Versione :
Francese

Les peintres actifs en Corse (1): Introduction

   Depuis près d’une vingtaine d’années, la recherche a progressivement fait sortir de l’oubli un nombre très important de peintres actifs en Corse. Jusque là, rien ne laissait présager de l’existence et de l’ampleur du phénomène. On savait seulement qu’au Moyen-Âge des peintres fresquistes avaient décoré les chapelles romanes (grâce aux études de Geneviève Moracchini-Mazel et de Joseph Orsolini) et qu’au XIXe siècle des peintres étaient présent dans l’île (grâce aux travaux de Pierre-Claude Giansily). Entre l’époque des fresquistes du Moyen-Âge et les peintres du XIXe siècle, on pensait que la Corse n’avait pas été un lieu de production picturale.
Aucune recherche de fond n’ayant été entreprise sur la peinture corse de la période baroque et aucun ouvrage n’ayant abordé le sujet, on a fini par interpréter ce «vide» documentaire comme la preuve de la non-existence d’une école de peinture insulaire.
Les historiens qui se sont penchés sur la société corse du XVIe au XVIIIe siècle ont tenté d’expliquer la présence du patrimoine pictural de l’île par l’importation massive de tableaux en provenance d’Italie. La Corse, disait-on, avait vécu dans un «art d’importation» et elle avait toujours été réduite à commander sur le continent italien les tableaux nécessaires au décor de ses églises ou de ses maisons patriciennes…
Jusqu’à aujourd’hui, tous les ouvrages historiques s’accordent à dire que les corses, totalement insensibles aux beaux-arts, ne pratiquèrent pas la peinture. Cette réputation, qui afflige l’île depuis le milieu du XVIIIe siècle, a été inlassablement répétée d’auteur en auteur. Le dépouillement systématique de divers fonds d’archives et une enquête sur le terrain ont révélé une tout autre réalité : les tableaux conservés dans les églises insulaires ont été commandés et peints en Corse dans une proportion que l’on peut estimer à 80% environ. L’île fut un foyer de productions artistiques et le siège de plusieurs écoles de peinture.

 

   Les origines de la peinture corse remontent à la plus haute Antiquité. Malheureusement, le temps a effacé les souvenirs, détruit les œuvres, condamné les artistes à l’anonymat. Seuls quelques rares noms n’ont pas été voués à l’oubli. Au cours du XVIe siècle, le contexte change progressivement car les documents d’archives et les œuvres sont conservés en plus grand nombre.