Versione :
Francese

Siham BOUHLAL - CORSIGA

Bonifacio

Dans mon cœur
Un œil s’ouvre
Pour ne voir que toi
Tu bouscules
Le sens de la beauté
Dans le monde
Et refais sa face

Bonifacio
Tu précipites le regard
Et le rattrape
Le fais vieillir
Rajeunir
Naître
Défiance
A la mort

Bonifacio
L’amour dans toi
Trouve sa racine
L’âme nue
De
La
Connaissance
De
Toi
Ne peut se charger
De passion pure

L’âme dépourvue
De toi
A pris des rides
Insensées

Bonifacio
Verse dans moi
Cette falaise
Ce rocher
Ce granite
Renouvelle mes artères
D’un déluge de sel

Bonifacio
Du feu
De ce cierge
Allumé
Sancte Joannes Baptista
Brûle tout
Ce qui n’est pas Toi

Remonte
Dans le labyrinthe
De tes ruelles
Mes pas et apporte
Cette vie déployée
Sans toi

Bonifacio
Revêts-moi
De l’attente
De ce pêcheur
Tissant les instants
Saturés de beautés
De douleurs de pudeurs
De richesses vertes
D’un cœur de corail
Habille mon sein

Bonifacio
L’or de tes oliviers
Coule maintenant
De mes yeux
Mon regard posé
Sur ta nappe marine
Voit mon visage
Devenir Toi

A Bruno Susini,

Une voix monte
De profondeurs
De moi inconnues
Elle arrive assaut
Dans mon cerveau
Le fait éclore
Lumière de ce pays

La Corse haute
Dans cette voix
Monte dans moi
Griffe de ses couleurs
Les
Berges
De
Mon
Sang
Ta voix ton chant
Une montagne
S’avance vers moi
M’enveloppe
Comme une matrice
Me nourrit d’un flux
De soleil
Me couvre d’un drap
De lune
Ouvre ma poitrine
Y dépose un cœur
Taillé dans la pierre
Il bat
Bat
Bat
Bat
Au son puissant
De ta voix

Prête-moi ta langue
Un instant un seul
J’écrirai de Bastia
La brume le bleu
Les bateaux
La marée la montagne
La mer la main glacée du destin
Le matin et j’oublierai la mort

Prête-moi ta voix
Un instant un seul
Je chanterai Pigna
Paradis paroles vertes
Cœur chaud de Balagne
Polyphonies parterre de voix
Pavé pierre plante grimpante
Pigna penché pleut son olivier
Sur la Balagne

Prête-moi ton sang
Un instant un seul
Je coulerai rosier
Sur l’île rousse
Liseron sur la tour génoise
Ras de marée dans les airs
Rousse vermeil pourpre
Grenat
Île
Rousse

Prête-moi ton souffle
Un instant un seul
Chemin de croix
Jusqu’à la Trinité
Cœur païen cœur de Marie
Cœur
Sculpté dans la pierre
Cœur
Consumé sur les cimes
Cœur
Déversé dans le sel
Que boit la Trinité

De toutes parts
La mer
De toutes parts
Le ciel
La mer le ciel
L’Homme garde
La montagne
L’homme
Garde
La Montagne
Monte voyageur
Monte
Il est assis
Sur les hauteurs
Monte
Mais jamais jamais
Tu ne l’atteindras
Ma mère me l’a dit
Ici elle a foulé
Le sol
Depuis avant
Ma conception
Ici, mère
J’ai foulé
Le sol
Et je suis née
Encore
Le sable Tire
Le sel et l’eau
Ma mère
Encore fraîche
D’amour
Roule dans le sable
Alourdi de sel et d’eau
Corps de ma mère
Corse Amore Corpu
Corse Matre Mare
Corse Ecorce
De mon âme

Une grenade
Déposée
Dans ma main
A quitté son Île

Elle se déverse
Larmes
Dans mon sang

Une à une
Ses perles
Respirent
Dans moi

Le maquis
Flamboie
De senteurs
D’une jachère
D’âmes endormies
Respirant toutes les couleurs
Soufflant leurs rêves
Sous le drap du maquis

Le maquis
Se referme sur les secrets
De pas pressés
Ou prenant leur temps
Et chaque jour
Les souffle parfums
Pour s’apaiser

Ecoute le maquis
Ecoute-le
Pleurer l’eau de rose
Dans mes yeux
Ecoute-le
Poser une couronne
D’arbousier
Sur mon front
Recouvrir mon corps
De feuilles de genévrier
Et le ressusciter

Ecoute-le rouler
Dans la voix
Du poète
Se répandre
Dans toutes les
Messes dites

Le maquis
Flamboie
De senteurs
D’une jachère
D’âmes endormies