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Francese

LES HORIZONS DE L’EDITION REGIONALE (2)

Guy FIRROLONI retrace le parcours de l’édition en Corse depuis la fin du 19ème siècle jusqu’aux années 1970-1980. Où il remarque l’apparition d’une certaine activité économique liée à l’édition. C’est dans cette atmosphère, également caractérisée par l’élan du mouvement culturel et politique du Riacquistu que se situe le premier essor de la maison ALBIANA après les prémices liés à l’activité d’éditeurs « amateurs un peu plus éclairés que les autres ». Les éditions qu’il crée en 1983 est de ce type, selon ses dires. ALBIANA est en effet liée au « coup de cœur » que lui inspire U Muntese, un dictionnaire alors dans les limbes qu’il décide d’éditer pour célébrer et rendre active « la langue de l’accueil et du partage », un mouvement de communion aec le Riacquistu un « champ de fleurs qui portait des projets » tels que celui-là. Il cite aussi une rencontre avec la sociolinguistique corse lors d’une conférence à Livia, E Sette chappelle de G.Fusina et Papiers d’identité(s) de J.Thiers comme des repères jalonnant un premier parcours mené surtout par la notion de « plaisir » jusque dans les années 1992-1993.

A partir de cette date s’affirme pour lui la nécessité de procéder à un bilan d’action, un diagnostic et l’élaboration d’un programme qui est en cours de réalisation aujourd’hui.
Le constat met en avant :
• les défis d’une situation marquée par l’absence de culture dans les métiers du livre, l’exiguïté de la démographie insulaire et par conséquent de la distribution dans la région ;
• la nécessité de surmonter les contraintes à caractère économique par des outils adaptés aux structures.
G.Firroloni souligne la difficulté d’un effort à mener dans une situation ou peu de librairies sont capables de répondre aux exigences économiques. La structuration du réseau de l’édition passe par l’organisation de catalogues structurés, la découverte et le suivi partenarial des parcours d’auteurs, l’élaboration d’une entreprise à structurer fortement au plan économique tout en lui conservant son identité d’acteur d’une « communauté ». Il résume fortement la situation en affirmant que ce que la France a connu de ce point de vue il y a cinquante ans, la Corse le connaît aujourd’hui avec cette nécessité d’articulation entre économie, société et médiation dans l’espace culturel.
La professionnalisation de l’activité et le choix du modèle économique sont par conséquent pour le directeur d’ALBIANA la déclinaison professionnelle d’un engagement social. Cette perspective se complète par la prise en considération du développement de la langue corse. Malgré les difficultés de la lecture des ouvrages en langue corse, celle-ci lui apparaît comme un élément capital de la politique éditoriale telle qu’il la conçoit au service d’un projet sociétal.
La levée de ces contradictions passe par la sortie d’un espace de diffusion relativement restreint. C’est ainsi qu’est engagé le projet « ALBIANA : Editeur en Méditerranée » reposant sur un faisceau de considérations :
• Etre éditeur de Corse (implanté ici)
• Développer et donner à connaître le vivier d’une écriture de Corse (animée par de nombreux auteurs sur un territoire pourtant restreint)
• Créer des produits transversaux (à travers aussi la création de maisons d’édition (cf . « Le Quinquet » et « Au Coin de la rue »), catalogues spécifiques (cf : roman noir )
• Attirer des auteurs de qualité
• Associer étroitement l’édition et la librairie (cf. La Marge)
• Faire voyager l’édition corse à travers des partenariats extérieurs.


Cette conférence a été prolongée par un dialogue nourri avec un public fortement intéressé par ce propos dynamique et porteur d’avenir. On ne pourra pas ici citer l’ensemble des questions abordées : on se limitera à rappeler que le Goncourt 2012 a édité ses premières proses littéraires chez ALBIANA et que Guy Firroloni salue le succès de Jérôme Ferrari.