Veut-on distinguer entre francorse et français régional de Corse (f.r.c.) ?

 

On peut dire comme P.M.Filippi (1992) que le f.r.c. représente la réalisation corse du standard français, à côté d’une variété d’hybridation plus grande, le «francorse », relativement éloignée de ce standard. D’autres n’établissent pas le même distinguo (cf. Comiti 1992, 246). Cette définition du f.r.c. s’étend en effet jusqu’au recours au code-switching. Ce n’est pas le cas de Filippi (1992) qui identifie le f.r.c. parmi les variétés suivantes:

 Je dis que Pierre frappa Paul (français soutenu)

  • Je dis qu’il y a Pierre qui a frappé Paul (français usuel)
  • Je dis que Pierre il a mis une rouste à Paul (français populaire)
  • Je dis que Pierre, à Paul, il l’a frappé (f.r.c.)
  • Je dis que Pierre il a donné une concie à Paul/ Je dis que Pierre il ci a chaqué une tchibe à Paul (francorse)
  • A Paul, je te le dis, Petru l’hà datu una concia (code-switching)
  • Petru hà datu una concia à PaululPetru hà minatu à Paulu (corse).

On doit donc conclure que la définition du f.r.c. est extensible, et cette extension dénote la labilité d’un phénomène qu’on ne saurait isoler en variétés bien formées.

        C’est surtout à l’étude sociolinguistique qu’il appartient d’éclairer la véritable fonction de l’emploi de très nombreux calques et emprunts conscients tels que chapper ou scapper pour «s’échapper», stoumaguer pour «dégoûter». La conversation quotidienne et souvent aussi des prises de parole plus formelles se présentent donc comme une réalité langagière qui circule entre le français et le corse.