Versione :
Francese

Mutu

a volte l’acqua scende
e trasporta tutto
bisogna dire qualcosa
se si fa poesia

Viens ici

Contempler le passage des siècles sur la côte

les massives étendues d’interminables falaises de roche polie ou écrite en hyéroglifes de pierre et sable blanc et I’eau limpide jusqu’au fond et là bas des palmiers lointains et fins comme les doigts d’une main de sable qui indique des horizons jusqu’à la mer
Viens ici

où même les voix ont des racines et prennent couleur

les voix religieuses des vieilles femmes enveloppées dans un obscur chant sacré et devin qui surplombe de grandeur émietée que depuis toujours appartient à cette maison que j’ai depuis toujours habitée et abandonnée
Viens ici
en revenant l’été

et en retrouvant turbulence de monotonie qui sonne comme musique de mouches

il voudrait hurler des pierres ce silence
viens et regarde se disperser la nuit

regarde cet infini qui traverse l’air en rendant impersonel même ton corps comme temps de brouillard
et le maquis et les montagnes avec au-dessus la forêt et myrte et arbousier, et les terres arides des collines basses épineuses et craquées l’été, douces au pâturage le printemps, et, au delà, vignes soignées et oliviers, et eucalyptus, et chaleur d’hélichryse et sable rouge suffocant dans le vent qui l’apporte du désert, et asphodèles et genêts le long fleuve ou plutôt une rigole paresseuse qui dans son incurable insomnie filtre comme un serpent entre les pierres pour mourir chaque jour un peu plus jusqu’à la prochaine pluie qui nous apportera l’odeur forte de la terre
mais toujours on retourne dans cette terre
et ici on persiste dans la route
Et les rigoureux comptes-rendus de l’origine devront éternellement rappeler toutes les famines et les barres et la chaîne romaine, espagnole, italienne, arabe, américaine...
dans ma méditerranée il n’y a pas de vainqueurs