bianchi, Padova, 1853, e della Biografia degli artisti padovani, Bologna, 1858.

(5) Delle opere di Silvio Pellico stampate dai Fabiani è stato possibile rintracciare soltanto Le Mie prigioni, memoria di S.P.da Saluzzo, Bastia, 1840, 16°, 220 p.

(6) Si tratta della traduzione dalla Vulgata della Bibbia operata dall'Arcivescovo di Firenze Mons. Antonio Martini, intimo del celebre Vescovo giansenista Scipone de' Ricci. A partire dalla fine del '700, la Bibbia del Martini fu oggetto di numerossissime ristampe fino alla fine del XIX secolo.

(7) Di Giuseppe Giusti, i Fabiani pubblicarono le seguenti raccolte di poesie: G. Giusti, Versi,Fabiani, Bastia, 1845, 252 p. e Nuovi versi di Giuseppe Giusti, Bastia, s-t-, 1848, 72 p.

(8) Si tratta del libro del còrso-livornese G. Fabrizi, Del sentimento nazionale in Italia. Ragionamento di un italiano (alcune notizie su quest'operazione editoriale sono in G.Luseroni, La stampa clandestina in Toscana (1846-1847), Olschki, Firenze, 1988, p. 42). Il libro di Fabrizi sarebbe stato inviato da Viale a Vieusseux. Quest'ultimo, il 25 aprile 1846, scriveva al notabile Bastiese il seguente giudizio: « Il libretto, di cui conoscevo già il titolo, è ben scritto, e vi sono delle belle cose. Ma l'idea della perfetta unità italiana mi pare un'utopia; e non credo realizzabile che una confederazione, con Roma città federata, e sacra nel tempo stesso. Ma temo che ogni desiderio sano sia di utopia, e che gli spiriti, principi e popoli non si ravvederanno, che quando le varie miserie saranno al colmo » (cf. Archives Départementales de la Haute-Corse, Carte Viale, 2 Mi 41, ins. 67).

L'autore del dramma Dante Alighieri, il bolognese Agamennone Zappoli (1810-1853), si era rifugiato in Corsica nel novembre del 1845, dopo aver soggiornato per alcuni anni a Firenze. Zappoli era stato espulso da Bologna in seguito ai moti del '31 ai quali prese parte. Raccomandato a Viale da Vieusseux, Zappoli si trattenne a Bastia fino alla primavera del '46. In questo periodo ebbe modo di rappresentare alcuni dei suoi drammi al teatro di Bastia. Nel 1848 sarebbe tornato a Bologna per prendere parte ai moti rivoluzionari. L'aperta compromissione nelle vicende politiche bolognesi costò a Zappoli una condanna a vent'anni di prigione, successivamente commutata in un eguale periodo di esilio.

L'opuscolo ispirato a d'Azeglio dal sovrano piemontese Carlo Alberto, era stato stampato dai Fabiani per conto del libraio franco-fiorentino Felice Le Monnier. La tiratura dell'opera era stata di 1500 copie. Indirizzate dai Fabiani al libraio fiorentino Felice Paggi, che aveva l'incarico di smerciarle in Firenze, il pacco dei libri clandestinamente introdotto inToscana fu scoperto dalla polizia granducale. Unito al saggio di d'Azeglio era lo scritto di Gino Capponi Sulle attuali condizioni della Romagna. Proprio dalla scoperta di questa spedizione parti l'inchiesta della polizia toscana che portò alla luce lo stretto legame esistente fra i tipografi bastiesi e Le Monnier, regolato da una convenzione sottoscritta dalle due parti, che prevedeva che « l'una deve eseguire la ristampa delle Opere non permesse in Italia, e l'altra deve procurare lo smercio ». (cfr., C. Ceccuti, Un editore nel Risorgimento. Felice Le Monnier, Le Monnier, Firenze, 1974, pp. l14-231).

(11) Le Opinioni di Melchiorre Gioja e Sismondo Sismondi sulle cose italiane portavano sul frontespizio una falsa indicazione del tipografo e della città dove erano state stampate (Alla libreria Maire-Nyon, Parigi).

