Au café du coin
Puesia
Au café du coin
on vend dans de petites bouteilles
le breuvage que tu boiras
pour que ta vue s'améliore.
Je veux un grog de nostalgie
au goût de passé,
J'ai une goutte d'amour
avec le parfum du désir,
et des gouttes de sentiments,
un soupçon de mélancolie,
deux cuillères d'illusion,
et beaucoup de sympathie.
Au café du coin
la danse se dissout,
le piano jette un mot,
le vin devient sang.
Les yeux ne voient plus,
l'esprit ne comprend rien,
l'horloge n'est pas remontée
et le globe tourne encore,
tordu jusqu'à tomber
dans la falaise de nulle part et de jamais,
brisé en morceaux
dans l'abîme du néant et de personne.
Une recette que l'esprit
a créée car il avait tous ses sens.
Une recette dont la folie
rassemble en elle toute la sagesse.
Au café du coin
le cocktail du destin
se vend bon marché pour nous
joyeux cadavres.
Ils boivent jusqu'à s'enivrer
avec l'esprit lourd du temps,
ils ont englouti le grog du siècle,
ce soir c'est moi qui régale.