Niccolò Tommaseo et La Corse
Vita di l'associu
Les rapports de la Corse avec l’Italie du XIXe siècle présentent un intérêt particulier non seulement d’un point de vue historique dans la mesure où ils concernent le patrimoine identitaire de l’île, mais aussi pour un présent où la perspective européenne et les coopérations interrégionales proposent un champ fécond d’action et de réflexions.
A l’initiative d’Angélique Salvarelli et avec la collaboration de différents partenaires se tiendra les 3 et 4 mai un colloque autour de la grande figure de Niccolò Tommaseo, héros du Risorgimento mais aussi « découvreur » de la Corse romantique et ami de salvatore Viale.
En guise de contribution aux travaux, Interromania offre à lire les poèmes que Tommaseo et ses correspondants insulaires échangèrent en 1839.
A M. TOMASEO
POÈTE ITALIEN.
Frère, puisque le vent t’amène à nos rivages
Puisque de notre ciel les aubes t’ont souri,
Puisque , dans le parfum des lavandes sauvages
Frère, tu viens chercher le repos et l’abri, -
Oh! laisse qu’une main te soit du bord tendue;
Qu’un écho se réveille à ton cri de douleur ;
Que la larme d’exil , à es yeux suspendue
Pour être offerte à Dieu, tombe dans une fleur!
On la trouve partout !a fleur de poésie
Pleurs de l’homme ou du ciel, en son calice é4roit
Elle porte toujours cette goutte choisie
Où se baigne l’abeille, où le papillon boit.
Sur les plus hauts sommets elle germe adorée :
Quand le crucifié jeta son grand soupir,
Pour épancher l’encens de son urne éplorée
Elle nacquit aux pieds de sa croix de martyr.
1)epuis, lorsque le jour s’envole à tire d’aile,
Le Golgotba la voit s’allumer, chaque soir,
BIanche Aglaophotis , lampe odorante et frêle,
Veilleuse de la tombe, étoile de l’espoir (1).
Laisse-moi donc verser de ce baume à ton âme,
Laisse-moi t’entourer de ces vives senteurs,
Pauvre exilé, qui viens de rattacher ta prame,
Pour que bienôt, demain, le vent l’emporte ailleurs.
Ah ! s‘i1 ne te fallait que des molles prairies,
Que des blondes amours , des sourires éclos,
Des ombres pour couvrir tes grandes rêveries
Des nids pour les chanter, pour les bercer des flots;
Ah ! s’il ne te fallait que la nature immense,
Les torses de rochers, les chênes suspendus,
Les trombes que l’orage embouche en sa dénence,
Les torrents en éclats, les fleuves éperdus;
Jc saurais te mener , à travers les brousailles,
Vers ces âpres forêts que vit Dante aux enfers
Où, comme pour sonner le réveil des batailles
Un vieil aigle isolé trompette dans les airs , —
Vers ces forêts sans nom, pleines d’ombre mouvante,
Qui s’élèvent si haut dans l’espace et le temps
Qu’elles semblent, d’en bas , la mâturei vivante
D’un vaisseau de granit , construit par des Titans.
Je saurais à tes pieds mettre des sources blanches,
Jeune muse , endormie en un rêve d’amour,
Et, comme à Danaé, par le crible des branches
Faire sur ton sommeil pleuvoir tout l’or du jour.
Dans le pâle couchant des sereines journées
Quand la lune apparaît aux horizons lointains,
Blême comme d’effroi, les tempes décharnées,
Sans flamme, sans sourire, avec des traits humains;
Sur le nuage blanc d’un morne crépuscule
On dirait, à la voir se poser dans l’Ether,
Le crâne dépouillé qu’en sa froide cellule
L’Anachorète saint méditait au désert;
Oh ! tu pourrais alors , à ce spectacle sombre
Chanter l’hymne infini du doute et de l’espoir,
Et, comme d’un manteau, t’envelopper de l’ombre
Que Dieu laisse tomber à ces heures du soir.
Mais que t’importe à toi le jeune faon qui brame,
La biche énamourée et le gai muffoli,
Le sangier qui sort dc ses makis en flamme,
Le torrent déchiré qui hurle dans son lit?
Que t’importe le ciel pétillant comme un âtre
La lavange d’hyver dévorant les troupeaux
Et le soufle puissant dans la corne du pâtre
A travers tous les monts, brisant tous les échos?
