Mission créativité

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Une mission accomplie avec altruisme et créativité à l'Université de Corte
Corse-Matin article Marc-Ange Ingrand
Publié le: 17 mai 2020 à 13:08

 

Pour éviter la déliquescence du lien social, la "mission créativité" de l'université de Corse a proposé une animation à la communauté étudiante qui s'en est emparée. Un projet majeur qui atteste aussi de la maturité de la jeune génération
Mise en œuvre depuis les dernières élections de l'université de Corse, la mission "créativité" - rattachée à la présidence - n'a pas eu beaucoup de temps pour trouver ses marques. Son objectif : "Mener des actions sur le campus, pour dynamiser la communauté universitaire et créer du lien social entre tous". La pandémie aurait pu engendrer la mise en sommeil du concept.
Mais c'eut été contraire au dynamisme de Davia Benedetti, en charge de ladite mission : "Vu le contexte épidémique, le lien social sur le campus risquait grandement d'être altéré, concède la jeune femme. C'est pour cela que j'ai proposé une animation basée sur des vidéos réalisées par les étudiants et diffusées sur les réseaux sociaux de l'université. Ce concept était destiné à égayer le confinement. Aucune thématique n'a été imposée et ce d'autant moins que le thème du confinement s'est imposé de lui-même, reconnaît la maître de conférences. C'est donc librement qu'ils ont exprimé leur créativité. Pour le chercheur en arts que je suis, il me semblait intéressant de permettre aux étudiants de toutes les filières de faire vivre leur créativité. Et c'est ce qui s'est passé."
Films d'animation, expos, peintures ou danses ont ainsi répondu aux challenges lancés, se sont régalés autour de recettes culinaires que des performances sportives ont permis de mieux savourer. Un panel multicolore qui s'est teinté de mille reflets : "Cela a touché toutes les structures de l'université, à savoir le Fab Lab, le centre culturel universitaire (CCU), le service universitaire des activités physiques et sportives (Suaps)..."


Une communauté en ordre de marche
Mais, pour la missionnée, le plus important réside dans le fait que "cela a donné une belle représentativité de ce qui peut être fait à l'université, car plus de 20 diplômes ont participé à l'opération, de manière individuelle ou collective." Touchée par l'attitude responsable de "la communauté étudiante qui a répondu à cet appel", Davia insiste pour "saluer la dynamique de ces étudiants joyeux et solidaires." Elle admet avoir été surprise par l'effervescence suscitée, car les modalités de l'élaboration du plan de bataille ont été "mises en place très rapidement." Ayant germé le 20 mars, quatre jours plus tard, l'action a vu les premiers bourgeons apparaître. Et, le 28 mars, le programme était bouclé, avec deux publications quotidiennes en semaine et quatre chaque jour du week-end. En lien étroit avec le service communication de l'université, le cadre a été sciemment contenu et ce, pour assurer la meilleure visibilité des réalisations. Pour mener à bien ce projet, la mobilisation a donc été générale : "L'engouement des étudiants, en cette période difficile pour beaucoup de monde, est remarquable. Le ton utilisé a été très positif. J'ai tout sélectionné, car aucune proposition n'était farfelue. Les étudiants ont pris le contre-pied de cette période un peu morose."


La voie de la jeunesse
Un rendu inattendu qui permet déjà d'esquisser les mois à venir : "Nous avions dit que l'action irait jusqu'au 11 mai mais, désormais, il est possible d'envisager aller au-delà de cette date. Car si l'université reste fermée, des étudiants ne doivent pas se retrouver désœuvrés, assure-t-elle. Il faut leur permettre de trouver une activité créative susceptible de les aider et leur fournir un créneau. Mais, pour l'heure, il convient d'attendre de savoir si la matière sera là et si tel est le cas, ce sera maintenu. Cela se fera peut-être sous une forme différente, notamment avec des thèmes proposés, dessine Davia. Quoi qu'il en soit, nous ne lâcherons personne. Et même si ce ne sont que des moyens virtuels qui sont utilisés, ceux-ci nous ont prouvé qu'il est possible de maintenir les liens sociaux."
Avec humilité, Davia Benedetti pose un constat empli d'espoir en guise de conclusion : "C'est une petite action et nous n'avons pas trouvé le vaccin mais il est beau de voir cette jeunesse qui s'exprime."