L'ENSEIGNEMENT MUTUEL ANNEXE 3
Attività altre
ANNEXE 3
Conseil royal de l'instruction publique
Instruction primaire
projet d'établissement de trente quatre nouvelles écoles chrétiennes en Corse.
Note (janvier 1821) pour Son Excellence le ministre, secrétaire d'état, président du Conseil royal de l'instruction publique
M. Mourre, inspecteur chargé des fonctions rectorales en Corse et dont la mission a pour objet d'améliorer l'état de l'instruction dans ce pays s'occupe depuis plus d'un an avec un zèle infatigable de tout ce qui peut faire atteindre ce but important. Le plus pressant besoin de la Corse à cet égard est l'instruction primaire. M. l'inspecteur y donne tous ses soins et a déjà pu opérer un peu de bien mais sa sollicitude ne s'est pas bornée à quelques améliorations partielles, mais d'apporter ses vues sur une organisation plus complète de l'instruction primaire. M. Mourre a présenté à cet effet un projet d'établissement d'un certain nombre de nouvelles écoles convenablement réparties dans tout le pays. Il regarde l'exécution de ce projet comme le moyen le plus propre à répandre l'instruction élémentaire en Corse et par là , à tirer le peuple de ce pays de l'état de barbarie et d'ignorance où il est profondément plongé.
Les écoles projetées seraient au nombre de trente quatre, savoir quatre écoles chrétiennes et trente d' enseignement mutuel. M. Mourre regarde ces dernières écoles après les écoles chrétiennes comme celles qui conviennent le mieux à la Corse attendu qu'on peut y réunir à moins de frais un plus grand nombre d'enfants. D'après le bien très sensible qu'a déjà opéré sur un point de la Corse à Ajaccio, la seule école de frères qui existe dans le pays nul doute que les écoles chrétiennes ne dussent y être multipliées préférablement à toute autre école pourvu que les frères qui les dirigeraient fussent français. En proposant d'établir trente écoles d'enseignement mutuel et seulement quatre de frères on a donc eu égard qu' à la dépense plutôt qu'à l'utilité respective des deux sortes d'établissements; du reste l'expérience prouve aussi que faute de pouvoir établir un nombre suffisant d'écoles de frères on ne peut rien faire de mieux que d'avoir recours aux écoles d'enseignement mutuel contre lequel les Corses n'ont aucune prévention. La dépense pour l'établissement des nouvelles écoles et pour leur entretien durant la première année est évaluée à 75.000 francs , la dépense annuelle ne serait plus ensuite que de 11.400 francs .
Pour subvenir à la première dépense, on a demandé qu'il y fut affecté
1° la moitié du revenu des communes évalué à 4.566 francs
2° le produit de 40 centimes additionnels qui serait établi 26.590 francs
3°une allocation départementale de 15.000 francs
total 46.156 francs
différence jusqu'à 75.000 28.844 francs
Cette différence serait remplie par un secours du gouvernement qui pourrait être diminué de ce qu'on retirerait d'une souscription qui a été ouverte en Corse en faveur de l'enseignement élémentaire . Les sommes pour lesquelles il a été souscrit s'élèvent à plus de 10.000 francs mais elles n'ont pas été versées et le retard apporté à l'exécution du projet annoncé paraît avoir refroidi le zèle des souscripteurs et fait craindre qu'on ne puisse recueillir maintenant qu'une très petite partie de cette somme. On évaluait dans le principe à 26.000 francs la somme que le gouvernement aurait à fournir. Tel est au plus le seul sacrifice qu'il aurait à faire pour l'exécution d'un projet qui doit influer et influer si puissamment sur la civilisation et par conséquent sur l'avenir de la Corse.
Ce projet a été fourni à Son excellence le ministre de l'intérieur il y a déjà sept mois et il a été rappelé fréquemment depuis et avec insistance à son attention . Le ministre n'a encore rien statué. seulement il a fait connaître que la décision à intervenir a été retardée par la difficulté de concilier la base du projet avec la législation existante. On sait aussi qu'un rapport a été fait à ce sujet par le chef du bureau de la comptabilité des communes et que ce rapport est depuis plusieurs mois entre les mains de monsieur le Baron Mounier. Il paraît qu'il n'y a été mis aucune suite.