Que t’importe de voir,dans l’borison qui brûle,
Le soleil se mourir d’ivresse ou de lan gueur,
Et, dans l’azur éteint la lune somnambule
Tourner autour de nous comme un astre rêveur?
Ah ! c’est d’un autre amour que ton âme déborde,
C’est d’un autre infini que tu sens le besoin
Pour que ton coeur s’éveille , il faut qu’une autre corde
Y vibre de douteur et retentisse au loin ;
Au loin vers d’autres mers, et vers d’autres étoiles;
Là bas où les parfums des brises du Tyrol
Devinant la beauté sous son masque et ses voiles
L entourent en passant et l’embaument au vol.
Savons-nous ce que c’est que d’aimer de ton âme
Nous autres qui portons notre ciel avec nous
Que d aimer son pays, comme on aime une femme?
Savons-nous ce que c’est que d’en être jaloux ?
Que de voir sa Venise, à l’étranger immonde
Ouvrir sa gorge nue et vendre son baiser
Tandis que l’on se meurt pour elle et que le monde
Du feu qu’on porte au coeur ne veut pas s’embraser?
Mon dieu, qu’est-ce à côté de ces douleurs immenses
Que nos pauvres douleurs, nos tristesses d’un jour,
Nos délires sans fin, nos transports, nos démences,
Mon Dieu! Qu’est-ce à côté de cet immense amour?
Amant de ta patrie, ah ! ce n’est que pour elle
Que tu viens aujourd’hui sur nos rives t’asseoir;
Tu viens pour la guetter, quand le vent de son aile
Ecarte le nuage et la laisse entrewoir.
Alors on aperçoit ses brillantes collines
Qui sortent de l’azur et qui nagent dans l’or,
Telles, qu’on les dirait les coupoles divines
D’un vieux temple englouti que l’homme adore encor.
Comme ce jeune grec qui le long de la grève
Se plaignait à sa mère et l’évoquait des eaux.
C’est bien ta mère aussi qui répond à ton rêve,
Et pour te consoler se soulève des flots.
Les mêmes sons du moins frapperont tes oreilles
Sur ce rocher d’exil où tu t’asseois pieux
Les mêmes grappes d’o, ces mamelles des treilles,
Comme pour t’allaiter se suspendront des cieux ;
La même vague bleue au sein plein de lumière
Palpitera d’amour sous ta joyeuse main,
Les mêmes nuits luiront à ta douce paupière,
Et le même soleil y brillera demain. -
Mon frère, ils t’ont chassé de ta Venise en fête.
Laisse tomber sur eux un sourire moqueur :
Ils ont pu t’exiler de son sein, ô poète,
Mais pourront-ils jamais l’exiler de ton coeur 7
E. C.
(1) L’Aglaophotis est une fleur qui s’allume tous les soirs , d’une étiuceile électrique. On croyait que, sur le Calvaire, elle était entretenue de ce feu par les émanationa du Christ. Un pareil phénomène se remarque dans le cresson du Pérou qui trahit le moment de sa fécondité par un jet de lumière.
Poème paru dans le Journal de la Corse, n°33, mercredi 14 août 1839, page 4
A STEFANO CONTI
N. TOMMASEO (1°)
Cantami, o buon poeta, inno più lieto.
Italia mia vedrò, l’amnata e pianta
Donna del mio pensiero: i templi antichi
Vedrò dov’ io pregai soletto a sera;
Vedrò le tele e i marmi onde la prima
Mi spirò ‘ntorno al cuore aura del bello :
Dal saldo petto e da le caste labbra
Di toscane fanciulle udrò l’accento
Della favella mia puro venire
Quasi voce d’ucel tra la verdura.
Come pittor che torna al suo modello,
O bellezze immortali, a voi ritorno
E nuova vena di piacer da voi
I rinnovati miei pensier trarranno.
Fido amator così nella fervente
E lungamente vagheggiata donna
Nuove vaghezze trova, ritornando,
E più pago che stanco in lei riposa.
Voi pur vedrò, foci del Tizio, ov’ io
Bevvi col latte e colla fede avita,
L’idioma d’Italia e la speranza
Li son del padre e della madre mia
(Nè ancor le vidi) e d’ un gentile amico
Le sepolture. E poi che baci al sasso
Dati avrò che dolor tanti ricopre,
A te, Venezia, lieta ospite mia
E donna de’ miei padri, a te possente
Lombarda terra onde l’origin trassi
Riverrò seguitando il mio destino.
