AZZIONE È PRUGRESSI IN LINGUA CORSA IN CARICA ANCU DI L’ASSOCI

Scontri di 31.10.2023

PROPOSITIONS  POUR UN PROGRAMME ACTUALISÉ DE RECHERCHE EN LANGUE ET CULTURE CORSES

 

 

         Le programme actuel de l’L’Institut d’Études Corses peut se définir comme un ensemble de recherches en sciences humaines qui s’appuie sur l’étude du domaine corse .

Cette conception, parfaitement justifiée d’un point de vue scientifique et universitaire, ne peut que rencontrer l’adhésion de tout enseignant-chercheur, à l’intérieur comme à I'extérieur de L’I.E.C. Elle n’a cependant pas permis, à ce jour, de prendre résolument en compte un souci exprimé lors même de Ia création de cet institut et que l’on retrouve dans les travaux de L'Assemblée de Corse à propos de Ia culture corse et de son avenir.

 

         On sait en effet que s’est affirmée à plusieurs reprises la volonté

régionale de voir la conservatlon et l’étude du patrimoine aller de pair avec l’exploitation de celui-ci dans une action culturelle vivante. Cette réflexion intègre l’usage généraIisé de la langue corse comme support de Ia démarche culturelle ainsi adoptée. Dans cette perspective le développement culturel s’insère dans le « développenent économlque endogène car il fonde, iI enracine la volonté d’agir et travailler en Corse ». Il va sans dire que cet « affermissement de l’identité corse" s’accompagne nécessairement de  "Ia confrontation avec Ies autres cultures, avec les valeurs et les impacts de Ia société contemporaine ».

         Or le contrat pluriannuel proposé par Ie Conseil Scientifique de l’Université de Corse affirme que ses orientations sont en liaison étroite avec le milieu régional, et que la recherche doit s’inspirer directement des problèmes d’une région en transformation et en développement ». La coordination État-Région-Université, lit-on dans le préambule de ce contrat, doit être « Ie garant d’un développement rationnel de l’activité régionale en matière de recherche et de développement.''

         De son côté L’I.E.C. confirme ces analyses et considère comme un atout majeur l’ancrage dans le milieu régional " dans la note préliminaire annexée aux propositions du Conseil Scientifique.

 

         Il paraît donc non seulement souhaitable, mais nécessaire et sans doute urgent d'infléchir l’actuel programme de I'I.E.C. dans Ie sens d’un élargissement du champ de ses activités. Il appartient bien entendu aux instances responsables de juger si l’adoption d’une ligne de recherche nouvelle et finalisée sur le développement régional nécessite des modifications de structures .

 

         Pour remplir cette mission nouvelle, L’I.E.C. associera à sa vocation première la recherche, des activités complémentaires (formation, animation, information, production) qui Iui permettront de réaliser l’enracinement régional souhaité .

 

 

1 - Une impulsion nouvelle pourrait être donnée aux travaux en cours (Atlas linguistique, ethnomusicologie, sociolinguistique,  par exemple…) si I'lnstitut s’assurait la collaboratlon des nombreuses associations de terrain dont les membres recevraient une formation aux méthodes d’enquête et d'analyse (L’I.E.C. prenant alors l’initiative de stages et actions de formation définis en fonction des besoins: sensibilisation, initiation, perfectionnement …). Ainsi pourrait être corrigée l’image de marque encore trop répandue d'une recherche universitaire repliée sur ses privilèges et ses préoccupations. Par ailleurs, une réflexion menée conjointement permettrait à L’I.E.C. et à I’I.D.I.M. de définir des plages communes d’action et, par une coordination des efforts, d’accroître la portée des résultats.

 

         2- II faudrait aussi inscrire au programme de L’I.E.C. de nouvelles activités de recherche, notamment dans le domaine de la lexicologie et de la didactique de la langue corse. La généralisation de cette dernière impose en effet un examen critique de l’actualisation en cours du lexique corse (travaux divers, en particulier la série « Lingua è tecnica'',  réalisée  depuis 1976 par L’A.D.E.C.E.C.) de même qu’un effort de création: en ce domaine aussi  on préférera la collaboration aux travaux parallèles. Des initiatives se développent depuis quelques mois dans le sens d'une informatisation de la recherche lexicologique (projet INFCOR de L’A.D.E.C.E.C., projet E.A.O. du C.D.D.P. de Haute-Corse, projet KALLISTEL de Ia Chambre de commerce Bastia-Corte-Balagne ) . L’I.E.C. doit s’engager délibérément dans cette voie et mettre en relation ces initiatives avec la structure universitaire (chercheurs en Études corses, équipe informatique de l’université ) .

         2.2 Étant donné l’urgence de la demande d’instruments didactiques, L’I.E.C. doit pouvoir, sans agir arbitrairement sur la langue, mettre à la disposition des différents utilisateurs un ensemble cohérent de conclusions, établies scientifiquement et permettant  la réalisation d’outils pédagogiques fiables (grammaire, manuels d’orthographe.) Depuis dix ans l’enseignement de la langue et de la culture corses s’est imposé à travers des vicissitudes diverses.  Il est aujourd’hui devenu réalité. Cependant la démarche pédagogique, élaborée de manière empirique, nécessite une actualisation des méthodes, des contenus et des objectifs.

