Versione :
Francese

La poursuite

La poursuite est une adaptation pour la scène de la nouvelle en langue corse "A Tumbera" de G.M.Comiti.
Elle est préparée par l'association théâtrale "Hè tempu d'arte" et les ateliers du CCU: Mise en scène (J.P.Giudicelli), Théâtre étudiant (T.Casalonga), Ecriture dramatique (G.Thiers). Le département "Arts du spectacle" a intégré cette action dans son programme pédagogique 2000-2001.

 

Scène 1.

Scène noire. Lumière blanche fragmentée qui éclaire pendant quelques secondes le visage plein d’effroi d’une femme. Lumières chaudes qui tombent pas saccades sur une foule d’hommes et de femmes menaçants. Tout à coup tous les visages sont éclairés par une lumière crue. La femme, apeurée, regarde le groupe. Noir.


Scène 2.

Salle noire, on entend des gémissements, des plaintes.
Lumière, dans une chambre Dominique se lève brusquement, énervé.

Dominique : C’est pas possible, je vais disjoncter. (s’adressant à sa femme) Mais comment peux-tu rester ainsi, sans réagir ?
Sa femme : Reste tranquille, ne cherche pas d’histoires, c’est bon pour t’attirer des ennuis ; allez, viens te recoucher !
Dominique : On ne peut pas rester comme ça à attendre que les choses tournent mal...
Sa femme : Je te dis de rester tranquille. Quelqu’un a sûrement déjà fait quelque chose. (Elle allume la lumière). Ne t’en mêle pas sinon ça va nous retomber dessus.
Dominique : (se retournant vers elle). Avec toi il ne faut jamais rien faire, « Prudence est mère de… lâcheté ».
Sa femme : (en lui tournant le dos). Tu m’ennuies à la fin !
Dominique : Tout de suite les grandes manœuvres ! On ne peut tout de même pas laisser cette pauvre gosse entre les mains d’une folle. Tous les voisins sont scandalisés, eux aussi.
Sa femme : Raison de plus pour ne pas t’en occuper.
Dominique : Trois nuits que je dors pas, je commence à avoir les nerfs à vif.
Sa femme : Mais c’est pas une raison pour s’occuper des affaires des autres.
Dominique : Même si une pauvre enfant se fait martyriser ?
Sa femme : Qui te dit qu’elle se fait battre ?
Dominique : Et cette petite qui gémit toute la nuit, tu l’entends, là ! C’est tout de même pas un chat qu’on entend se plaindre.
Sa femme : C’est peut-être la télé.
Dominique : Mais tu le fais exprès ! Ou alors tu te fous complètement du sort de cette enfant.
Sa femme : Ne me fais pas passer pour un monstre. C’est vrai que cette femme n’a pas à battre sa gosse de cette manière. Mais après tout, si tu savais ce que j’ai pris, moi aussi, quand j’étais petite.
Dominique : Et tu crois que c’est une raison pour qu’on laisse maltraiter cette enfant ?
Sa femme : Je crois que c’est une raison pour que tu reviennes te coucher et que tu éteignes cette lumière. Elle n’en mourra pas ; moi, je n’en suis pas morte...
Dominique : C’est ça, oui… c’est ça. (il se remet au lit et éteint la lumière, salle noire ; on n’entend plus de bruit pendant un court instant, puis, dans le noir s’élève la voix de Dominique, triste et abattu)... Non, tu n’en es pas morte, mais... tu as tellement changé !


Scène 3

Le lendemain, vers 18 heures, on aperçoit l’étrangère, seule, elle passe dans la rue, traverse l’espace découvert en jetant un rapide coup d’œil vers les 3 hommes assis à la terrasse du café ; elle marque un léger temps d’arrêt et continue son chemin. Les trois hommes jouent aux cartes en buvant l’apéritif et bavardent en échangeant les derniers ragots du quartier. En apercevant la femme Dominique s’arrête net de parler. Long silence...