Lunga stagion vagante alla montagna
orna il cavallo al cavaliero e al morso.
Ma non oblia l’amor de’paschi antichi.
La terra dell’esiglio avrà gran parte
De miei pensier : chè nell’ esiglio crebbe
L’ anima pellegrina : e sa d’ amaro,
Ma nutre forte, il pan della sventura.
Nuovo di terre e di vivente aspetto
Vidi, e udii voci che passar volando,
Che suonaro al cor mio in minore parole.
E piacer provai dentro inaspettati
Come chi va per lunga erta pietrosa
Incerta ansando, e scopre una valletta,
E tra l’ombra e le case acqua corrente.
Ond’io ne’ di quando le tue m’ avranno
Quete e del fior dell’ arte incoronate
Acque o Venezia, penserò laddove
Ne’ grandi scogli della pia Bretagna
Infrange l’oceàn l’onde tananti.
E della Brenia al margine gremito
Di regie ville, vederò giganti
Gli armorici dulmenni. e seder mesta
Quiberon dirimpetto al sol merente
Piangendo i figli suoi caduti indarno.
E dove affretta il piè per lieta vita
L’ Adige lieto, mi verranno a mente
L’ ore che lungo Senna, innamorato,
Fra le mosse dal vento ombre cantai.
Quando a notte entrerò, Pisa, il tuo campo
Ove dormon le forti ossa degli avi
Sotto la santa terra palestina,
Davanti a me si schiereran le navi
Carche d’ oro e di guerra e di peccato
Da interminato pelago veguenti
Di Loïra alle foci e di Garonna.
Nella pace, o Milan, di tua pianura
Dritte ed eccelse e in sua spessezza liete
Fremeran d’ Aïtone e di Nïello
L’ ombre ne’ miei pensier : vedrò ‘l pallore
Umile e altero delle corse donne
Percuotermi nel cuor più che d’ amore :
Udrò simile alla cirnea vendetta
Urlar tra sassi e le ulivete il vento ;
E per le felci la levata fiamma ;
E il vòcero che cupo a passo lento
Segue l’ombre de’ morti e chiama sangue.
E te pur penserò che dalla forte
Terra in cui l’adulato Esule nacque
Mandi del canto l’ospital saluto
All’ errante poeta. Oh con sue caste
Forme, felice ingegno, a sé ti tragga
L italica bellezza. A lei modesti,
Ma caldi e ornati di pietà, gli amori.
CONTI, memoria alata è la speranza.
A me, le molte che raccolsi in via
Pie rimembranze, ne’ languor conforto.
Lume al presente e all’ avvenir fien penna.
Nocchier che salpa, i remi indietro appunta
Alla riva fuggente : il navicello
Guizza sull’ onde, e a nuovi lidi aspira.
(1) Voyez Journal de la Corse, 14 août 839
Nous insérons la réponse que M.Tommaseo adresse à M.Etienne Conti. M.Tommaseo a obtenu de rentrer en Italie. Les amis de son beau talent le verront reprendre avec plaisir ses travaux littéraires. Plus particulièrement connu en France par son volume de poèmes intitulé Mes Confessions, M.Tommaseo est aussi l’auteur d’un roman Le duc d’Athènes et de plusieurs remarquables articles philosophiques publiés dans le Subalpino. Son exposition de la doctrine de Rosmini, philosophe milanais, a eu un véritable retentissement parmi les métaphysiciens.
Poème paru dans le Journal de la Corse, n°35, mercredi 28 août 1839, page 4
VARIÉTÉS.
Nous nous empressons d’insérer dans notre journal une pièce de vers, adressée par M. l’avocat Josepb Multedo à M. Tommaseo.
Poichè ritorni a sciogliere
La barca, oPellegrino,
Poiche ti chiama instabile
Sull’onde il tuo destino,
Se di mia patria amasti
L’ombre giganti, e i casti
Laghi montani, e i fior :
Se dilettosi e tepidi
Gl’inverni, e il ciel sereno
Ti sorrideano, e i ceruli
Flutti del mar Tirreno,
I monti al ciel confini,
Il mormorio dei pini,
De’ cupi antri 1’ orror ;
Se t ispiràr. se t’erano
Sorgente e poësia,
Delle cascate il fremito,
Dai venti l’armonia,
Gradito in sul cammin
Oh ! d’un amico il pianto,
Oh! d’un fratello il canto
Ti siegua, o Pellegrin.
