LES MAURES: LEURS REPRESENTATIONS DANS LE THEATRE

MORES, programme de coopération théâtrale (Corse, Sardaigne, Toscane, 2006)

Scontri di 31.08.2012
Le programme théâtral "Mores" revisite l'image des Maures

Le programme théâtral "Mores" revisite l'image des Maures

UN PROGRAMME DRAMATIQUE AVEC LES MAURES

        L'idée même du «choc des civilisations», érigée en système explicatif des attentats du 11 septembre 2001 et de leur contexte politique général est en définitive relativement récente si l’on en recherche quelque émergence dans la l’histoire. Elle fait référence à toute une série d’événements qui se confondent avec l’histoire contemporaine des régions où nous habitons et à partir des cultures, des habitudes mais aussi des conventions de pensée et d’idées où s’enracine notre jugement.
       Malgré sa relative nouveauté, cette idée rencontre cependant un invariant qui traverse la longue durée : le conflit d’intérêts antinomiques et la peur que leurs affrontements engendrent toujours et partout. Nous pouvons constater l'existence de cette peur en nous et autour de nous. Cette présence pour ainsi dire structurelle de la peur nous pousse irrésistiblement à en identifier l’origine dans la figure de l’Ennemi. Celle-ci varie selon le contexte et l'histoire des prétendues «civilisations» concernées. On peut cependant percevoir la récurrence de figures et motifs qui s’imposent à l’examen comme des éléments pérennes.
      Quant à nous Occidentaux, on nous a appris à ne pas hésiter pour désigner avec assurance la source de cette crainte immémorielle car, quel que soit la dénomination concernée, c’est toujours une silhouette maure qui entretient l’angoisse.

« MORES » UN PROGRAMME MEDITERRANEEN

      Le Centre Culturel de l'Université (CCU) de Corse a entrepris de revisiter cette image avec une attitude critique et une méthode s’appuyant sur une démarche artistique qui exploite les ressources de la littérature et de l'art.
         Les sources historiques abondent concernant les relations de l'île avec les territoires hier soumis à l'autorité ottomane et en état de guerre permanent avec les puissances occidentales successives. L’archive regorge de faits et récits où les Corses tiennent une place importante, soit comme comme victimes des incursions barbaresques ou prisonniers des potentats orientaux soit comme corsaires au service de Gênes, Pise ou Venise, en guerre contre les Turcs. Ils apparaissent aussi sous les traits de renégats emportés et vendus comme esclaves puis passés au service des beys d'Algérie. On les voit alors mener contre l'Occident des opérations relatées par les chroniqueurs.
Ce motif nous a paru d'emblée capital pour un projet de réexamen critique de l'image de l'Autre. Ces référenc¬es nous offraient en effet la possibilité de montrer comment opère l’attitude qui crée de l’identité par distanciation et quels processus sont précisément à l’origine de l'image de l'Ennemi maure. Nous avons pris le parti d’insister sur le brouillage que produit le rapprochement du Même et de l'Autre en mettant en exergue la figure du Corse devenu Maure. Notre intention était d’attirer ainsi de ramener l'attention sur l'essentiel et de mettre en lumière les causes ob¬jectives des conflits qui passent pour des conditions mêmes de la sauvegarde identitaire. Cette sélection du motif historique entend montrer que les iden¬tités n'ont rien d'essentiel, qu'elles doivent être respectées, traitées et gérer comme produits de l'histoire, et par conséquent subordonnées aux intérêts explicitement exprimés par les groupes et individus qui s'en réclament.
La plus ample des réalisations du CCU de Corse dans ce domaine l'a uni à deux de ses partenaires habituels en Toscane et Sardaigne. Tous trois ont décidé de mettre à profit un appel à projets européen pour réaliser un collectif de réflexion, de réalisation et d'action à travers un triple spectacle sur le thème. Du point de vue qui nous occupe ici, ce projet mené à bien dans le cadre des programmes européens « INTERREG », est sans doute le plus abouti et le plus représentat¬if de la coopération interrégionale entre la Corse, la Sardaigne et la Toscane. Il s'agit en effet à l'origine, d'un projet fondé sur un échange artistique et culturel entre les trois régions à travers la production de spectacles construits sur un symbole commun: celui de la figure du Maure. Quoi de plus emblématique que la tête-de-maure, qui figure sur les armoiries du pavillon corse et en quatre exemplaires sur celui de la Sardaigne?
       Ce projet intitulé Mores a donc réuni trois partenaires: le CCU, l'association culturelle LABORINTUS de Sassari et l'association de promotion sociale ACAB de Livourne, qui avaient déjà collaboré en 2004-2005 au programme Ex-voto, à savoir trois spectacles sur la piété populaire de cet espace interrégional (cf.la note bibliographique)
Le choix de ce thème est clairement dicté par la volonté de se rattacher à une actualité où les rapports à l'Autre, "L'étranger", en par¬ticulier si c'est un homme de couleur, rappellent les conflits armés et l'émigration de masse. Autant d'éléments qui conduisent à un contact entre les cultures miné par un ressentiment entretenu par un corpus légendaire nourri de la peur évoquée plus haut. Nous avions donc, d'emblée, le sentiment de tenir là l'archétype même du mécanisme par lequel le contact entre les communautés se trouve faussé jusqu'à devenir, en fin de compte, impossible sinon sous la forme du conflit et de la guerre.