Dominique : Comment elle ose se montrer, celle-là ! elle n’a pas honte après ce qui s’est passé !....
Homme 1 : C’est vrai ! Depuis qu’elle est là, j’arrive plus à dormir ni passer une nuit tranquille avec ma femme...
Homme 2 : Moi, je me demande ce qu’elle a bien pu faire de la petite...

Elle disparaît..


Scène 4

Trois appartements, trois familles : celle de Dominique, celle de Francis, une famille pieuse. Trois intérieurs, pendant le dîner, qui s’éclairent et s’animent successivement.

La famille de Francis est rassemblée dans la cuisine. On entend du bruit et des cris à l’extérieur. Le petit, effrayé, entre dans la cuisine en pleurant et vient se réfugier dans les bras de sa mère.
Le petit : Maman, maman ! J’ai peur ! Qu’est-ce qui se passe à côté ! Qui est-ce qui crie ! J’ai peur ! j’ai peur, je peux pas dormir, j’ai peur...
La mère : Allez ! viens ici, ne t’inquiète pas, c’est rien, c’est fini, ça va s’arranger, ne fais pas attention ! pense à autre chose, retourne te coucher, allez ! n’aie pas peur, c’est rien, rien du tout...
Le père (va coucher le petit et retourne) : On dira ce qu’on voudra... il y a quand même de quoi s’inquiéter : ces cris, cette petite qui crie... Ca n’arrête pas ; maintenant c’est toutes les nuits... toute la nuit... tu imagines un peu la souffrance de cette petite... la souffrance qu’elle endure tous les jours ? !
La mère : Oui, bien sûr...(elle acquiesce de la tête et s’affaire dans la pièce)
Le père (après un silence gêné) : Tu sais, chérie, il faudrait voir un peu... lui parler... Tu devrais aller voir ce qui se passe... Entre femmes... entre mères... ce sera plus facile, vous vous comprendrez mieux... (elle se tait ; il s’enhardit) je sais pas, mais tu pourras peut-être la raisonner...
La mère (en s’emportant) : Oui ! je te vois venir ! Va, tu ne vaux pas mieux qu’elle en vérité (sarcastique) on évite les coups, on esquive, on taille, on se débine ! Et tu voudrais que ce soit pour moi : « Allez, mon amour, vas-y ; entre femmes, entre mères » (changement de ton) Lâches ! tous des lâches ! (elle pleure, puis se calme) Non, c’est tous ensemble qu’il faut aller : nous devrions prendre une décision pour que ça cesse...

Deuxième famille : c’est le bénédicité ; le père, la mère, une fille autour de la table.
Le père : Alors, mon fils, ton contrôle d’aujourd’hui ? tu es content ? ça s’est bien passé ?
La fille : Bof ! oui, ça va, mais j’ai eu du mal à réviser hier soir, à cause de...
(la phrase est couverte par un long cri d’enfant venu de l’extérieur)
La mère : Mon dieu ! la pauvre ! quelle mère peut faire subir cela à son propre enfant ? !
Le père (résigné et solennel) : Ah ! le seigneur reconnaîtra les siens...
La fille : Aujourd’hui, je n’ai vu ni Paul, ni Virginie ! Ils sont là ?
La mère : Non, j’ai préféré les envoyer chez Papi-Mamie, vu ce qui est arrivé la nuit dernière...
(Un autre cri perçant, de la femme cette fois)
La fille (inquiète et apeurée) : Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais... il faudrait appeler la police... je ne sais pas... faire quelque chose...
(Le père et la mère ne bougent pas)
Le père (grave) : Chacun porte sa croix... nous avons la nôtre...
(Le silence se fait pesant ; on entend un grand fracas de vaisselle brisée, un cri)
Le père (animé) : La télé ! un film à la télé ? qu’est-ce qu’il y a à la télé ?
(La mère et la fille se taisent... on entend le tic-tac de l’horloge qui s’amplifie jusqu’à emplir toute l’atmosphère)

Famille de Dominique. Un cri...
Dominique : Ca ne peut plus durer comme çà. Il faut réagir ! Trop c’est trop !
Sa femme : Je t’en prie, calme-toi et viens manger...
Dominique : Alors, on va rester comme çà, à ne rien faire comme des idiots ? comme des lâches ? Je ne peux rien manger ! je ne peux pas garder la souffrance de cette gosse sur la conscience. Moi, j’y vais (Il se lève et va vers la porte)
Sa femme : Attends, attends, elle est peut-être dangereuse ! Il vaut mieux, alors, que tu appelles la police (Dominique hésite un instant, puis décroche le téléphone...)