 2.3.Sans se substituer aux structures académiques de réflexion, de documentation et de formation, mais en Iiaison étroite avec elles et en leur apportant le point de vue de Ia recherche, L’I.E.C. doit permettre Ie passage de l’étape préscientifique à une démarche plus rationnelle. Il est en particulier indispensable de réaliser Ia synthèse critique d’une documentation difficile d’accès à cause de sa dispersion et de sa fragmentation: cahiers pédagogiques ronéotés, recueils de textes à l'usage des enseignants L.C.C., productions  d’écoles… etc. Cette synthèse doit s'accompagner de l'étude méthodique des politiques mises en oeuvre au niveau international pour les langues et cultures minorées et, plus généralement, pour l’apprentissage des langues vivantes. Cette double tâche pourrait être menée à bien par un département de documentation cogéré par L’I.E.C. et Ie C.D.D.P. de Haute-Corse, structure dont certains aspects intéresseraient d’autres secteurs universitaires (I.L.C. , enseignement des L.E.A. et des Lettres modernes).

 

         3 - Ce souci d’une recherche constamment actualisée en matière d’apprentissage des langues rendra L’I.E.C. particuIièrement performant en matière de formation: ses prestations pourraient se diversifier, des actions programmées par Ia Mission Académique de formation des personnels de l’Éducation Nationale aux stages organisés en direction des administrations et entreprises, la formule de Ia déconcentration assurant une grande souplesse d’action et favorisant Ie rayonnement de L’I.E.C. dans le grand public .

         L’action en faveur de Ia langue constitue certes une priorité mais non une finalité exclusive: elle doit être au contraire, le vecteur d’une politique de 3.2. recherche et de formation portant sur les différents langages de Ia communication et de la création culturelle corses. Aussi L’I.E.C.. pourrait-il s’associer à des organismes existants ou en gestation (I.LC., Maison de Ia Culture de la Corse, Centre Culturel Régional, Centre Régional de formation linguistique et cinématographique ) de même qu’aux associations culturelles, pour élaborer une véritable charte régionale de formation aux métiers et activités qu’intéresse la création culturelle: presse écrite et parlée, animation cinématographique et audlo-visuelle, poésie et littérature, chant, danse, musique, arts plastiques et productions vernaculaires.

         Ouvrant sur la formation universitaire où ces secteurs seront intégrés dans les années à venir (D.E.U.G. et licences formant aux arts et métiers du spectacle et de la communication, maîtrises spécialisées), fort de son riche fonds documentaire et de l’expérience de ses chercheurs L’I.E.C. peut, grâce aussi à son statut d’organisme de recherche qui l’affranchit de tout soupçon d’utilitarisme, faciIiter

3.3. le rassemblement des initiatives et éclairer les choix. L’organisation de stages, séminaires, débats et sessions ayant pour objet la création culturelle traditionnelle et contemporaine tant corse que méditerranéenne sera à ce sujet déterminante. Il ne s’agit pas d’élaborer un programme d’animations socio-culturelles visant au seul divertissement, mais bien de planifier Ia réflexion sur Ie devenir de Ia culture corse, en favorisant Ia rencontre et le dialogue des acteurs et décideurs qui ont la maîtrise de cet aspect du développement insulaire. Certaines activités du D.E.A. d’Études corses peuvent par ailleurs trouver dans ces recherches une matière et un prolongement en stimulant la réflexion et en suscitant les synthèses.

 

         4 - Une politique de l’information et de la diffusion doit se développer en ce qui concerne les études corses: elle prendra appui sur Ia documentation de L’I.E.C. qu’elle mettra à la disposition du public, des étudiants, enseignants, associations, chercheurs et acteurs du développement culturel par une action régulière et programmée. Il faut pour ce faire que L’I.E.C :

         informatise son fichier documentaire de manière à  permettre l’accès télématique à ses informations ; i

         se dote d’une publication périodique (bulletin de liaison L.C.C) réunissant des informations diverses et complémentaires: études corses, pédagogie, vie des associations, tribunes et articles touchant à la politique culturelle et à Ia création;

         qu’il offre un service actif de diffusion des études corses menées à l’Université de Corse (enseignement des différents cycles, conférences, etc..) destiné aux étudiants salariés et à un public plus large: documentation écrite et sonore pour laquelle convention serait passée avec le C.R.D.P., le C.D.D.F. et la Délégation Académique du C.N.E.C. ;

         qu’il réalise, en collaboration avec les organismes cités et les structures académiques de réflexion et d’action (Conmission académique, Groupe de Travail, Cellule académique, conseillers et animateurs pédagogiques L.C.C.), les instruments didactiques indispensables à l’essor d'une politique de promotion de la langue et de la culture corses .

 

Jacques THIERS

M.A. Langue et littérature corses