       Evoquer le passé de ces trois régions réunies autour de ce pro¬jet impliquait donc la collecte de récits, d'événements et de situations reliés à la même racine symbolique. Pourtant notre recherche était loin de se donner comme motivée par le seul intérêt documentaire et historique. Très rapidement l'attention s'était en effet concentrée sur la représentation traditionnelle qu'inspirent les Maures dans les trois régions. L'accord se fit très tôt sur l'importance du travail que nous voulions accomplir pour ramener cette image sur le plan contemporain et les situations actuelles où elle exerce une influence déterminée par une vision négative de l'Autre.
A vrai dire ce projet s'était imposé comme une évidence du fait de la forte présence, dans les trois régions réu¬nies dans le projet, d'immigrés venus d'Afrique du Nord. Dans la pratique, ce projet s'est articulé autour de l'écriture et de la mise en scène de trois spectacles dramatiques centrés sur le thème choisi. Les équipes partenaires se sont appli¬quées à un travail d'échange permanent réunissant:
- les auteurs des textes dramatiques confrontant leurs travaux et les résultats de leurs investigations documentaires ;
- les acteurs et les musiciens à la recherche de procédures de réalisation communes.

CORSE: I QUATTRU MORI

      

    Cette fiction dramatique croise l'histoire de la Toscane et celle de la Corse, par l'évocation des pirates et de leurs razzias sur les côtes de l'île. L'action se déroule à l'intérieur du palais grand-ducal à Florence et sur le port de Livourne, face à la Corse. Nous sommes dans les années 1615. L'action s’appuie sur la référence à la bataille de Lépante et aux conséquences politiques que ce conflit a entraîné sur les forces en présence en Méditerranée. La régente et ses conseillers ressentent les coups portés à l'autorité à l'intérieur comme à l'extérieur du Grand-duché. Il ne fait pas bon être pour les idées nouvelles et le procès de Galilée est imminent. Mais déjà s'annoncent de grandes mutations.

       Sur le quai face au port de Livourne, le sculpteur Pietro Tacca vient d'ajouter quatre statues de bronze au pied du monument de marbre qui représente Ferdinand ler, créateur de la grandeur toscane. Elles représentent quatre chefs turcs, devenus esclaves, au pied de leur vainqueur.
L'action repose sur le conflit entre les ténèbres de la violence en-gendrée par l'État, les guerriers et la religion, et les promesses de l'aube de la science. La trame de l'action est tressée avec trois fils:
- la violence inouïe des Turcs, évoquée par des récits horribles de car¬nage;
- le destin de Galilée condamné au silence;
- la fabrication de la statue des «Quatre Maures» visant à immortaliser le génie et la puissance de Florence, mais aussi chef-d'œuvre, témoin de la beauté à laquelle peut parvenir la civilisation.