Scène 5

On entend une sirène ; des volets s’ouvrent ; des visages inquiets apparaissent aux fenêtres. Dominique descend pour accueillir la police. Il désigne l’appartement de l’étrangère. L’immeuble est plongé dans le plus grand silence.

Dominique : Voilà, c’est ici. Il faut absolument faire quelque chose pour cette fillette.
Le policier : Expliquez-moi clairement de quoi il s’agit.
Femme 1 : C’est scandaleux qu’on puisse faire des choses pareilles. Si ça ne tenait qu’à moi je la mettrais dans une cellule et… qu’elle y crève.
Le policier : Bon, du calme ! d’accord, il y aurait une personne maltraitée... on va voir ça de plus près. (Il frappe à la porte énergiquement). Ouvrez, madame, c’est la police.
Le policier : Ouvrez, police ! ouvrez ! J’ai l’impression qu’il n’y a personne... (en direction de Dominique, avec l’air méfiant)... Ces bruits, ces cris... c’était vraiment d’ici qu’ils seraient venus ?
Dominique : Evidemment ! Des cris de femme ; inhumains, et puis ceux de la petite. Je vous dis qu’il y avait une petite fille qui pleurait... Tout le monde l’a entendue !
Tous : Oui ! oui ! c’est ici !
Le policier (il frappe à la porte) : Ouvrez, police ! ouvrez !... Vous voyez bien : il n’y a personne... Alors, écoutez, pour moi, Monsieur, moi, je n’entends rien. Je ne vois rien. Dans ces conditions, je prends note, mais je ne peux rien faire. Il n’y a pas de fait particulier. On ne peut pas faire de constat. Il n’y a rien à constater. Alors, on verra, on reviendra s’il le faut... on verra... on verra. Bonsoir, messieurs dames...

Dominique, désemparé, le regarde s’éloigner, puis rentre chez lui. Les gens rentrent chez eux, les volets se referment... C’est alors que les cris reprennent.

 

Acte II.

 

Scène 1.

Salle noire. Grands bruits d’objets qui volent et se brisent, cris, hurlements, coups, gémissements. L’impression est celle d’une femme qui bat violemment une enfant.
Lumière. Dans la cage d’escaliers, devant une porte, un groupe d’hommes et de femmes.

Homme 1 : Ça ne peut plus durer, il faut réagir. Trop c’est trop.
Femme 1 : C’est une criminelle ; mais qu’attendez-vous pour entrer chez elle ?
Homme 2 : Vous savez, madame, on n’entre pas chez les gens aussi facilement.
Homme 1 : Et alors, on va rester là comme des idiots à ne rien faire ?
Homme 2 : Vous savez, monsieur, ce n’est pas parce qu’on ne fait rien qu’on est automatiquement des idiots.
Dominique : C’est vrai, ça ne peut plus durer, je crois qu’il nous faut prendre une décision, sinon on va devenir tous fous.
Homme 2 : Vous savez, monsieur…
Homme 1 : Ça va, ça va… arrêtez de donner des leçons ; il faut agir.
Dominique : Je propose qu’on frappe à la porte et qu’on s’explique avec cette bonne femme.
Homme 3 : (vers le public) Enfin quelqu’un qui prend une initiative.
Femme 1 : Voilà, vous avez raison ; et s’il le faut on lui met une bonne raclée. Allez-y, monsieur, n’hésitez pas, frappez.
Dominique : (il frappe à la porte plusieurs fois) Ouvrez, s’il vous plaît ; nous voudrions vous parler.
Dominique : (Il frappe encore) Ouvrez ou nous allons devoir défoncer la porte !


Scène 2.

