P.GARDY (3)

(Une écriture de l’ambiguïté ? Le lien à la langue » dans l’écriture occitane, 1965-1994). Avec Philippe Gardy nous abordons la problématique qui touche ou matériau linguistique proprement dit- Prenant appui sur le récent et intéressant ouvrage de François Pare (Les littératures de l'exiguïté, il note que l’auteur canadien, par ailleurs très convainquant, laisse de côté un des aspects essentiels de cette fragilité, de cette discontinuité, de cette exiguïté des littératures visées: la rareté-raréfaction de la langue précisément.

Paré parle du français, îlot perdu dans l'océan de l'anglophonie nord-américaine ; or, notre qualité de locuteurs, et surtout d'écrivants de langue minorée, que nous fussions sardes, corses ou occitans, nous met dans une tout autre situation dont les conséquences sur l'écriture littéraire sont loin d'être négligeables : les choix thématiques et stylistiques, tout comme ceux qui relèvent des options génériques et des esthétiques, paraissent en partie tributaires de I'émiettement, voire de l'éclatement du tissu linguistigue et de sa dispersion.

Si Gardy pointe avec son habituelle efficacité tendances subtiles et lignes de faille entrevues, dans un paysage littéraire qu'il connaît comme analyste pertinent autant qu'important acteur, la caractérisation qu'il propose des nouvelles tendances de la jeune expression occitane permet d'ouvrir des horizons : par exemple, ce qu'il appelle les « éloignements " de l'écrivain occitan, par rapport à sa région géographique, à la langue traditionnellement transmise, par rapport aux évolutions récentes des statuts socioIinguistiques, à la mémoire communautaire même... peuvent surprendre voire déconcerter mais ne sont pas ici générateurs de pessimisme, ou de projections décadentistes sul l'avenir.