      La Corse est présentée dans le vocero» improvisé de Ferdinand quand il apprend la mort de l'amiral, et aussi dans une manipulation essentielle pour le propos dramatique. Les données historiques sont transformées et les quatre Maures qui servent de modèle au sculpteur Pietro Tacca deviennent dans la fiction des rénégats corses. Enlevés par les barbaresques ils sont devenus de féroces guerriers en s’idfentifiant complètement à leurs ravisseurs. Violences d' État, violences guerrières, violences religieuses: qui sont les victimes? Pietro Tacca le dit: «Tous les malheureux se ressemblent. Le malheur ne porte qu'un seul masque». La dernière scène met face à face Galilée devenu vieux et Ferdinand Il tout jeune, dans un chassé-croisé paradoxal. C'est le jeune homme politique qui fait confiance à la science, à l’intelligence et aux possibilités du savoir. Le vieux savant, au contraire, met en doute la réalité du changement des mentalités et du progrès moral. Dans une atmosphère où retentissent les échos des grands affrontements entre Turcs et Chrétiens en Méditerranée, la cour de Toscane s'inquiète sur son sort. L'époque troublée favorise toutes les ambitions: des com¬plots se trament dans l'ombre. Nous sommes loin de la gloire qui auréolait la cour de Toscane illustrée par le Grand-Duc Ferdinand ler (1549 – 1609) vainqueur des Maures. La mort du grand amiral de la flotte toscane, terreur des Turcs et garant du pouvoir toscan, ouvre une ère d'inquiétude. Ferdinand Il n'est qu'un enfant, surdoué, mais encore faible. Il n'a d'yeux que pour Galilée et ses théories, nouvelles et pro¬metteuses. En fait, dans cette évocation historique, toute l'intrigue re¬pose précisément sur la personnalité des quatre chefs maures devenus dans la fiction des Corses impliqués dans les expéditions pi¬rates de l'époque en Méditerranée. Ce postulat de fiction nous a permis:
• de renvoyer à un ensemble thématique riche, pour lequel les documents abondent dans les histoires de corsaires et pirates en Méditerranée ;
• de renforcer la collaboration des partenaires (Histoire de la Toscane, présence de la tête de maure sur les drapeaux corse et sarde);
• de porter la réflexion sur des problèmes bien actuels: la question iden¬titaire revisitée dans la confrontation du "je" et de l' "autre", les relations  entre les régions frontalières en Méditerranée, la gestion des contacts entre les différents espaces méditerranéens.

SARDAIGNE: BANDERA

        Bandera se déroule, quant à lui, en pleine actualité. C'est un texte inédit de Daniela Sari, mise en scène par Mariano Corda, sur une musique composée par le maestro Gabriele Verdinelli. L'histoire se déroule dans un petit village sarde, de nos jours. Le curé déclare la disparition de la statue d'une Madone noire. Cette effigie est réputée miraculeuse car une légende dit qu'elle est arrivée par la mer après une tempête. Cette statue est de grande valeur et l'homme d'église accuse sa servante d'être mêlée au vol de l’objet sacré. Miriam, la servante du curé, une musulmane immigrée est désespérée, car elle confiait à la vierge noire sa douleur de mère. En fait, la Vierge noire n'a pas été volée; elle est partie délibérément, emportant avec elle le vent. De la sorte, le drapeau sarde, «a bandera», ne pourra plus flotter. Les quatre têtes de maures du pavillon sarde n'appartiennent pas à la cul¬ture sarde, mais aux envahisseurs aragonais. Ces derniers signifiaient par cet emblème la victoire qu'ils avaient remportée sur quatre chefs arabes, décapités sur le champ de bataille.
         Le point de référence est donc la composition du drapeau sarde où figurent les têtes coupées de quatre maures sur un fond blanc partagé par les branches d'une croix rouge. C'était le drapeau d'Aragon, qui avait soumis les Sardes. Par voie de conséquence, l'emblème de la Sardaigne est fondé sur une contradiction fondamentale puisque, au-delà d'un signe funeste renvoyant à la mort brutale, c'est le symbole d'une défaite qui réfère à l'identité de la culture insulaire!
        Miriam est désespérée. Elle est certes musulmane, mais dévouée à cette vierge à laquelle elle confie toutes ses peines. Ses quatre fils, migrants embarqués clandestine¬ment, ont en effet trouvé la mort dans un affrontement avec les passeurs qui les avaient pris en charge.
           Pendant que l'enquêteur écoute et relève les témoignages, les protagonistes se rendent compte qu'il fait de plus en plus chaud. Le vent qui soufflait depuis le début, depuis toujours, le vent a disparu. Le vent n'existe plus...
Le policier, resté seul, est pris de torpeur et s'endort. Il rêve de la Madone qui n'a pas été volée mais qui est partie de son plein gré, em¬menant le vent avec elle. Elle a fait cela car le vent doit cesser d'agiter ce drapeau sur lequel sont représentées les têtes coupées de quatre hommes. Elle refuse ainsi de continuer à glorifier la décapitation de personnes, de fils comme l'étaient ceux de la gouvernante musulmane. Au réveil le policier comprendra, et ce sera clair pour tout le monde, que de ses rêves et de ceux des autres peut naître l'espérance.

