Aux 17^e et 18^e s. s'est développé dans les « pays» alors les plus aisés de l'île, en Balagne, dans la région de Bastia et en Castagniccia surtout, ce style baroque dont les grands traits proviennent d'Italie du Nord. Dans les villes et les bourgs importants de vastes églises furent alors édifiées, ordinairement sans profusion monumentale extérieure, mais souvent embellies par un parement de belles pierres dorées. Ces églises offrent une façade ornée de corniches, pilastres, colonnes engagées supportant un décor de pinacles, volutes et coquilles, et un solide clocher carré, parfois hors oeuvre, à plusieurs étages ajourés qui surprennent dans un paysage de maquis.

Dans les villes génoises, notamment à Bastia, les lignes sobres de certaines façades d'églises contrastent avec des intérieurs somptueusement décorés d'ors, de marbres, de peintures en trompe-l'oeil, de meubles en bois sculpté, de stucs dorés dans le style baroque en honneur à Gênes au 17^e s. (église Ste-marie, chapelle Ste-Croix, chapelle de l'Immaculée Conception...).

Riches autels et balustrades de choeur en mosaïques de marbre polychrome, importés de Ligurie, ornent bon nombre d'églises baroques de villages. L'étonnant chœur de l'église de Corbara est typique du goût du 18^es. pour ses lourds décors. Dans de nombreux édifices ruraux, des artistes locaux ont exprimé un art haut en couleur, plein de saveur et parfois facétieux. L'église de Carcheto est un bon exemple de ce courant populaire.

Les chapelles de confréries – Elles fleurissent dans toute la Corse, empruntant leur décor intérieur au riche répertoire baroque et conservant un extérieur des plus simples. Les confréries, apparues en Corse au 14^es., avaient pour vocation l'entraide sociale et spirituelle entre confrères, en cas de maladie, décès, captivité ou disette. Cette oeuvre d'assistance et de secours leur fit souvent jouer un rôle social important dans les paroisses et les communes.