Lunga è stagion che profugo
Sul mar vedevi a sera
Fuggir le case e gli alberi
Dell’ ltala costiera,
E il cor gemeati al pio
Suon che dai colli addio
Diceva al dì che muor.
Godevi, o pover Esule,
Sopra la poppa assiso,
Membrar la madre, e Italia,
E di sue notte il riso,
E i dolci di lontani;
E sorto in climi estrani
Pensavi il novo albor :
E mesto il cor, ma candida
Era la speme e pure,’
Santi i pensieri, e nobili
Come la tua sventura;
Alla tua patria, o Dio,
Pacato il tuo desio
Offristi, e il tuo dolor.
E accetti a Dio salirono,
Come dall’ara incenso,
La fè sicura, e vigile
Nel duol 1’amore immenso;
Ecco il tuoduolo intende
Ecco pietoso Ei rende
La patria al tuo dolor.
Ma Pellegrin, se al reduce
Nonsai quaisiacoltello
…………..., evedovo
Trovar 1’avito ostello,
Resta, infelice! O a nova
E più molesta proya
Oggi ritempra il cor.
Lasso! fra genti incognite,
Dischiusa a te le braccia,
Una soave immagine
Sempre ti stava in faccia;
Ma invano al patrio tetto,
Chiodi e al materno letto
Gli amplessi, e il lungo amor.
Sul notopoggio un salice
Al nuovo avel fa velo.
O Pellegrin, non piangere!
Leva lo sguardo al Cielo;
Bacia la tomba, e canta !
Vive tua madre, e santa
Risponde a’ tuoi pensier.
…………………………..
Poi sulla Brenta flebili
Dell’ usignuolo i carmi.
E fiere e malinconiche
Storie d’amore e d’armi
Al raggio della luna
Udrai perla laguna
Cantare il gondolier;
E sul canal gli aerei
Ponti e le statue, e in arco
Vedrai nel sol le cupole
Levarsi di San Marco,
E dalla torre ai Piombi
Dei liberi colombi
Gli amori e i lieti error.
E appesi all’ are splendidi
Trofei, che all’ infedele,
Rotto sul mar di Siria,
Toser l’ adrïache vele,
E di Bisanzio i vanti.
E ibronzi, e le parlanti
Tele, e le gemme e l’or.
Ma per le vie, pei portici
Marmorei e su i veroni
………………………...
Ripenserai le gotiche
Chiese e i pregati altari.
Le tombe ignote, e i rapidi
Fiumi e gl’ immensi mari,
E ad ignorate valli
Perso per torti calli
A sera il tuo sentier.
…………………….
Prega, e segreti agli Angeli,
Alla tua madre, ai Santi,
Versa profondi e liberi
Della tua lira i canti;
Combatti coll’ esempio,
Degno d’Italia un tempio
Le innalza nel tuo cor.
……………………….
E poichè a sè ti chiamano,
Mesto e gentil desio,
D’ Adria i be’ seni e i tumoli
Diletti, e il suol natio.
E di Fiorenza i vaghi
Colli, e i lombardi laghi,
E i templi e le città;
Sul tuo sentiero un angelo
……………………………
……………………………
……………………………
Mostri i perigli ascosi,
Vegli al tuo sonno, e posi
Sulla calunnia il piè’;
A’ tuoi nemici folgore,
Guida a’ tuoi passi e scampo,
Brilli tremendo e placido
Della sua spada il lampo
E s’arde il sol, se stanco
Alla salita è il fianco,
Se incerto e lasso è il piè ,.
Ricco di fronde un albero
Sulla tua fronte i rami
Chini, e sia letto al languido
Tuo capo un cor che t’ami;
Di fresche acque gorgogli ,
Di nuovi fior germogli
Ridente il tuo cammin.
Ma in riva all’Arno o al Tizio,
Dell’aspra isola mia,
O Pellegrin, memoria
Serba soave e pia
E grato in sul cammin
Oh ! d’un amico il pianto
Oh! d’un fratello il canto-
Ti siegua, o Pellegrin.
Poème paru dans le Journal de la Corse, n°36, mercredi 4 septembre 1839, page 4
A GIUSEPPE MULTEDO.
N. TOMMASEO.
Te, comne donna sconosciuta ancora
Che la voce e l’andar suo c’innamora,
O Corsica, pensai con lieto amor.