TOSCANE: MORESCA

 

       Moresca de Gabriele Benucci est une fiction dramatique inspirée, comme le spectacle corse, par le groupe monumental «Ferdinando Primo e i Quattro Mori» la statue du grand-duc de Toscane, en marbre blanc, surplombe quatre chefs maures en bronze, enchaînés à ses pieds. Ce mon¬ument qui orne la darse de Livourne est le chef d'oeuvre du sculpteur Pietro Tacca, né à Carrare en 1577, mort à Florence en 1640, l'élève préféré de Giambologna, et le meilleur représentant toscan du genre baroque. On doit à Tacca la statue d'Henri IV qui orne le Pont Neuf à Paris, et la statue équestre de Philippe IV à Madrid.
         Dans la pièce, le metteur en scène reprend l'un des thèmes tra¬ditionnels liés à l'érection de ce groupe statuaire. On raconte en effet que Morgiano est le nom attribué par la tradition populaire à l'un des Maures qui a servi de modèle à Tacca, et que le sculpteur aurait connu quand celui-ci était captif au bagne de Livourne. Un regard technicien de la part du sculpteur. Regard froid. De marbre. Rien qui puisse faire penser à un partage de goût, d'idées, de culture.
         Or Benucci imagine au contraire, entre le sculpteur Tacca et Morgiano, une rencon¬tre faite de respect mutuel d'abord, puis de familiarité amicale. Cette amitié imaginaire sert d'exorcisme aux tragiques événements d'aujourd'hui déclenchés par le choc des diverses cultures et religions, toujours plus brutal et dévasta¬teur. Naturellement, outre le texte, cette thématique a trouvé diverses traductions esthétiques, grâce en particulier:
• à la confrontation-rencontre des différents matériaux dont le monument est composé : le marbre et le bronze, renvoyant à d'autres oppositions que l'on rencontre dans la réalité,
• à l'opposition des styles, entre le classicisme de la statue du grand duc et le baroque dans la représentation des Maures,
• au soulignement de la période historique, dans la mise en évidence de la fin de l'époque de la Renaissance.

Au-delà de l'anecdote et de la temporalité de ce programme (2006-2007) on voit bien quels sont les effets marquants du projet: élargissement de l'inspiration, ouverture de l'espace local aux réalités limitrophes et transfrontalières, mais surtout émergence d'un territoire symbolique commun, traversé par des références historiques, égale¬ment communes, à interpréter dans un réexamen critique à la lumière du présent. Il ne s'agit plus seulement de célébrations esthétiques et festives autour d'un motif commode pour un travail transfrontalier, mais d'une réflexion-action sur les affinités réelles ou imaginaires alléguées par le discours identitaire et les programmes d'actions qui en relaient l'écho au sein des politiques du développe¬ment euro-méditerranéen.