La porte s’ouvre brusquement, laissant apparaître une femme en chemise de nuit, cheveux ébouriffés, maquillage dégoulinant, les yeux injectés de sang, l’air féroce.

L’étrangère : Y en a marre maintenant ; foutez-moi la paix ou j’appelle la police !
Homme 2 : Vous voyez, messieurs dames, je ne pense pas que nous puissions discuter.
Dominique : (en s’adressant à l’étrangère) Il faut que nous ayons une explication. Depuis trois jours que vous êtes arrivée vous avez mis la révolution dans l’immeuble. Et qu’est-ce que vous faites à cette pauvre enfant ?
L’étrangère : Je vous dis de me foutre la paix (elle claque la porte à la face de Dominique)


Scène 3.

Chambre de Dominique et sa femme.

Sa femme : Puisque c’est toi qui l’a appelée la police, tu dois être content maintenant. Mais je te l’avais dit de ne pas t’en mêler. Ça te servira de leçon. Tu crois que les choses sont si simples, qu’il suffit de taper à une porte pour que les problèmes disparaissent ?
Dominique : En tout cas j’ai fait quelque chose, moi. Parce que dans cet immeuble tout le monde parle mais personne n’agit.
Sa femme : Parce qu’ils ne sont pas fous comme toi. Il faut toujours que tu t’occupes de ce qui ne te regarde pas.
Dominique : Comment ça, ça ne me regarde pas ? C’est ma ennième nuit blanche et tu crois que ça ne me regarde pas ? Tu en as de bonnes. Même les collègues au bureau m’ont dit qu’il fallait se secouer, parce que c’est grave ce qui se passe ici. Des choses horribles se produisent tous les jours parce que on a trop tendance à fermer les yeux. Il y a des fois où il faut réagir.
Sa femme : Il manquait plus que la leçon de morale...
Dominique : C’est ça, fous-toi de ma gueule. Tu m’excuseras mais je crois en ce qui est juste. Je crois qu’il est juste d’intervenir quand la vie d’une personne, quand la vie d’une enfant est en danger... En tous cas, j’espère que ça calmera cette folle. Pourvu qu’elle ne se venge pas sur la petite.
Sa femme (narquoise) : Si ça arrive, tu appelleras la police.

Salle noire. Musique de fond angoissante. Brusquement des bruits d’objets qui se cassent, des hurlements, des coups, des gémissements.
On entend frapper aux portes, des bruits de pas dans les escaliers, des voix affolées de femmes, des grognements d’hommes, des enfants apeurés. Les gens accourent et s’attroupent


Scène 4.

Lumière. Dans la rue, le groupe réuni, énervé, exaspéré.

Dominique : Puisque la police ne fait pas son travail il va falloir qu’on le fasse à sa place. Qui veut se joindre à moi pour défoncer la porte ?
Homme 1 : Moi je suis d’accord, et deux fois plutôt qu’une.
Femme 1 : Vous pouvez compter sur moi, et elle va m’entendre.
Homme 2 : (S’adressant au public) Il me semble qu’on va faire une bêtise. Ecoutez, on a peut-être intérêt à y réfléchir à deux fois. Je crois que force doit rester à la loi.
Dominique : Je vous dis que cela dure depuis trop longtemps. Sommes-nous des lâches à la fin ? Nous allons laisser une fillette aux mains d’une folle qui la torture ? Et si c’était votre propre enfant, l’abandonneriez-vous ainsi tout en sachant ses souffrances ? Pensez à ce qu’elle endure, imaginez son calvaire, songez qu’elle attend qu’on la délivre des griffes de sa mère. Que dis-je sa mère ? ce que fait cette étrangère est indigne d’une véritable mère.
Une voix : Il a raison, il faut sauver cette enfant.
Autre voix : Il n’est pas question qu’elle recommence.
Autre voix : C’est une criminelle, il faut l’éliminer.
Autre voix : De toute façon, si on ne le fait pas personne ne le fera.
Homme 2 : Moi, je crois quand même que nous ne devons pas nous laisser aveugler par la colère...
Sa voix est couverte par des cris de protestations. Le ton monte. On vocifère.
Femme 1 : Elle va payer, maintenant, l’étrangère !
Femme 2 : Il faut qu’elle comprenne sa douleur.
Homme 1 : Si je la prends, je l’étripe.
Dominique : Nous allons sauver cette petite et rien ne nous arrêtera.


