Ducumentu
Fils et petits-fils de bergers en Alta Rocca
Jean-Dominique Giovannangeli
On préparait la transhumance plusieurs jours avant le départ. Nous chargions le cabriolet de vêtements, de provisions, et nous y mettions les animaux domestiques. Les troupeaux partaient après la traite. Il fallait aller à pieds jusqu’à Sapareddu. À peine arrivés, nous ensemencions. Tôt le matin nous partions en direction de l’Alcudina en suivant les troupeaux. La marche se terminait au hameau de Prugna. Le temps d’une saison le bruit des clochette redonnait vie à ces montagnes.
Enfin nous pouvions nous reposer un peu, fières d’être arrivés. La montagne était parfumée à profusion. La première chose à faire était de laver la maisonnette. Il n’y avait rien dedans, nous étions pauvres. Mais à l’époque les gens s’entraidaient. Nous étions propriétaires de la maisonnette mais pas du terrain et des jardins qui l’entouraient.
En montagne les animaux partaient et revenaient d’eux-mêmes. Nous reconnaissions nos bêtes au son des clochettes. En plus, chaque berger avait choisi un signe de reconnaissance placé sur l’oreille.
Nous avions beaucoup de temps de libre pour nous, ça nous faisait du bien par rapport au travail de la plaine. Les fruits du jardin étaient fameux. Là-haut régnait une discipline communautaire et personne ne la remettait en cause.
Albiana 2003.