(12) Il libro di Giovanni La Cecilia Dell'opinione pubblica in Italia stampato dai Fabiani nel '47 potrebbe essere una ristampa del volume pubblicato l'anno precedente, con lo stesso titolo, a Parigi presso Pagnerre. Con i Fabiani La Cecilia avrebbe stampato anche altri opuscoli, fra i quali ricordiamo Della Giovine italia. Risposta ad un articolo del giornale L'Italia del 2 ottobre, Fabiani, Bastia, 1847, 8°, 7 p.

Si tratta del patriota Eugenio Pieroni, nel 1848 membro del Governo Provvisorio di Reggio, del quale aveva assunto l'incarico di segretario. Pieroni era stato esule a Bastia, ospite di Viale. Quando per lui si prospettò l'eventualità di essere trasferito nel territorio della Francia continentale, Viale si rivolse a Vieusseux affinché intercedesse presso il Granduca per scongiurare il trasferimento del patriota italiano. (cfr. lettera di S. Viale a G.P. Vieusseux conservata presso la Biblioteca Nazionale centrale di Firenze, Fondo Vieusseux, cass. A. l19, ins. 160, lettera datata Bastia, 29 ottobre1845).

(14) Si tratta della ristampa del fortunato libro di Pietro Colletta Storia del Reame di Napoli dal 1734 al 1825. La Storia del Colletta fu inserita da Le Monnier nella collana della Biblioteca nazionale, e sarebbe stato messo in vendita soltanto nel 1848.

(15) Di Giovanni Berchet, Fabiani stampò per proprio conto anche una Raccolta delle poesie, 5a edizione economica, Fabiani, Bastia, 1848, 16°, 63 p.

A proposito della stampa delle opere di Silvio Pellico, il 31 dicembre 1851 Vieusseux aveva scritto a Le Monnier rimettendogli una fattura dei Fabiani e comunicandogli di avere la certezza che la nuova edizione degli scritti di Pellico era stata fatta proprio dai tipografi bastiesi (cf. Biblioteca Nazionale Centrale di Firenze, Fondo Le Monnier, cass. 34, ins. 175). A Vieusseux, l'informazione della provenienza corsa delle opere di Pellico era stata data da Gaspero Barbera, il quale, in data 30 settembre 1851, gli aveva scritto che « le Mie Prigioni non sono stampate qui ma a Bastia dal Sg. Cesare Fabiani nel principio di quest'anno, e ci ha venduta l'edizione che voleva mettere in commercio per suo proprio conto » (cf. Biblioteca Nazionale Centrale di Firenze, Fondo Vieusseux, cass. 3, ins. 112)

Nel 1840 Mons. Mario Felice Peraldi aveva pubblicato con i Fabiani un libro dal titolo Conferenza sul temporal governo degli ecclesiastici, Fabiani, Bastia, 1840, 8°, 225 p. Alcuni anni dopo avrebbe pubblicato le Osservazioni sopra un progetto intitolato: Cenni su ciò che potrebbe facilitare una buona riorganizzazione nelle finanze dello Stato Pontificio, Fabiani, Bastia, 1851, 8°; 24 p. Infine Peraldi avrebbe pubblicato il Discorso sulla secolarizzazione del Governo Pontificio proposta nei Congresso di Parigi per la pace del 30 marzo 1856, Fabiani, Bastia, 1858, 8°, 792 p. Di Mario Felice Peraldi si ricorda anche l'Orazione funebre in lode di Paolo Francesco Peraldi recitata nella Cattedrale di Ajaccio nel di aniversario della sua morte, Nistri, Pisa, 1827.

Biblioteca Nazionale Centrale di Firenze, Carteggi Vari, cass. 76, ins. 124, lettera di Piero Cironi al Sig. Fabiani.

Queste ultime notizie sono state tratte da C. Ceccuti, Un editore nel Risorgimento. Felice Le Monnier, Le Monnier, Firenze, 1974.