Chef-d'oeuvre
Puesia
VROMANS Marie-Claire
Quand ta main caresse ma jambe
les senseurs de ma peau déclenchent des réactions sentimentales
et j’ai parfois même une réaction motrice. L’angle
de ma jambe, l’inclinaison du pied, tu t’émerveilles du paysage
occasionnel: après la courbe de la route tu stabilises ton regard
sur la courbe du genou. Tes yeux s’impatientent avec des secousses
invisibles mais le miroir reflète seulement l’immobilité.
La sandale - ton regard va du genou à la nudité de mon pied. Ce pied
qui arpente les rues est aussi objet de désir: le pied
qui écrase le frein à fond. Je sais que tu vas m’embrasser; peut-être ignores-tu que l’attitude de ton corps a le format
du baiser. La caresse demande un contrôle rigoureux,
une pression exacte pour que tu ne m’écrabouilles pas la rotule.
Le contact est doux sur la peau que je t’offre, la caresse
est le chef-d’oeuvre du génie mécanique. Je regarde la baie
où se reflètent les néons de la nuit et je laisse mon corps
travailler à l’aise. Puis, je m’endors avec ta main
sur ma jambe et la vague conscience que le paradis
s’étend du bout de mes pieds au sommet de la tête.