CULTURE ET SANTE

Scontri di 15.07.2014

Faire venir la culture en milieu hospitalier n'est pas forcément chose aisée. Pourtant, cela fait déià quinze ans qu'un programme interministériel est dédié à Ia cause. Sur l'île, Ie concept est encore relativement méconnu, et c'est notamment pour le développer que I'institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) de Haute-Corse, avec I'agence régionale de Ia santé et la direction régionale des affaires culturelles ont organisé un colIoque culture et santé, hier à Corte.

Une journée dédiée avant tout aux professionnels des deux milieux, mais ouverte à tous, au cours de Iaquelle Ies intervenants se sont succédés sur un mode ludique, qui rompt avec ce qu'on a l’habitude de voir dans ce type de manifestation: toiles, dessinateur, musique, poèmes... De quoi inspirer et montrer qu'il s'agit d'une "politique ambitieuse, que la Corse peut largement développer avec les projets qu'elle porte"., note Xavier ColIal, chargé de mission interministériel Culture et santé.

Dans la salle Natale Luciani du centre culturel universitaire, plusieurs projets ont été évoqués et pourraient être financés grâce à ce dispositif. "Ils sont excellents. Et je le dis sans aucun a priori. J'ai un avis personnel sur chacun, mais ce qui est important, c'est d'avoir, au contraire, une vision globale. L'objectif, c'est de faire en sorte que ce programme se qualifie, se professionnalise et se développe. En Corse aussi, d'autant qu'elle possède les bonnes idées pour le permettre." ,

600 projets ar an en France. L'une d'entre elles pourrait être portée pour toute l’île, plutôt que pour un seul établissement. ll s'agit du réseau numérique MyHospiFriends. Créé par Julien Artu, lui-même ancien patient longue durée suite à un accident de la route en 2011, le réseau a pour vocation de sortir les patients de leur isolement, "selon un principe très simple qui consiste à se dire que derrière les portes des chambres voisines, il y a forcément une personne qui partage au moins l'un de mes centres d'intérêt et avec qui je pourrais entrer en contact", précise le jeune homme. Cet ancien hôtelier reconverti en responsable de start-up, a déjà vendu son concept dans certains hôpitaux du Continent, "et pour le moment, les retours sont plutôt bons. Outre le fait d'engager le dialogue entre les patients, cela leur permet de mieux vivre leur pathologie, tout simplement en y pensant moins. Sans compter que les soignants sont moins sollicités à la moindre inquiétude, ce qui rend les journées de tous plus sereines et les relations entre patïents et soignants plus agréables ».

Des projets de ce type,la convention Culture et santé en fait éclore 600 chaque année, dans toutes les régions, selon un système d'appels d'offres. Ces proiets expertisés par la DRAC et l’ARS qui les valident ou non. - Mais tous peuvent trouver leur public en s'appuyant sur une politique de démocratie culturelle et une humanisation des établissements de santé, détaille Xavier Collal. Ce sont des lieux de brassage et de métissage social, dans lesquels la culture, peu importe la manière dont elle arrive, peut toucher à la fois familles et soignants.

Ces derniers, certains projets tentent de les impliquer. Ils peuvent eux-mêmes en élaborer. « On se rend compte que les soignants veulent que cela fonctionne. Pour Mythospifriends ce sont les hôpitaux qui prennent en charge le coût du réseau, de manière à ce que les patients n'aient rien à débourser. De cette façon l’hôpital, avec son personnel, devient lui aussi acteur, poursuit Julien Artu.

De I'argent, il en faut forcément pour développer ce type de projets. Il y a les dotations publiques, bien entendu, nais rien n'empêche de trouver d'autres moyens. "En ce sens, l'implication du mécénat de proximité peut se révéler intéressante, et cela pourrait être unevraie piste pour la Corse," estime Xavier Collal.

De quoi peut-être donner des idées aux insulaires. "L'accès à la culture est un concept qui doit se décanter Une fois que chacun se l'est réapproprié, il fonctionne très bien." Et apporte, sans doute, une petite respiration bienvenue aux patients, à leurs proches et aux soignants.

SANDRINE ORDAN (Corse-Matin)