       Nous avons la candeur de penser que si le vecteur artistique et culturel n'a pas l'efficacité immédiate du politique, il participe d'une activité citoyenne où il investit une voie qui n'appartient qu'à lui. Nous devrions pouvoir ainsi saisir distinctement la relation que chacun entretient avec l'histoire du monde et nous sentir ipso facto concernés par tout ce qui se passe sur la planète.
Il suffit pourtant de reporter notre attention sur la moindre de nos expériences quotidiennes pour observer que nos réactions se situent aux antipodes de ce qui devrait être une attitude conforme à notre condition humaine. C'est sans conteste la manière dont les différentes cul¬tures se sont historiquement constituées -les conflits Maures-chrétiens évoqués dans Mores en sont une des innombrables illustrations- et continuent de se définir qui provoque cet ensemble de comportements et d'attitudes mentales peu conformes à la solidarité. Mais si l'on pousse plus loin la réflexion, on ne tarde pas à comprendre que ce fai¬sant nous en venons à hypothéquer le fondement même de l'attitude qui permet de reconnaître en l'Autre la qualité d'être humain. C'est en effet par cette reconnaissance - alors implicitement refusée- que s'affirme l'idée de droits imprescriptibles et attachés à cette qualité de l'humanité,
       Dans les périodes et les contextes où faisaient rage les conflits de la course pirate et les affrontements entre chrétiens et musulmans, maures et blancs, Europe et Monde arabe, la dichotomie, l’opposition, le conflit et l’affrontement appa¬raissaient comme des points de dogme religieux et intel¬lectuel. Aujourd’hui les oppositions se nourris¬sent d'argumentaires plus subtils.
Dans bien des discours autorisés, il semble impossible de s'entendre avec les représentants de civilisations non occidentales dans la mesure où se laisse largement accréditer l'idée de principes d'égalité et de liberté exclusivement défendus par la civilisation occi¬dentale. En se référant à l'histoire des relations entre l'Occident et le reste du monde Huntington affirme péremptoirement: «Dans tous ces points du globe, les rapports entre musulmans et peu¬ples appartenant à d'autres religions (qu'il s'agisse de catholiques, de protestants, d'orthodoxes, d'Hindous, de Chinois, de bouddhistes ou de juifs) ont généralement été conflictuels et la plupart du temps vio¬lents à un moment ou à un autre, en particulier au cours des années quatre-vingt-dix. Si l'on considère le périmètre de l'Islam, on peut se rendre compte que les musulmans ont du mal à vivre avec leurs vois¬ins» (Samuel Huntington : Le choc des civilisations, Paris, Odile Jacob, 1997, p. 284). On croirait entendre quelque amiral toscan pourfendeur de pirates maures et issu d'un des spectacles historiques de notre programme Mores. Mais ie contexte est tout autre et la finalité étrangère à l'expression brutale mais spontanée de la distan¬rciation identitaire qui s'exprime au quotidien.
Il s'agit en réalité d'une stratégie consistant à fabriquer de l'ennemi en insistant sur la différence de civilisation d'un Islam posé comme l'adversaire passé et à venir de l'Occident. Un ennemi indispensable pour la démonstration qui se veut théorie explicative des rapports in-ternationaux dominants aujourd'hui comme hier. Le prétendu «choc des civilisations» est ainsi donné comme un article de foi et un postulat scientifique s'imposant sans reste à l'esprit.
       La manipulation idéologique à l'oeuvre dans ce montage théorique a beau jeu de s'appuyer sur la peur qu'inspirent aujourd'hui les at¬tentats spectaculaires dans les mégapoles, comme le faisait hier la crainte des coups de main des Maures sur les rivages d'Occident. Les événements ainsi traités à travers le prisme de l'opposition identitaire et civilisationnelle reçoivent alors, une explication simpliste et man-ichéenne qui repousse toute vision de la complexité dans les zones où nous vivons, sous le feu de géopolitiques antagonistes.
L'image du Maure doit donc faire l'objet d'un réexamen permanent dans nos sociétés modernes. C’est la voie choisie pour notre programme artistique et culturel Mores.


NOTE BIBLIOGRAPHIQUE

Les textes dramatiques (avec CD d’enregistrements de séquences) ont été publiés dans la collection « Quaterni Teatrini » (Albiana-CCU)  sous le titre: Mores, Teatru è cultura di a diversità : Corsica, Sardegna, Tuscana, Albiana-CCU, Corti, 2008.