Scène 5.

Tout à coup le portail de l’immeuble s’ouvre et l’étrangère apparaît. Elle regarde longuement le groupe, l’air effrayé, puis elle s’enfuit ; le groupe la poursuit.
Salle noire, on entend des bruits qui évoquent une poursuite : bruits de pas, des cris, des sifflets…

Voix de Dominique : Il ne faut pas qu’elle s’échappe, faites attention, ne la perdez pas de vue.
Voix homme 1 : Elle est passée par là, suivez-moi.
Voix femme 1 : Cette fois-ci elle va voir ce qu’elle va voir.
Voix homme 2 : (essoufflé) Bon allez ! on s’arrête ! je crois que nous devrions nous arrêter maintenant ; elle doit avoir compris la leçon.
Voix homme 1 : Par ici ! par ici ! Elle est là ! je la vois !


Scène 6.

Lumières stroboscopiques. Terrain vague, l’étrangère adossée à un mur, le groupe lui fait face. Musique de fond angoissante.
Mouvements au ralenti de tous les personnages.
L’étrangère reste figée, le visage paralysé et déformé par l’épouvante.
Dominique se tourne lentement vers le groupe. Il donne l’impression d’hésiter un instant, puis d’exciter les poursuivants.
Les membres du groupe gesticulent en proie à la plus grande excitation..
Dominique se retourne vers l’étrangère, se penche pour ramasser une pierre et reste accroupi.
Tous les autres miment une scène de lapidation.
Jeux de lumières. Flashes, effets visuels et sonores.
Le corps de l’étrangère est agité de soubresauts, provoqués par les pierres qui la frappent ; elle s’accroupit et finit par s’étendre au sol, les yeux exorbités.
À la fin de la scène de la lapidation, lumières blanches sur le groupe et rouges sur l’étrangère qui gît inanimée sur le sol.
Silence complet.
Dominique se relève, le regard hagard, tous les personnages se figent en se regardant, l’air hébété.
Commence à poindre, presque imperceptible, un voceru.
Les personnages se déplacent sur scène dans tous les sens, lentement, comme des fantômes.
On entend une sirène.

 

Scène 7.

Arrivée de l’inspecteur et d’un policier; ils semblent soucieux.

Le policier : (L’air accablé) C’est pas possible, qu’avez-vous fait, c’est pas possible. On arrive trop tard.
Les membres du groupe s’agenouillent lentement, sauf Dominique qui reste debout, abattu.

Dominique : (Complètement défait) Ce n’est pas ce que nous voulions, c’est terrible ; nous avons été pris de folie, une folie collective, meurtrière. Je ne comprends pas ce qui c’est passé. C’est une véritable tragédie.
Le policier : Vous n’imaginez pas à quel point, malheureux que vous êtes. Elle était recherchée. On n’a pas fait le rapprochement. On aurait dû y penser. Cette femme échappée de l’hôpital psychiatrique.
Dominique : Comment pouvions-nous nous douter...
Voix 1 : Une étrangère...
Voix 2 : Elle était si sauvage...
Voix 3 : Si sombre...
Voix 4 : Si solitaire...
Voix 1 : Oui, et puis il y avait cette voix d’enfant...
Voix 2 : Tous ces cris, toute cette nuit, tous ces silences dans la nuit...
Dominique : Et la petite qui se plaignait
Le policier (sèchement) : Il n’y a jamais eu de petite. Elle était seule, la femme.
Dominique : Mais la voix, qui pleurait, qui criait ?
Le policier (avec reproche) : Pas d’enfant. Personne. La folie. Vous savez ce que c’est, la folie ? ! Une pauvre schizophrène. Une malade. Vous avez tué une malade. Elle était seule et parlait à une enfant qu’elle n’a jamais eue... La fillette que vous avez entendue n’existe pas, elle n’a jamais existé…

RIDEAU