Quando vidi spuntar le Sanguinare,
Figlie gemelle tue , cui bacia il mare
E aprile il capo e il lembo orna di fior ;
Parvemi quasi di finir l’esiglio
Italia ! Italia ! dissi : ogni tuo figlio
Stimai fratello, e gli tendea la man.
Ma freddi e schivi i più de’ tuoi vedea
D’ltalia al nome : e il cuor mi si facea
Comne d’amante ch’ ha sperato invan.
Gli è ver ch’ italo ferro il piè ti strinse ;
Che Genova tiranna a te s’avvinse
S’avvinse a te come serpente suol,
Che vecchio e stanco all’ale s’aggroviglia
D’aquila giovanetta : ella gli artiglia
Le squamee spire, e morde, e tenta il vol.
Ma se del tuo nemico a te diletta
Acre il dolor, compiuta è la vendetta
Dalle tue rupi il torrido soffiò
Vento che di lontane onde 1’ altera
Regina. Un tempo, ligure bandiera
Con la spezzata antenna in mar lanciò.
Itala terra sei : nell’ accorata
Delle tue donne funeral ballata
Spirano i suoni che il mio Dante amò.
Alla pinguezza dell’ Euganeo suolo,
Alle balze del ripidoNiolo
L’arbor medesma i suoi germi fidò.
Ebbe anch’ Italia antichi i suoi tiranni ;
Li prese e ruppe, e di famosi affanni
Per agognate vie bella salì
E d’ Amalfi a Milan, d’ Adria a Tortona,
Fitte, siccome i pini inVizzavona,
Città pugnaci pullularo un dì
Città di re terror, donne di regni :
E volaro e posar gl’ ital’ ingegni ,
Delle terre e dell’ onde imperator.
Quell’ odio che i tuoi figli, isola forte,
Consuma e ad uno ad un li getta a morte,
Provincie intere divorava allor.
Non dalla macchia a flotte o a dubbia mane,
Ma in pien meriggio al suon delle campane
Dagli alti merli o nell’ aperto pian
Si feriscono a mille, insin che altero
De’ falli nostri, il vigile straniero
Venne e legò le fratricide man.
L’odio miseri noi, 1’odio ci ha sfatti :
Alla febbre de’ rabidi misfatti
il letargo seguì de’ turpi amor.
Scuola ti sia 1’esempio : e dona a noi
Memore pianto. Nè scordar ci puoi ;
Ch’Italo sangue a te batte nel cuor.
Sempre Italia sarai. — Sento venire
Di versi un’ armonia ch’al mio partire
Tra i poggi e l’acque di Bastia volò. ‘
Puro cosi d’ Arquà sulle pendici,
Cosi de’ cedri tuoi nelle felici
Aure, Benaco, l’usignuol cantò.
Segui a più alta via, dolce poeta
De’ tuoi fratelli in cor forte e quieta
Spira col canto un’ armonia d’amor.
Me di nuovi dolor lieto desto
Altrove chiama. Austera isola, addio
Non obbliare il profugo cantor.
Sai di che schietto amor primo t’ amai,
Con che libera gioja ringraziai
Del tuo mare e de’ cieli il bel seren ;
E udii le oranti vespertine squille
Di poggio in poggio ; e le sospese ville
Vidi , o posate a la convalle in sen ;
E del nembo fuggii nelle tue grotte
Lo scroscio ; e corse giù per vie trarotte
E su tremoli ponti agile il piè
E colsi la volante poesia
Di bocca alle tue donne ; e l’armonia
Di lor canzoni ne verrà con me,
Grato dono all’Italia. Intesi il pianto
Forte e simile a modulato canto
Della sorella ch’ a le assise invan
Chiedea vendetta del fratel tradito
Visitai dentr’ al carcere il bandito ;
Strinsi ( confesso) la macchiata man
E quando al fin de’ miei mertati guai
Vicino esser credea, raccomandai
Potesser le ignorate ossa posar
Al Borgo là dov’ ombre armate intorno
Ai ben difesi tetti errano, e il corno
Pajon, che a guerra inciti, ansie bramar.
Ombre italiche siete. E spesso a sera
Sulla bruna onda mute in lunga schiera
Cercar vi vidi con pieto amor
D’Italia i liti — Nel natio soggiorno
Tornate, o benedette : avrete un giorno
Grande d’affetti e di preghiere onor.
Poème paru dans le Journal de la Corse, n°37, mercredi 11 septembre 1839, page 4