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1990

nous pourrions faire l’amour et ne le ferons pas,

trop de nuit nous sépare.
et nous avons cessé de tisser
l’intimité qui nous soutenait.

les heures rampent à plat ventre par terre.

le vent remuera les branches
peut-être à midi,
la soupe trop froide…

nous pourrions faire l’amour et ne le ferons pas
il y a trop de tromperie dans la conversation.
et l’eau de la douche est glacée.

nous avons le feu, il y a longtemps, mal éteint :
il a rempli de fumée toute la maison
et maintenant pleurent nos yeux.
celui qui nous verra croira que nous nous aimons.

mais toi et moi nous ne ferons pas l’amour.